Dark Knight III, intégrale : Frank Miller, le vieux guerrier touché par la sagesse, entre renaissance et autocritique constructive ! [avis]

Batman Dark Knight III
(image © DC Comics)

Frank Miller Returns Again pour le 3e chapitre de sa saga Dark Knight ! Si Dark Knight III n’a pas été aussi bien reçu que le 1er volet de la trilogie, sa réédition en intégrale donne l’occasion d’une relecture plus poussée. Dark Knight III est déjà une histoire particulièrement riche qui en dit finalement beaucoup de Frank Miller, vieux guerrier devenu plus sage !
■ par Ben Wawe

 

Le retour surprise de Frank Miller

En 1986, dans Batman : The Dark Knight Returns, un Bruce Wayne quinquagénaire sort d’une retraite forcée pour combattre une criminalité sauvage, et un Superman à la solde d’élites corrompues. Batman : The Dark Knight Returns, modèle du Batman moderne, est le cri de révolte du jeune Frank Miller face aux crispations de son temps. Batman : The Dark Knight Strikes Again suit en 2001/2002. Batman manipule la Justice League pour sauver le pays. Cette suite divise, par sa provocation pleine du no future des années 90 et un graphisme troublant. L’arrivée de Dark Knight III en 2015-2017 a surpris, notamment parce que Frank Miller est assisté par Brian Azzarello (100 Bullets) au scénario et Andy Kubert (X-Men) aux dessins principaux. Le créateur gère lui-même les récits annexes, qui enrichissent une saga très dense.

 

Batman Dark Knight III
(image © DC Comics)

 

L’extrême menace divine

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La fin de Batman : The Dark Knight Strikes Again sonne la mort de Lex Luthor, grand corrupteur de l’Amérique, et de Dick Grayson, tueur fou de héros – mais aussi la disparition de Batman. Sa réapparition 3 ans après surprend, surtout parce le masque est porté par Carrie Kelley (Robin dans Batman : The Dark Knight Returns, Catgirl dans Batman : The Dark Knight Strikes Again). Bruce Wayne est en effet « trop vieux pour ces conneries » ! La libération par erreur d’extrémistes kryptoniens va mettre le monde à feu et à sang. Notamment parce que Lara, fille de Superman et de Wonder Woman, perdue et sans repère, s’associe à eux. Les survivants de la Justice League tombent, Bruce est forcé de revenir, hélas incapable de gérer ça seul. Un changement de méthode s’impose… Tout comme un bouleversement plus intime du héros.

 

Batman Dark Knight III
(image © DC Comics)

 

Dark Knight III : mêmes thèmes, traitement différent

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À nouveau, le monde est en danger, les élites déçoivent, et les médias de masse abrutissent les foules. Dark Knight III réutilise une narration basée sur des écrans de TV pour acter l’impact des évènements sur les citoyens, dont on voit les échanges par SMS. Frank Miller en profite pour y glisser des charges sociales incisives, notamment sur les talkshows et Donald Trump (qu’on reconnait clairement !). Cependant, Dark Knight III se concentre bien sur cette menace globale de terroristes aux pouvoirs divins. Aucune des tentatives solitaires de Flash, Atom, Green Lantern ou même Batman et Superman n’arrivent à les stopper. Il faut s’unir pour survivre, et la sincérité de cette évidence transpire dans le récit. Frank Miller ne fait pas uniquement plaisir aux fans par quelques associations puissantes. Il dit que, face au pire, seul le collectif peut réussir. Une telle position surprend, mais a du sens pour le héros et son auteur.

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