Shazam ! : Un 1er épisode sans magie [critique]

(image © DC Comics)

Le film Shazam pointant le bout de son nez, il semblait logique de voir débarquer une nouvelle série. DC Comics voit les choses en grand pour les aventures de son Superman magique. L’éditeur réunit Geoff Johns, le grand manitou de DC, et Dale Eaglesham, soit l’équipe de JSA (vol. 3 ). Malheureusement la série n’est pas intéressante pour l’instant, même s’il ne s’agit que d’un 1er numéro.
■ Par Doop

 

(image © DC Comics)

 

Les lecteurs réguliers de Top Comics connaissent ma passion pour le « Big Red Cheese » (je vous invite à lire la série d’articles consacrée à Shazam !). Et pourtant je ne partais pas avec un bon à priori sur cette série car le travail de Geoff Johns me laisse de marbre depuis un bon paquet d’années. J’ai beaucoup aimé ses histoires de Green Lantern jusqu’à Brightest Day. J’ai beaucoup aimé aussi sa 1re version de la JSA (avec James Robinson et David Goyer). Mais, depuis quelques années, son travail ne me parle plus vraiment. Sa reprise de la JSA (avec Eaglesham justement) est à mes yeux un ratage total et le reste de son boulot actuel me semble à l’avenant (Doomsday Clock par exemple). Qu’on ne s’y trompe pas, Johns reste un bon faiseur, c’est toujours lisible mais je trouve qu’il manque énormément d’énergie et d’humilité dans ses histoires. J’attends de Geoff Johns qu’il simplifie largement l’envergure de ses intrigues et revienne un petit peu vers de l’humain. Le fait de savoir que le ton du film Shazam serait humoristique ne me faisait pas espérer beaucoup de choses non plus. Je pense qu’il n’est plus besoin de démontrer que la plupart du temps, les comics s’adaptent aux versions ciné et télé. Lire les aventures d’un Captain Marvel (désolé, je n’arriverai jamais à l’appeler Shazam) en mode blague potache ne me réjouissait d’avance pas beaucoup. Surtout que Geoff Johns ne me semble pas le scénariste le plus approprié pour faire de la comédie, comme on a pu le voir dans certaines punchlines de sa JLA new 52, qui étaient juste abominables. Les comics humoristiques sont les œuvres les plus difficiles à écrire. Ajoutez à cela que c’est une histoire qui ne comporte quasiment que des enfants. Shazam pouvait être une catastrophe industrielle dès son 1er opus. Si c’est loin d’être la bouse tant redoutée, ce Shazam nouvelle version ne m’a pas enthousiasmé pour autant.

 

(image © DC Comics)

 

Trop de légèreté

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Je n’ai pas lu le reboot new 52 du personnage par Geoff Johns et Gary Frank. J ne sais donc pas si cette histoire reprend certains aspects de la précédente version. Pour le moment, nous avons droit à Billy Batson, alias Capt…. Shazam qui se trouve avec d’autres enfants dans une famille d’accueil. Le 1er point important et différent de ce que l’on connaît est que ce sont ces enfants qui composent toute la famille Marvel (enfin, quel que soit le nouveau nom que l’on va lui donner). La notion de famille au sens strict (Mary était la sœur de Billy, les oncles) est donc abandonnée pour être remplacée par celle d’une famille au sens amical du terme. Pourquoi pas. Mais je trouve que cela fait énormément d’enfants avec des super pouvoirs. De plus, le casting n’est pas très bien présenté. Les habitués reconnaitront Shazam, Mary et Captain Marvel Jr mais les autres me sont complètement inconnus. De plus, ils semblent avoir des pouvoirs différents, comme contrôler l’électricité. De fait, le titre semble s’orienter vers une équipe de jeunes ados à superpouvoirs (quelle originalité !) que vers un superhéros de 15 ans dans un corps d’adulte. On est loin du travail de Jerry Ordway, tout en référence aux années 40. Après, je comprends que le concept ait besoin d’être actualisé, mais pour le moment Geoff Johns ne nous offre pas beaucoup. Bien évidemment, il glisse quelques références (pas très subtiles) pour les « fans » de la série (les problèmes de nom, Hoppy). Seulement, elles n’ont pas de sens dans l’histoire et on sent que c’est un passage forcé et obligé, comme s’il devait se justifier de tant de changements. En ce sens, la « blondeur » de Captain Marvel junior me gêne un peu. J’aurais trouvé beaucoup plus subtil de lui coller un physique à la Elvis, ce dernier étant fan du personnage et ayant basé certains de ces costumes de scène sur le héros. Mais bon.

 

(image © DC Comics)

 

Un humour bas de plafond

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Sans atteindre les horreurs humoristiques lourdingues et graveleuses de certains comics de Brian Michael Bendis ou de Dan Slott, il faut reconnaître que ce 1er épisode de Shazam ne brille pas vraiment par ses traits d’esprit. Geoff Johns nous décrit les adolescents comme des gamins stupides et sans aucune originalité, se chamaillant pour savoir qui sera le chef ou pour connaître le nom du futur groupe. On ne rit jamais et on se retrouve avec une version très années 90 des adolescents actuels en réalité. En cela, les interactions entre les personnages me font plus penser à Maman j’ai raté l’avion qu’à Skins. Ensuite, si Dale Eaglesham est un dessinateur solide, qui sait gérer toutes les parties action et héroïques des comics, je le trouve nettement moins à l’aise avec des enfants, qu’il a souvent tendance à caricaturer en dessinant des grimaces ou en exagérant leurs réactions. Je préfère Dale Eaglesham sur des séries un peu moins légères. L’épisode 1 de Shazam n’est pas raté, mais on est très loin d’un comics proposant quelque chose d’original et de différent. Surfant sur la mode humoristique du futur film, on reste sur une intrigue très superficielle avec des personnages et des dessins très caricaturaux. Pas sûr que je sois présent pour le 2e épisode. ■

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Couverture de Shazam ! n°1 (image © DC Comics)

 




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.