Voici donc le comics qui a inspiré la série tv Les Nouvelles Aventures de Sabrina diffusée sur Netflix. Roberto Aguirre-Sacasa et Robert Hack bouscule le personnage de Sabrina l’apprentie sorcière pour en faire une vraie histoire d’épouvante dans une ambiance inspirée des classiques du cinéma de genre des années 70. Une métamorphose réussie.
■ par Stéphane Le Troëdec
1951, dans le Massachussetts. Edward Théodore Spellman, un puissant sorcier, s’est mariée avec un seul objectif en tête : lui faire un enfant pour en faire plus tard un réceptacle pour Satan. Cet enfant, c’est Sabrina. Mais la petite fille se retrouve rapidement orpheline : sa mère faite internée dans un asile psychiatrique par Edward avant que lui-même ne disparaisse dans des circonstances mystérieuses sans réussir à invoquer le Diable. La petite Sabrina Spellman est élevée par 2 tantes, Hilda et Zelda. Les 2 femmes sont elles aussi sorcières et apprennent à la petite fille à se servir de ses pouvoirs. Mais les rumeurs insistantes sur la famille Spellman amènent l’étrange trio à déménager à Greendale. Hilda, Zelda et Sabrina peuvent ainsi démarrer une nouvelle vie. Et dans la plus grande discrétion, elles espèrent installer un nouveau sabbat. Sabrina, devenue une belle jeune fille, profite de sa nouvelle vie d’étudiante. Seulement, une menace inattendue surgit du passé. Car avant de se marier à Diana, Edward Spellman, a eu une relation avec Lola, qui s’est suicidé en apprenant l’infidélité de son amant. Revenue d’entre les morts, Lola, surnommée « Madame Satan », compte bien se venger d’Edward à Sabrina…
Une ambiance graphique étonnante
Avant de parler de l’intrigue de ces Nouvelles Aventures de Sabrina, arrêtons-nous un instant sur l’aspect graphique très particulier de la série. Car le dessinateur Robert Hack fait un choix visuel très fort. Les Nouvelles Aventures de Sabrina ne cherche jamais à « faire moderne », bien au contraire. Robert Hack choisit de créer un aspect qui rappelle les vieux comics, voire les vieilles bandes-dessinées anglaises comme Misty par exemple. Le papier des planches est par endroit jauni, parfois tâché ou griffé pour donner l’impression qu’on feuillète un vieux comics. Robert Hack donne à son travail une « patine » spéciale. Chaque planche est entièrement recouverte d’une texture orangée, comme répandue au pinceau sur toute la page, les décors mais aussi les visages. Cela donne un cachet étonnant à ces Nouvelles Aventures de Sabrina qui baigne dans une ambiance particulièrement saisissante. Et qui se démarque du tout venant des comics mainstream, supportant sans problème la comparaison à un titre comme Black Magik.
Une modernisation subtile de Sabrina la petite sorcière
Les Nouvelles Aventures de Sabrina reprend un personnage très populaire de l’éditeur Archie Comics dans une version moderne du personnage de la jeune sorcière. Mais le travail est particulièrement subtil. Oubliez l’ambiance Happy Days de l’univers d’Archie et sa bande (qui font une apparition éclair). On retrouve bien les personnages comme Betty et Veronica mais elles sont transformées en nécromanciennes. Couverte de sang, Sabrina participe à des rituels sataniques, avec sacrifices animaliers à la clé : on repassera pour le personnage « gentil » de la série Sabrina l’apprentie sorcière ! Même son chat parlant, Salem, n’est pas avare de remarques incisives. Pour preuve de ces changements, Les Nouvelles Aventures de Sabrina se permet carrément des fulgurances horrifiques ou gore parfaitement dans le ton global du titre.
Madame Satan
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S’il y a un personnage qui volerait presque la vedette à Sabrina, c’est celui de Madame Satan. Son design est saisissant, avec ses 2 crânes enfoncés dans les orbites. Chacune de ses apparitions est une réussite. Dès qu’elle surgit dans l’histoire, Les Nouvelles Aventures de Sabrina prend une tournure très agréable. Le personnage s’installe progressivement dans l’entourage de Sabrina, remplaçant une de ses enseignantes du lycée (qu’elle a, bien entendu, froidement assassiné). Tel un poison, Madame Satan envenime discrètement le quotidien de l’héroïne.
Des références cinématographiques
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Avec les différentes couvertures des Nouvelles Aventures de Sabrina, Roberto Aguirre-Sacasa donne des indices sur les influences de sa série. Des références cinématographiques qui fournissent les clés pour comprendre l’ambiance voulue par les auteurs. Les couvertures détournent ainsi les très 70’s Carrie et Creepshow ou bien Häxan, un film de sorcières suédois de 1922. Les amateurs de films de peur apprécieront les clins d’œil. On imagine sans mal qu’on pourrait y ajouter Rosemary’s Baby ou le plus méconnu La Petite Fille au bout du chemin. Beaucoup plus proche de nous, on pense aussi beaucoup à la saison 3 de la série American Horror Story. On a connu pire références. ■
Les Nouvelles Aventures de Sabrina est un comics publié en France chez Glénat.
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(image © Netflix)