La Sorcière Rouge, tome 1 : un comics solo pour une nouvelle Wanda

Sorcière Rouge tome 1

La Sorcière Rouge revient dans une série solo, une « dernière porte » qui constitue un bon point d’entrée pour les néophytes, tout développant une nouvelle facette du personnage.


Au fil des films du MCU, la Sorcière Rouge a fini par devenir populaire au point que Marvel Studios lui a consacré une série dédiée, véritable succès public et critique. Il aura fallu le temps : Marvel Comics s’est décidé à profiter de cet engouement pour installer la Sorcière Rouge dans un nouvel environnement.

Après les évènements mouvementés sur l’île des mutants de Krakoa, la Sorcière Rouge s’installe à Lotkill, une bourgade de New-York, comme gérante de l’Emporium, magasin de livres de sorcellerie. Pour la seconder, Wanda n’est pas du genre à rester derrière un comptoir, elle a embauché la journaliste Darcy Lewis. Mais surtout, l’arrière-salle de l’Emporium dissimule la Dernière Porte. Ce portail magique repère les personnes les plus désespérées pour les guider jusqu’à Wanda qui ne demande qu’à les aider. Une façon pour elle de se reconstruire en mettant ses pouvoirs aussi service des plus démunis. Et justement une jeune femme italienne franchit la Dernière Porte : sa ville est tombée sous l’emprise du Corrupteur. Les pouvoirs de la Sorcière Rouge seront-ils suffisants pour vaincre cet adversaire ?

La Sorcière Rouge vous accueille dans sa boutique, l’Emporium

Au début du tome 1 de La Sorcière Rouge, le scénariste Steve Orlando installe une formule simple et efficace : l’adversaire du mois. L’idée de cette Dernière Porte permet de justifier qu’à chaque épisode, une nouvelle menace surgit, menace que Wanda va tenter de calmer. Un fil rouge se dessine tout de même à travers une mystérieuse pierre qui résiste aux pouvoirs de l’héroïne. Ce principe permet de rythmer la série, avec un cas surnaturel à chaque nouvel épisode ou presque. Seuls les épisodes 4 et 5 font exceptions à ce principe, puisque l’intrigue sur 2 épisodes, développant un peu le passé de Darcy Lewis.

Une série pour les nouveaux lecteurs

Cette simplicité rend du coup la série accessible aux néophytes. Darcy Lewis, qui a été créée au cinéma dans les films Thor avant de revenir dans la série tv Wandavision, fait ici une 1re apparition logique dans les comics avec une version légèrement remaniée. De plus Steve Orlando fait appel à des personnages oubliés de la plupart des lecteurs comme Le Corrupteur, Dr Hydro ou Insomnia, ou à des ennemis de son invention, comme Scythia, la championne des Bacchantes, ersatz de la Wonder Woman de DC Comics (ou plutôt d’Artemis). Enfin, le casting n’oublie pas la famille de la Sorcière Rouge, sans trop insister sur son arbre généalogique compliqué à appréhender. Vif-Argent a droit bien entendu à son apparition, tout comme Polaris, la « sœur » de Wanda ou même Vivian Vision qu’on peut considérer comme sa fille d’une certaine manière (j’avais bien dit que l’arbre généalogique peut être compliqué chez la Sorcière Rouge…).

La Sorcière Rouge se reconstruit

Ce que j’aime beaucoup dans le travail de Steve Orlando sur ces premiers épisodes de La Sorcière Rouge, c’est qu’il la décrit comme une femme qui a fait des erreurs mais qui se reconstruit. Wanda Maximoff combat ses peurs, ses fragilités, et son instabilité. Elle est sur le chemin de la rédemption, de la paix intérieure et elle compte bien ne plus se laisser manipuler, ne plus être submergée par la puissance de ses pouvoirs (clichés trop souvent utilisés par le passé sur ce personnage). Du coup, Steve Orlando la dépeint comme une femme qui reprend le dessus sur elle-même et les autres, dans une ambiance positive.

Une surpuissance fatale ?

Par contre, il y a un autre aspect que Steve Orlando gère beaucoup moins bien : la puissance de l’héroïne. La Sorcière Rouge a des pouvoirs si costauds qu’on voit mal qui pourrait lui résister. Comme les ennemis de ces 1ers épisodes sont des vilains oubliés, cela renforce ce sentiment, d’autant plus que Wanda en vient facilement à bout. Même une adversaire plus « physique » et bourrine comme Scythia ne fait pas le poids face aux pouvoirs de la Sorcière Rouge. Si bien que je vois mal comment Steve Orlando va maintenir l’intérêt avec une héroïne qui gagne à chaque fois d’un claquement de doigts.

Sara Pichelli et Russel Dauterman assurent une partie graphique de toute beauté

Heureusement les dessins sont une réussite de bout en bout. La dessinatrice Sara Pichelli, qu’on n’avait pas revu depuis quelques temps, assure 4 épisodes d’affilés. Sous son crayon, les personnages sont expressifs et son style convient bien à l’intrigue. Wanda n’est plus hypersexualisée comme elle a pu l’être par le passé. Sara Pichelli s’offre même un très bel épisode composé essentiellement de pleines pages dans une jolie ambiance fantasy. Elle laisse les rennes de la série le temps d’un épisode à Russell Dauterman, un artiste rare sur un épisode complet depuis l’event War of the Realms. Aujourd’hui il se consacre essentiellement aux couvertures (qu’il réalise sur cette série). Le nouveau costume de Wanda reprend d’ailleurs le design de celui que Dauterman avait imaginé pour le Hellfire Gala de l’île de Krakoa. Son épisode, le cinquième et dernier du tome 1, fait la part belle à l’action, puisqu’on assiste au combat final entre Wanda et Scythia. J’aime beaucoup Dauterman et donc je trouve l’épisode magnifique.

Stéphane Le Troëdec

Globalement, ce tome 1 des nouvelles aventures en solo de la Sorcière Rouge est une réussite. On enchaîne avec plaisir les épisodes. La série a du potentiel, servie par des artistes de qualité. J’ai toutefois deux inquiétudes : Sara Pichelli tiendra-t-elle le rythme mensuel ? Et la puissance de la Sorcière Rouge n’est-elle pas une des limites de la série ? Rendez-vous dans le tome 2.




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.