Dans les comics il y a des capes, des masques et des héros plein de bons sentiments. Mais il y a aussi des ovnis ! Des livres qui nous proposent des récits de déglingos et de grande qualité s’il vous plaît !
■ par Dragnir
Airboy
Première image : l’auteur lui-même en train démouler une gaufre à la praline sur des waters douteux. C’est comme ça que débute l’excellentissime Airboy écrit par James Robinson et dessiné par Greg Hinkle. Alors je dis attention, on est dans la crudité hirsute : c’est qu’il y a de la ziquette à l’air et les gars se poudrent le nez à en faire pâlir Kate Moss. Donc côté originalité, on est sur un splendide OVNI que ne renierait pas Giorgio Tsoukalos !
En gros, l’auteur se met en scène avec son dessinateur dans la création d’un comics qui l’inspire autant que la pauvreté inspire les banques luxembourgeoises, en l’occurrence Airboy. Et l’ami James il est comme tout le monde, quand il ne trouve pas l’inspiration il se colle une cuite à en déchausser les prémolaires façon Very Bad Trip. Seulement voilà, après une nuit de sex, drug and drug again, voilà t’y pas que le héros leur apparaît en vrai de vrai ! Et c’est là que ça barre en roustonerie !
Robinson nous livre une autocritique sans concessions et nous énonce les doutes qui se sont emparés de lui face à sa perte de créativité. Le gars a souffert et s’il lui prenait l’envie de se refroidir la cafetière avec du plomb, ce livre serait son testament.
Il nous brosse aussi un portrait inquiétant du monde de l’édition qui apparaît pour ce qu’il est ; une industrie qui finalement fait peu de cas de l’artiste. C’est drôle et triste, c’est tout simplement un sacré chef-d’œuvre qui casse des codes ou mieux encore nous les fout dans la truffe. Le comics, ce n’est pas sale mais rappelons-nous que c’est sur les grosses bouses de vache que fleurissent les plus belles fleurs… Et les champis hallucinogènes aussi.
► En VF aux éditions Jungle
The Goon
The Goon, c’est le croisement entre la Famille Adams, Hellboy et Les Affranchis. Imaginez des années 30 dans lesquelles les zombies, les vampires, les loups garous et autres joyeusetés horribles vivent parmi nous et même sont presque intégrées. Dans ce charmant paysage à la fois glauque mais bien drôle, il y a une ville dans laquelle la guerre fait rage entre un gang de zombies et un mafioso mystérieux. Celui-ci aurait bien du mal à tenir son territoire s’il n’avait pas « The Goon » !
The Goon, c’est le gros bras. Par définition, massif, violent et redouté de tous. Toujours accompagné de Francky, son petit pote qui a une fâcheuse tendance à planter des couteaux dans les yeux des gens qu’il n’aime pas. Au premier abord, on se dit que The Goon est un gros con de mafieux avec une légère ressemblance côté intransigeance violente avec Lobo (mais le vrai, pas celui du New 52). Mais plus on creuse et plus on s’aperçoit que le personnage est plus profond que ça dans un monde plus profond que ça. Et ce récit assez humoristique à la base se teinte peu à peu d’une certaine dramaturgie au point où ce rustre de Goon devient attachant, touchant.
Alors c’est violent mais pas que, drôle mais pas que. On doit l’œuvre à Eric Powell qui scénarise et dessine son zoli bébé. Le trait de l’artiste me rappelle un peu les travaux de Bisley sur Lobo mais en plus cartonny qui donne à l’ensemble la touche d’humour qui frappe juste. Pour les récits, on sent quand même pas mal l’influence du Hellboy de Mignola. L’artiste viendra d’ailleurs faire un coucou à l’occasion d’un crossover. Alors franchement si vous avez des envies d’humour noir dans un monde déjanté, n’hésitez pas à vous frotter à The Goon. Et si vous aimez Eric Powell, lisez ma critique de Hillbilly, son dernier comics très dark fantasy.
► En VF aux éditions Delcourt