Spawn/Batman : Frank Miller et Todd McFarlane orchestrent une poésie urbaine et brutale

Spawn/Batman Frank Miller Todd McFarlane
(image © DC Comics, Image Comics)

En 1994, l’icône éternelle des comics, Batman, rencontre le phénomène de la décennie, Spawn. Une réunion violente et intense, orchestrée par 2 légendes : Frank Miller et Todd McFarlane. Un crossover fidèle au style de ces auteurs et à leurs approches des personnages. Une (re)découverte.
■ par Ben Wawe

 

Spawn/Batman Frank Miller Todd McFarlane
(image © DC Comics, Image Comics)

 

Le Chevalier Noir et le Rejeton de l’Enfer

Un Batman sombre, violent et sûr de lui quitte Gotham City après une rencontre brutale avec un étrange cyborg, dont la puissance l’inquiète. Il remonte la piste jusqu’à New York, et des enlèvements mystérieux de sans-abris. Le Chevalier Noir rencontre évidemment Spawn, qui vit au milieu des SDF. Al Simmons, soldat piégé et tué, est ressuscité par les enfers pour être leur agent, un « Hellspawn », rejeton de l’enfer. Il s’est révolté et agit alors en antihéros, sec et mortel. Les 2 hommes s’affrontent, Batman fuit blessé et empoisonne légèrement Spawn. Ils se retrouvent à enquêter sur l’organisation « Heal the World », menée par la Dr Margaret Love. Elle est en effet l’agente soviétique Nadia Vladova, rendue folle par les massacres et missions. Elle manipule les autorités et les puissants via des drogues pour pousser à un génocide mondial, avec des troupes cyborgs formées par les SDF torturés. Bon gré, mal gré, les protecteurs de Gotham City et New York s’épaulent… et l’un vient même à littéralement ressusciter l’autre, quand le pire arrive. La nuit mouvementée s’achève avec une bombe nucléaire, et un « cadeau » laissé par Batman à Spawn pour qu’il ne l’oublie jamais.

 

Spawn/Batman Frank Miller Todd McFarlane
(image © DC Comics, Image Comics)

 

Rencontre de 2 icônes et 2 légendes

Le one-shot Batman/Spawn n’est pas seulement la rencontre, en 1994, de 2 icônes absolues du genre comics, tout média confondu. C’est aussi et surtout la réunion de 2 légendes du milieu, qui ont révolutionné l’industrie par leurs créations et leurs décisions. Frank Miller retrouve Batman après Batman : Année Un et Dark Knight Returns, œuvres fondatrices et définitives du personnage, même si des suites interviendront. Frank Miller se tourne vers l’indépendance dans les années 90, notamment Sin City puis 300, avec des travaux sur Robocop. Il revient ici pour collaborer avec DC / Image Comics, et un auteur aussi révolutionnaire : Todd McFarlane. L’ancienne star de Spider-Man lance la série Spawn en 1991 et lui est toujours fidèle, préparant un nouveau film pour cet antihéros à plus de 300 numéros. L’artiste et businessman a diversifié son activité, délaisse maintenant le dessin… mais ce n’est pas encore le cas sur ce one-shot, heureusement.

 

Spawn/Batman Frank Miller Todd McFarlane
(image © DC Comics, Image Comics)

 

Récit direct et efficace

Très rapidement, la lecture de Spawn/Batman fait comprendre que les auteurs ne cherchent pas à transformer les personnages et le genre, ici. Frank Miller livre un récit extrêmement classique, voire même basique. Le Dr Love, dont le nom et l’arsenal nucléaire peuvent rappeler le Dr Folamour de Stanley Kubrick, est une supervilaine interchangeable. L’enquête n’en est même pas une, et le scénariste s’occupe surtout d’opposer Batman et Spawn… qui se tapent dessus comme des chiffonniers. Sans que l’un ou l’autre soit « meilleur », ou ait le dernier mot (quoique Batman a le dernier geste). Brutal mais réjouissant comme plaisir régressif. L’auteur semble chercher surtout une rencontre intense et équilibrée pour les lecteurs, fidèle aux personnages. C’est réussi. (suite de l’article page suivante)

 

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femmes Batman
(image © DC Comics)

 

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