The Marvels : une comédie d’action convenue avec un trio de super-héroïnes efficace

The Marvels

Après les plus que moyens Black Panther : Wakanda Forever et Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et le rassurant 3e volet des Gardiens de la galaxie, on attendait au tournant The Marvels pour guetter des signes rassurants quant à l’avenir du MCU. Le 33e film de la saga (!) reste dans la moyenne des productions de Marvel Studios, avec quelques scènes surprenantes. Certes pas de quoi convaincre les farouches détracteurs du MCU, mais pas aussi mauvais qu’on le prédisait.
■ par Stéphane Le Troëdec

Rien ne va plus pour Captain Marvel, Miss Marvel et Monica Rambeau : lorsque l’une d’elles utilise ses pouvoirs, les 3 super-héroïnes échangent leur place ! Pas facile alors pour Captain Marvel alias Carol Danvers de mener à bien sa nouvelle mission : enquêter sur un mystérieux pic d’énergie à l’autre bout de l’univers. En réalité, ce phénomène est causé par Dar-Benn, la nouvelle impératrice des kree, bien décidée à rétablir son empire depuis que Captain Marvel y a fait le ménage des décennies plus tôt. Dar-Benn convoite deux bracelets extra-terrestres… dont un est possédé par la jeune Kamala, alias Miss Marvel, fan absolue de Captain Marvel. Les 3 superhéroïnes vont devoir joindre leurs forces si elles veulent vaincre Dar-Benn…

WandaVision et Miss Marvel : des séries complémentaires mais pas indispensables

En 2021, la série de Disney+ WandaVision initiait la nouvelle stratégie multimédia de Marvel Studios : une complémentarité forte entre le grand et le petit écran. The Marvels est probablement le film du MCU qui joue le plus la carte de cette « imbrication ». Si Captain Marvel apparaissait dans le film homonyme (puis quelques minutes seulement dans d’autres films), Miss Marvel et Monica Rambeau viennent du petit écran. Il était donc curieux de voir si les scénaristes allaient réussir à rendre leur rencontre digeste pour celles et ceux qui n’avaient pas suivi leurs histoires sur la plateforme de streaming. Force est de constater que le mélange fonctionne bien. Il n’est pas indispensable d’avoir vu les séries WandaVision et Miss Marvel pour suivre The Marvels. Les scénaristes font l’effort de rappeler les tenants et aboutissants nécessaires. Bien entendu, avoir suivi les 2 séries est un plus, et éclaircira certains points de l’intrigue. Mais peut-on imaginer commencer le MCU par le 33e film (sans compter les séries) et regretter de ne pas comprendre toutes les subtilités ?

Une recette éprouvée et convenue

Avec 33 films au compteur et pour une bonne partie des succès au box-office, Marvel Studios n’avait pas l’intention de faire varier sa recette, sa formule. On ne vous fera donc pas croire que The Marvels marque un bouleversement. Si vous n’aimiez pas la recette de Kevin Feige, le grand manitou du MCU, ce n’est certainement pas The Marvels qui vous convaincra. On y retrouve donc une formule classique de comédie et d’action. Une formule banale et convenue. Avec pour originalité d’avoir ici un trio de superhéroïnes fonctionnant en mode buddy-movie. En gros, au début du film, le trio est clairement dysfonctionnel, et ce, bien au-delà du problème de permutation. Comprendre que la réunion des « Merveilles » ne se fait pas dans la joie. Car d’une manière ou d’une autre, Captain Marvel a des comptes à rendre, et ça on ne l’avait pas forcément vue venir.

Captain Marvel a des comptes à rendre

L’une des facettes surprenantes de The Marvels, c’est la façon dont l’héroïne Captain Marvel doit rendre des comptes. Le film nous explique ce qu’il s’est passé sur Hala, planète mère des Kree, après les évènements du film Captain Marvel. À la fin de ce dernier, Carol Danvers promettait de venir faire le ménage. Problème : elle l’a bien fait, mais sans aucune subtilité. Résultat : les krees sont maintenant un peuple affaibli, et Dar-Benn, leur meneuse, rêve de se venger de Carol Danvers, qu’ils appellent depuis « L’Annihilatrice ». Ambiance. À un niveau plus intime, Carol doit aussi rendre des comptes à Monica Rambeau, la fille de son amie, aperçue dans le film Captain Marvel. Car Carol avait promis à la jeune Monica de revenir sur Terre. Sauf que très occupée, elle a carrément délaissé la jeune fille, qui elle n’a pas oublié sa promesse. On n’ira pas jusqu’à dire que The Marvels explore la face sombre de Captain Marvel, ce serait exagéré. Mais le film propose une vision plus nuancée de l’héroïne qu’on n’aurait pu le penser.

Miss Marvel, pétillante Kamala

Pour contrebalancer cet aspect, les scénaristes traitent Miss Marvel de manière plus légère : rappelons que la jeune Kamala Kahn est une admiratrice absolue de Carol Danvers. L’actrice Iman Velanni prend un malin plaisir à camper la fan boy, et sa bonne humeur apporte une touche de gaité et d’humour très bien venue, qui contrebalance l’ambiance un peu plus lourde qui règne entre Carol et Monica. Sa place de benjamine de l’équipe installe Miss Marvel comme un personnage qui doit trouver sa place parmi les 2 autres plus expérimentées. À l’issue de The Marvels, elle aura plusieurs fois l’occasion de démontrer sa pugnacité et sa puissance. La toute dernière scène ne laisse d’ailleurs aucun doute à ce sujet.

Et les garçons, dans tout ça, hum ?

Les machos vont râler : on l’aura compris, il n’y a pas beaucoup de place pour les hommes dans The Marvels ! Ici, les héroïnes et l’antagoniste sont des femmes. Tout au plus, il faut se contenter du peu viril prince Yan (Park Seo-joon), époux « caché » de Carol ; ou d’un papy Fury bedonnant et grand amateur de chatons. Autant dire que le taux de testostérone est au plus bas ! Cela a valu à The Marvels une campagne de dénigrement de la part de réactionnaires qui ne jurent que par des héros musculeux. Et si ce girlpower rafraichissant est un souci pour vous (mais pourquoi être allé voir The Marvels dans ce cas ?), ne vous inquiétez pas : les superhéros ne tarderont pas à poindre leur bout de muscle dans le MCU très bientôt. ■




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.