Avec L’intégrale Amazing Spider-Man 1986 Tom De Falco et Ron Frenz concluent ce qui est sans doute une des meilleures périodes de la série : un combat titanesque entre Spider-Man et le Super-Bouffon ! Hélas, plusieurs différents éditoriaux minent la qualité de leur travail. La conclusion de certaines intrigues laissent un gout amer, notamment celle sur l’identité du Super-Bouffon.
■ par Fletcher Arrowsmith
L’intégrale Amazing Spider-Man 1986 est une excellente lecture. Ces épisodes composant sont passionnants et les auteurs développent autant les intrigues liées à Spider-Man que celles de son alter ego, Peter Parker, à l’instar de séquence déroulant le fil de la vie pour le meilleur et pour le pire. C’est aussi le point artistique culminant de l’affrontement entre Spider-Man et le Super-Bouffon.
Une année 1986 bien remplie
En 1986, Peter Parker alias Spider-Man affronte certains de ces plus grands adversaires. Pendant une majeure partie de l’année, le Tisseur de toile combat le Super-Bouffon, ce qui aboutit à la révélation de l’identité de l’homme derrière le masque et ses terribles conséquences sur la vie de Peter Parker. Entre temps, la série Amazing Spider-Man intègre la fin des Guerres Secrètes II où, bien malgré lui, Spider-Man va être victime des machinations du Beyonder. Dans les derniers mois de 1986, Spidey ne chôme pas : il affronte 2 nouveaux groupes, le Sinistre Syndicat et X-Factor, puis se retrouve face à Titania et l’Homme Absorbant. Rien de simple non plus dans la vie de Peter Parker qui se rapproche de plus en plus de Mary Jane Watson et qui voit ses amis les plus proches s’entredéchirer. L’annual met en scène une création de Tom DeFalco tout droit venu du futur, Iron Man 2020, apparu pour la 1re fois dans la minisérie Machine Man.
L’identité du Super-Bouffon dévoilé
La majeure partie de l’année 1986 fait la part belle à l’affrontement entre Spider-Man et le Super-Bouffon. Tom DeFalco prend le relai de Roger Stern qui l’avait briefé sur ce qu’il avait en tête quand il a créé le supervilain. À une époque où la résurrection n’est pas encore à la mode (quoi qu’on a déjà droit au retour de Jean Grey la même année…), le Super-Bouffon prend la place jadis occupé par le Bouffon Vert et cela de manière crédible. Depuis son apparition, les scénaristes jouent avec son identité jusque-là resté secrète. Et Tom DeFalco semble s’amuser à trimbaler le lecteur dans des fausses pistes. Le scénariste introduit un coup de théâtre spectaculaire qui va bouleverser la vie de Peter Parker et encore plus semer le doute sur l’identité du Super-Bouffon. Mais Tom DeFalco connait des démêlée avec son éditeur. Son départ annoncé de la série semble influer sur les projets que Roger Stern et lui qu’avaient en tête. D’ailleurs la résolution de ce mystère, arrive dès l’année suivante, laissant bien des interrogations devant tant de précipitation. Preuve en est qu’il faudra un numéro spécial et pas un épisode de la série phare Amazing Spider-Man, pour nous dévoiler qui est réellement le Super-Boufon. Pire, en 1997, Roger Stern revient dans une minisérie, Hobgoblin lives, dessinée par également Ron Frenz pour remettre les pendules à l’heure et contredire ce que l’on avait cru jusqu’à alors. Je ne vous cache pas que malgré la qualité d’écriture de Roger Stern et Tom DeFalco bien des incohérences vont subsister. Mais en 1986 on est encore loin de tout cela et l’affrontement concocté par Tom DeFalco et Ron Frenz tient toutes ses promesses. Il serait dommage de passer à coté dans ce qui restera un des grands moments de la vie de Spider-Man.
Spider-Man est il un mutant ?
Il y a quelques mois, Panini a publié la 1re intégrale X-Factor consacré à 1986. Les épisodes d’Amazing spider-Man de la présente intégrale y font écho lors d’une rencontre entre nos Spidey et l’équipe de « chasseurs » de mutants. L’idée de Tom DeFalco est séduisante pour imposer la présence des anciens X-Men dans l’univers Marvel. Le pitch joue à la fois sur l’animosité de JJ Jameson envers Spider-Man mais également sur l’interrogation légitime de l’origine des pouvoirs du Tisseur de toile et leur perception par le public. Spider-Man est il un mutant ? En pleine paranoïa anti mutants, Spider-Man se retrouve pourchassé par les chasseurs de mutants qui sont en fait d’anciens alliés. Cet épisode démontre tout le sel d’un univers partagé, une des forces de Marvel à l’époque. Les personnages se croisent de manière crédible et logique sans que le lecteur soit déstabilisé. Et ici cela donne un excellent numéro, parfaitement dessiné par Rick Leonardi et encré par un certain Bob Layton, le scénariste de X-Factor.
Iron Man 2020 comme tête d’affiche
Le 20e annual de la série, présenté dans cette intégrale Amazing Spider-Man 1986, a déjà été publiée en France en 1990 dans Strange Spécial Origine. Curieusement, bien que mettant en scène Iron Man 2020, une création de Tom DeFalco, le scénariste n’intervient pas dans cet épisode. Ceux qui ne connaissent pas ce personnage antipathique risquent ne pas avoir spécialement d’appétence. Les autres verront leur joie gâchée par l’ennui. La réalisation de cet annual, surfant sur le scénario de Terminator, est confiée à des inconnus, Fred Schiller et Ken McDonald qui n’ont pas laissé une empreinte indélébile dans le monde des comics. Finalement, la lecture laisse une impression de rendez-vous gâché et de potentiel inexploité. Pour ceux qui souhaite lire une bonne histoire avec Iron Man 2020 je ne peux que vous conseiller de vous procurer la mini-série Machine Man écrite par un Tom DeFalco inspiré et sublimée par les dessins de Herb Trimpe et surtout Barry Windsor Smith.
Des aventures très variées avec des invités de choix
Dans l’intégrale Amazing Spider-Man 1986, les caractères des personnages se révèlent complexes. À l’époque, en plus de la série Amazing Spider-Man, Spider-Man fait l’objet de 2 autres titres réguliers : Peter Parker Spectacular Spider-Man et Web of Spider-Man. Et à l’époque le travail éditorial, bien que casse-tête, est de qualité. Les séries sont toutes liées entre elles sans que le lecteur soit perdu avec des renvoie expliquant les diverses situations. Une véritable « toile » où Spider-Man vit des aventures passionnantes tandis que la vie de Peter Parker, loser attachant, se complique un peu plus à chaque fois dans un quotidien cruel de réalisme. Tom DeFalco n’oublie jamais de traiter les hommes et derrières les masques rendant ses histoires très attachantes et terriblement humaines. D’ailleurs c’est l’objet du tout 1er épisode où Spider-Man affronte l’original Slider, hors la loi bien malgré lui. Une fois n’est pas coutume, Tom DeFalco intègre de fort belle façon les épisodes tie-in aux Guerre secrètes II en proposant une réflexion sur l’héroïsme et la force de caractère de Spider-Man avec Mephisto et le Puma en rôles secondaires. Le Sinistre Syndicat, une création de Tom DeFalco qui fait feu de tout bois pour son final, donne du fil à retordre au héros avec Silver Sable et l’Homme Sable dans des rôles surprenants. Tom DeFalco n’oublie jamais de traiter les hommes avant les masques rendant ses histoires très attachantes et terriblement humaines.
La suite ? Tout de suite !
