Ah, les belles années 70/80 au Royaume-Uni, avec ses mouvements de contre-culture tout azimuts ! On osait des choses et même des fictions pour les jeunes femmes, une époque de visionnaire !
■ Par Dragnir
Des récits angoissants à souhait
Une douce jeune fille nommée Rosemary Black a une adolescence des plus difficile. Il y a tout d’abord sa mère qui refuse de vivre avec les commodités de son époque et maltraite l’adolescente n’hésitant pas a la molester à coups de canne . Et puis il y a le collège où Norma et sa bande ne cesse de harceler la pauvre Rosemary… Non, vraiment, la vie n’est pas facile pour elle et ça ne va pas s’arranger. Elle s’aperçoit qu’elle porte une marque sur le front en forme de lune et pour couronner le tout, elle se découvre des pouvoirs de télékinésie…
Une anthologie par de grands auteurs
Ce n’est qu’une des cinq nouvelles dont nous faisons le résumé ici et chacune d’elle est plus troublante que l’autre ! Que l’on parle de dimension parallèle avec une Angleterre sous le joug nazi ou de jeune femme au passé multiple, ce recueil démontre le génie des auteurs de l’époque qui savaient bâtir des trames originales et fascinantes ! C’est le grand Pat Mills , énorme plume britannique à qui l’on doit Marshall Law, Slaine ou encore Requiem chevalier vampire, qui lance en 1978 Misty, un « comics girl » qui va devenir cultissime outre-manche. L’objectif était en effet de proposer aux jeunes filles des contes fantastiques où elles pourraient aisément s’identifier. À une époque où les parutions s’adressaient majoritairement à un public masculin, c’était une prise de risque assez folle. Et pourtant le succès fut au rendez vous au delà même du lectorat féminin visé à la base.
Originale et classique
Misty s’inscrit dans cette mouvance de l’époque dont sont issues Stephen King ou Clive Baker mais avec une tonalité très britannique et beaucoup moins horrifique et c’est là tout l’intérêt de la chose. Cette œuvre ne nous propose pas une énième version des Contes de la crypte mais bien une série qui réussit l’exploit de faire original avec des sujets finalement assez classiques. C’est bien souvent de cette façon que les auteurs de talent se distinguent. Et quand en plus de cela, les dits auteurs sont épaulés par des artistes de talents au traits aiguisés et qui s’expriment en noir et blanc avec une maestria certaine, cela donne une réalisation presque cinématographique et façon roman noir qui met en place cette ambiance si particulière.
Ajoutons à cela que l’éditeur français, Délirium, nous offre comme à son habitude un écrin splendide aux finitions soignées qui font de ce livre bien plus que cela justement : c’est un superbe objet de collection digne des plus belles bibliothèques d’amateurs de comics.
C’est donc un gros coup de cœur qui fleure bon le pudding et l’angoisse, un indispensable pour les amoureux des comics d’outre-Manche.