The Ghost Fleet : Quand Mad Max rencontre Snake Plissken [avis]

(image © Dark Horse)

The Ghost Fleet est un des 1ers travaux de Donny Cates. Fan de John Carpenter, il imagine une histoire originale mêlant un personnage à la Snake Plissken avec le convoi fantôme, une légende urbaine typiquement américaine.
■ par Fletcher Arrowsmith

 

Ward et Trace sont des routiers d’un genre spécial. Ils travaillent pour le mystérieux et mythique convoi fantôme (« The Ghost Fleet » en anglais). Convoyeurs de l’impossible, ils ont en charge des marchandises d’un autre type, des cargaisons interdites ou si spéciale que rien que savoir qu’elles existent vous risquez d’en mourir. Jusqu’au jour, où tout se passe mal et Trace est laissé pour mort dans l’attaque d’une organisation occulte. Métamorphosé, Trace est de retour et il compte bien se venger même si il doit déchainer l’enfer sur Terre au sens propre comme au figuré.

 

(image © Dark Horse)

 

Un très bon début

The Ghost Fleet part très bien. Les 1ers numéros remplissent parfaitement leur office. Mélangeant action, introspection et complot au sommet, The Ghost Fleet présente tous les atouts d’un comics pop-corn sans temps mort. Auteur de Cosmic Ghost Rider, Venom, ou bien encore Baby Teeth, Donny Cates imagine initialement The Ghost Fleet comme une série en 12 numéros. Dans le 1er tiers de l’histoire il installe les enjeux, les forces en présence et se permet de donner de la contenance aux personnages principaux, notamment un triangle amoureux que la vie n’a pas épargné. Ce dernier montre clairement une des forces de l’écriture de Donny Cates, à savoir rendre ses personnages très humains avec très peu d’exposition et de texte.

 

(image © Dark Horse)

 

Skake Plissken, le retour !

Donny Cates aime écrire des récits rentre dedans et The Ghost Fleet fait pas exception. Avec la connaissance que nous avons désormais de l’œuvre de Donny Cates, on comprend très bien ce qui a attiré le scénariste de God Country dans la légende de The Ghost Fleet. L’auteur a transfiguré le mythe pour nous en donner une version carburée de testostérone dopée d’huile et de sang où les routes américaines sont un terrain de jeu géant. Aucune concession dans un environnement très texan précurseur de son futur Redneck, où vont s’affronter des bikers (donnant une séquence mémorable avec des combats de chiens), des routiers, des forces spéciales et enfin des démons. The Ghost Fleet  c’est le « Hell Yeah » américain dans toute sa splendeur. Au milieu de cette arène asphaltée à l’excès où les cadavres remplacent le bitume, Donny Cates injecte des gros bras avec la finesse qu’une telle histoire mérite. Quand ce n’est pas le clone de Snake Plissken, bandeau à l’œil, cheveux gras et chien à l’appui, c’est la blondasse badass du FBI qui donne la réplique à Mickey Reno le chasseur de prime déjanté. Et forcément je ne vous cache pas que côté humain normaux c’est à dire les costard cravates locaux, on a également du bien lourd. Quand ils ne font partie d’une secte ou ne sont pas des caricatures de militaires sans cervelles, ils prennent le volant pour se transformer en ersatz de Mad Max increvable, pied au plancher défonçant tout ce qui peut gêner leur progression.

 

(image © Dark Horse)

 

L’apocalypse à la maison

À la lecture de The Ghost Fleet on constate qu’il y a une cassure franche à partir de l’épisode 6. Prévu en 12 numéros, Dark Horse a signifié en cours de route aux auteurs que la série serait réduite à 8 épisodes dont les 4 derniers sortant directement sur les plateformes digitales. C’est la douche froide pour Donny Cates et Danien Warren Johnson mais également pour le lecteur. Oubliée, l’intrigue à base de complots gouvernementaux. Fini, le développement des relations sentimentales. Terminé, la vengeance de Trace. Place au n’importe nawak et à une fin biblique où l’Enfer se déchaine sur terre, conclusion digne de certains mangas les plus trashs. Donny Cates s’en explique dans un entretien présent à la fin de l’édition proposée par Urban Comics. Néanmoins, maintenant que l’on connaît bien le scénariste, j’ai quand même tendance à croire que son histoire aurait quand même pris la direction d’une explosion d’hémoglobine géante à la sauce surnaturelle. Bref du nawak également. Relisez ou lisez God Country ou Cosmic Ghost Rider cela part quand même complétement en live.

 

(image © Dark Horse)

 

Daniel Warren Johnson en mode « Fury Road »

Un petit mot sur l’ambiance graphique. Jeune dessinateur à l’époque, qui a fait du chemin depuis, Daniel Warren Johnson (Space Mulet, Cable, Extremity) est l’acolyte parfait pour illustrer les délires de Donny Cates. Son approche ressemble à celle d’un mécano fou boostant son bolide de métal. On croit presque voir des taches d’huile sur ses planches saturées de traits nerveux limites crades. Les massacres restent expressifs, les bouts de cervelles volant au milieu des cardans et autres boulons.

 

 

 

Une œuvre de jeunesse

The Ghost Fleet est à lire comme une œuvre de jeunesse de Donny Cates où on retrouve déjà la maturité d’un futur grand et ses thèmes de prédilection. Ceux qui apprécient l’auteur ne seront pas dépaysés tout comme les amateurs de John Carpenter notamment son antihéros Snake Plissken des sagas New York 1997 et Los Angeles 2013. Urban Comics a eu la bonne idée de regrouper les 8 épisodes en un 1 volume et de publier, en plus des traditionnels bonus graphiques, un entretien expliquant la genèse et l’évolution de la série. Pour les autres, le récit risque d’être aussi vite oublié qu’il n’a été lu. ■

(image © Dark Horse)

The Ghost Fleet est un comics publié en France chez Urban Comics.