Dark Knight III, intégrale : Frank Miller, le vieux guerrier touché par la sagesse, entre renaissance et autocritique constructive ! [avis]

 

Batman Dark Knight III
(image © DC Comics)

 

De l’ombre à la lumière

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Dark Knight III
apporte un changement majeur. Batman : The Dark Knight Returns et Batman : The Dark Knight Strikes Again sont des œuvres brutales, sombres. Elles dénoncent les abus du système, et montrent un homme déterminé à faire ce qui est juste, au mépris des lois ; « nous avons toujours été des criminels », y martèle Batman. Dans Dark Knight III, l’heure est au collectif, mais aussi à l’humilité et au pardon. Bruce Wayne ne peut tout gérer seul… face au pire, le sombre Batman n’est pas la réponse. Le monde a besoin de son Superman. Le vieux guerrier Bruce délaisse la rage du révolutionnaire individualiste de Batman : The Dark Knight Returns pour… la confiance. Batman retrouve Superman, pour en refaire le symbole d’espoir dont le monde, et surtout sa fille Lara, ont besoin. La Justice League se reforme et re-fonctionne, collectivement et non plus sur l’impulsion d’un maitre manipulateur. Le seul homme à avoir battu Superman (fameuse phrase de Batman : The Dark Knight Returns) est finalement sauvé par ce dernier, dans une résurrection symbolique qui s’applique également à l’auteur Frank Miller.

 

Batman Dark Knight III
(image © DC Comics)

 

La renaissance apaisée de Frank Miller

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Frank Miller
fait de Batman son avatar ici. Dark Knight III se lit avant tout comme une très bonne BD, car les rebondissements sont de qualité, avec des moments épiques et un graphisme puissant. Mais Dark Knight III est aussi un message de Frank Miller sur lui-même. Connu pour sa réinvention de Daredevil, l’auteur a connu la gloire avec Batman : The Dark Knight Returns, puis Sin City. Certaines prises de position ont assombri sa réputation, et beaucoup l’ont associé à un anarchisme de droite. Dark Knight III prouve que ce discours, impacté par son traumatisme face au 11 septembre, ne tient plus. Les années ont passé, et ses réponses aux crises ne sont plus celles de ses œuvres passées. La réponse au terrorisme est ici collective et constructive, après la provocation sèche et violente de son polémique Holy Terror. L’isolationnisme guerrier de 300 est rejeté par Wonder Woman et ses Amazones, qui se sacrifient pour le monde. Les retrouvailles Batman/Superman sont parallèles au retour de l’encreur Klaus Janson, avec qui Frank Miller s’était brouillé durant The Dark Knight Returns. Mais, surtout, l’Homme d’Acier retrouve sa prestance, et prend la place de Batman dans le cœur du récit… avec la nouvelle génération, dont la place n’a rien d’accessoire.

 

Batman Dark Knight III
(image © DC Comics)

 

Un passage de flambeau

Frank Miller a annoncé une saga prochaine sur Superman, avec John Romita Jr. La boucle serait alors bouclée : son Batman dénonce la faiblesse du Kryptonien dans The Dark Knight Returns, le sauve des chaines imposées par Luthor dans Batman : The Dark Knight Strikes Again, et le pousse à réincarner l’espoir dans Dark Knight III. La gloire glisse de l’un à l’autre, mais surtout le flambeau est passé à la nouvelle génération… incarnée par Lara et de Carrie. Toutes 2 représentaient les failles et psychoses de leurs mentors : Lara n’acceptait pas son humanité en flottant au-dessus du monde constamment, Carrie était une élève-soldate extrêmement dévouée. Dark Knight III change cela : le final montre combien l’avancée des 2 « anciens » impacte positivement la relève. Lara pose enfin le pied sur Terre, et décide de découvrir l’Humanité. Carrie n’est plus l’incarnation de l’âme guerrière de Batman, elle devient son égale, dont il veut apprendre. Un peu comme Frank Miller, qui partage son œuvre avec les stars actuelles que sont Brian Azzarello et Andy Kubert… Pan mineur de la saga pour certains, Dark Knight III a surpris par son orientation moins révolutionnaire et plus classique. Cela ne réduit pas la valeur de cette belle et longue histoire, qui bénéficie d’une très belle édition intégrale chez Urban Comics, avec des bonus fort agréables. Surtout, Dark Knight III dit beaucoup de la légende Frank Miller, qui utilise son œuvre phare pour une renaissance créative en forme d’autocritique constructive. La marque d’un « maitre », toujours combattif, toujours vivant !

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