Avec Un Putain de salopard, Régis Loisel et Olivier Pont livrent un thriller, non dénué d’humour, où les histoires de famille se mêlent aux dessous d’un des grands programmes de déboisement de l’Amazonie à l’époque de la dictature brésilienne.
■ par Mad Monkey
Début des années 70, Max vient d’enterrer sa mère et découvre dans ses affaires 2 photos sur lesquelles il se voit enfant avec elle et un autre homme. Ou plutôt 2 hommes puisqu’il y en a un différent sur chaque image. Espérant que l’un de ses hommes soit son père, dont il ne sait rien, il décide de se rendre là où elles ont été prises en espérant y trouver des informations. Voilà donc le jeune homme, assez naïf et mal préparé, parti pour le fin fond de la forêt amazonienne dans une petite ville à proximité des campements de forestiers. Là-bas il va s’acoquiner avec 3 infirmières dont 2 viennent de débarquer pour s’occuper d’un dispensaire. Notre petit groupe de français va alors découvrir ce que vivre dans une région aussi isolée peut vouloir dire. Et cet apprentissage sera loin d’être de tout repos…
La dureté d’un monde sauvage
Un Putain de salopard commence en 1972 dans la petite ville brésilienne de Kalimboantao, c’est l’époque de la dictature militaire et le début d’une grande campagne de déforestation pour construire la route transamazonienne. C’est de ce point de départ que Régis Loisel et Olivier Pont nous font pénétrer vers le cœur de la jungle. Mais ce qu’ils nous montrent c’est une Amazonie loin de l’exotisme des cartes postales et des circuits touristiques. La ville est modeste et la forêt peut se révéler cruelle. Mais le principal danger reste l’homme. La violence et la loi du plus fort sont en effet bien présentes à l’approche des camps de forestiers. Et quand je parle de violence, je ne parle pas de bagarres sur le chantier. Je parle de meurtre, de trafic et de réseaux de prostitution forcée pour distraire des ouvriers aux conditions de travail dangereuses.
Une forêt pleine de lumière
Malgré tout il ne faudrait pas croire qu’Un Putain de salopard est dénué d’humour, bien au contraire. Le récit respire grâce à la candeur de Max et à l’enthousiasme du trio de françaises. Mais aussi au travers des galères que vont endurer nos héros qui, malheureusement pour eux, sont quand même assez mal préparés à cet environnement. De plus, le trait clair et expressif d’Olivier Pont, ainsi que les couleurs chaleureuses de François Lapierre, mettent en valeur ce monde sauvage en nous offrant des environnements variés. Et cela tout en rendant immédiatement sympathique et vivant les personnages.
En conclusion
Avec Un Putain de Salopard, Régis Loisel et Olivier Pont nous offre un bel album doté d’un scénario travaillé et qui promet de s’enrichir encore à l’avenir. Un album où l’histoire intime des personnages nous fait découvrir une partie sombre et méconnue de l’histoire amazonienne. ■
Un Putain De Salopard, tome 1 est publié chez Rue de Sèvres.