Batman Metal, tome 3 : la conclusion brouillonne d’un crossover épique [critique]

(image © DC Comics)

Curieuse sensation en refermant le 3e et dernier tome de Batman : Metal ! Celle d’avoir assisté à la conclusion épique d’un event ambitieux mais qui n’a pas su totalement réaliser son potentiel.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

 

Les Chevaliers Noirs de Barbathos ont surgi du Multivers Noir pour envahir le Multivers. Partis en éclaireurs, Batman et Superman ont été capturé par Barbatos. Tous les espoirs reposent donc sur les épaules des autres super-héros de la Justice League. Leur seule solution ? Réunir les différents fragments des métaux mystiques, qui leur assureraient la victoire sur Barbatos et ses sbires. S’ils échouent, le Multivers s’écroulera…

 

 

Batman Metal tome 3 (image © DC Comics)

 

Une intrigue brouillonne

Aussi épique et jouissif que soit Batman : Metal, ce tome 3 accuse le coup et souligne les limites d’un Scott Snyder pas forcément très à son aise. Ne pas se fier au titre français (Batman : Metal) qui laisse entendre qu’il s’agit d’une saga centrée sur le Chevalier Noir de Gotham. Car c’est bien tout le gratin de l’univers DC qui se retrouve dans cette saga cosmique particulièrement ambitieuse. Trop, peut-être. Scott Snyder nous perd par moment dans les méandres d’une histoire qui donne le sentiment de ne pas être maîtrisée. Du coup, on referme ce tome 3 avec l’impression que tout n’était pas très clair. Pire encore : les différents Chevaliers Noirs de Barbatos étaient le point fort du précédent tome. Malheureusement, Scott Snyder dilapide énormément le potentiel de ces personnages pour n’en faire au final que de banals adversaires. Même la confrontation entre « notre » Batman et le « Batman qui rit » manque de relief (et ce n’est pas faute d’avoir invité une figure du Batverse…). Que dire aussi de Barbatos, que S. Snyder résume au final à un grand vilain qui ricane un peu tout seul dans le vide (avant de se faire avoir un peu bêtement) ? Dans le même ordre d’idée, Scott Snyder n’arrive jamais à créer un sentiment d’urgence : des mondes sont en court de destruction, mais les super-héros n’ont pas l’air plus affectés que ça (je pense à leurs proches, par exemple, jamais évoqués). Tout se déroule comme si Scott Snyder était finalement submergé par ses (souvent bonnes) idées et qu’il n’arrivait pas à canaliser correctement ce déferlement d’action et de révélations. Même la fin de Batman : Metal laissera le lecteur dans l’expectative, avec les destins de certains personnages pas vraiment explicités (rassurez-vous, les séries dérivées arrivent, mais bon…).

 

Batman Metal tome 3 (image © DC Comics)

 

Un crossover épique et cosmique

Alors que reste-t-il à cette conclusion de Batman : Metal ? Pas mal d’action tout de même et le sentiment d’assister à une énorme épopée. Passées les réserves que j’émets précédemment, Batman : Metal s’avère agréable par son côté énorme. La saga se savoure encore mieux si vous la lisez juste après Final Crisis ou Multiversity (coup de chance, ces histoires sont disponibles chez Urban Comics). Batman : Metal se déroule à un niveau macro globalement impressionnant, qui ouvre certaines possibilités étourdissantes et  potentiellement passionnantes. Autre point positif : les scènes d’action ! Disons que Batman : Metal offre son lot de moments impressionnants. Scott Snyder offre à chaque personnage son petit moment de gloire, à l’image d’un Plastic Man dans un rôle assez inattendu (par son importance). Disons que si vous aimez les récits cosmiques qui se déroulent sur de grandes échelles, Batman : Metal vous réserve quelques moments type montagnes russes très agréables pour peu, je me répète, qu’on accepte un certain flou artistique.

 

Batman Metal tome 3 (image © DC Comics)

 

Greg Capullo, le sauveur ?

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Ce n’est pas une surprise, on l’attendait, mais il faut reconnaître encore fois que Greg Capullo est un artiste ô combien précieux sur ce type de projet. Pas sûr que le run de Snyder sur Batman ait été aussi apprécié sans Capullo aux dessins. Dans la dernière ligne droite de Batman : Metal, on peut dire qu’il réussit à donner forme aux idées de Scott Snyder avec une efficacité redoutable. Un sans faute ? Pas tout à fait. À l’image de Scott Snyder, le dessinateur paraît par moment un peu perdu dans cette déferlante. Surtout qu’il ne se prive jamais de caler quelques persos en forme de clin d’œil dans les décors. Et par moment, sur quelques planches, on se demande tout de même si le focus se fait au bon endroit, si c’est bien tel perso qu’il fallait mettre en avant. Problème de communication entre le dessinateur et son scénariste ? Deadlines serrées ? Sinon, dans les différentes histoires annexes, les dessinateurs assurent eux aussi de jolis visuels qui font que ces ties in ne dépareillent pas dans ce Batman : Metal tome 3, au final un peu en demi-teinte. ■

Couverture de Batman Metal tome 3 (image © Urban Comics)




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.