Lucifer : la série tv peut-elle plaire aux fans du comics [avis] ?

(image © Warner Bros. Television)

La saison 4 de Lucifer est dorénavant disponible sur Netflix. Retour sur une série qui ne peut que terrifier tout fan de Sandman et du travail de Mike Carey sur le 1er ange déchu. Et qui pourtant se regarde plutôt bien… surtout si l’on évite de faire la comparaison.
■ par Doop

 

(image © Warner Bros. Television)

 

Un affront pour les afficionados de Neil Gaiman ?

Autant vous dire qu’il y a cinq ans lorsque j’ai vu les 1res bandes annonces de Lucifer, j’ai été au bord de l’apoplexie ! Moi, groupie de la 1re heure de Sandman et des séries Vertigo, voir l’un des personnages les plus intéressants de cet univers adapté en série télé lambda ressemblant comme deux gouttes d’eau à Castle ? Non ! Impossible ! Car ne nous y trompons pas, Lucifer est avant tout une série policière basée sur un duo : une flic incorruptible et un assistant non officiel un peu fantasque. Sérieux ? Prendre Lucifer Morningstar, le gars qui a décidé de se venger de Morpheus, et en faire un héros de série télévisée policière comme il y en a déjà des centaines l’après-midi sur les chaînes de la TNT ? Impossible pour moi, j’étais trop drapé dans ma dignité et ma morgue de fan de Vertigo. En plus, ces histoires policières basées sur le principe d’une enquête par épisode avec un petit fil rouge m’ont toujours rebuté. Je vous l’avoue, je n’ai jamais pu regarder en entier un épisode des Experts, de NCIS, du Mentaliste ou encore de Castle. Ça me gonfle ! Je trouve ça sans aucun intérêt. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est le développement des personnages : les histoires de meurtre bidon, très peu pour moi. Comment en suis-je donc venu à regarder l’intégralité des 4 saisons ? Cela tient tout simplement à une intervention divine ! En effet, pour me rappeler que le sport c’est mal, Dieu a décrété, la seule fois où je décidai de m’y remettre (un évènement aussi rare qu’un scénario mainstream réussi de Jeff Lemire), de me faire chuter et de me fracturer un poignet ! Pendant un moment je suis donc resté immobilisé à la maison. Netflix ayant oublié de proposer des séries intéressantes depuis quelques semaines et la fin de The OA (dont je vous en dis le plus grand bien dans mon article sur la saison 2), je n’avais rien d‘autre à regarder. Je me suis lancé dans le 1er épisode, prêt à arrêter au bout de 5 minutes en hurlant de rage et en pleurant des larmes de sang. Cela n’a pas été le cas.

 

 

Un acteur charismatique

Il faut dire que pour le coup, les producteurs de Lucifer ont eu le nez creux en allant chercher Tom Ellis pour le rôle-titre. L’acteur gallois (Eastenders, Merlin, Dr Who) est tout simplement fait pour le rôle. Son accent, ses mimiques et la manière dont il est écrit correspondent parfaitement à ce Lucifer de télévision, le diable en personne mais qui ne peut être aussi mauvais que prévu. Et pourtant, on reprend bien l’histoire de Neil Gaiman : Lucifer a quitté l’Enfer et s’est exilé sur terre où, les ailes coupées, il passe son temps à jouer du piano dans son night-club. Le principe de départ est donc le même que celui des comics. Et c’est à peu près tout. Soyons lucide, jamais la Warner n’aurait pu monter une série sur le diable en personne, celui qui ne fait que le mal autour de lui et qui profite de tout et de tout le monde. Les scénaristes biaisent alors un peu le concept d’origine en nous proposant un dandy déviant, qui s’affirme réellement comme le diable mais que personne ne prend au sérieux. Cela permet de pouvoir jouer sur les 2 tableaux à la fois. Après, il faut quand même justifier le délicat passage qui va faire du diable en personne un consultant pour la police de Los Angeles. Et encore une fois les scénaristes prennent une direction qui peut se justifier, si l’on n’est pas trop regardant. Lucifer précise bien que son rôle premier, celui dont il n’a jamais voulu, c’était de garder les enfers et de punir les pêcheurs. Et donc que pour punir les criminels il faut les trouver. C’est un peu gros mais on a déjà connu des justifications beaucoup moins plausibles. Bien évidemment, il y a aussi la présence du détective Chloé Decker, ancienne actrice teenage reconvertie dans la police et qui est interprétée par Lauren German (Hawai 5-0 ; Chicago Fire). Dès le départ, on sent qu’il y a un lien spécial entre les 2 personnages. Si c’est encore une fois très loin d’être original (2 personnages qui se détestent au départ mais qui au fond sont amoureux l’un de l’autre), cela permet de justifier la position du héros. Surtout que l’on devine rapidement que Chloé n’est pas un détective comme les autres. Elle a quelque chose en plus qui fait que Lucifer est irrésistiblement attiré. Le contraste entre le charisme incroyable d’un Lucifer toujours plus déviant et celui d’une détective psychorigide, mère célibataire et toujours très mal habillée, permet de donner des bases classiques mais acceptables à une 1re saison qui définit un casting secondaire attachant.

 

(image © Warner Bros. Television)

 

Une flopée de personnages secondaires pas originaux mais bien développés

Ce qui fait la force, à mon sens, d’une série, ce ne sont pas les personnages principaux mais surtout le casting secondaire. Et au fil des saisons la série Lucifer a réussi, sans proposer une galerie de personnages secondaires hors du commun, à nous les faire aimer. Encore une fois il y a beaucoup de clichés correspondants à ceux d’une série télé lambda mais on se prend assez facilement au jeu. Bien évidemment, on pense tout de suite au personnage de Mazikeen (Leslie Ann Brandt), l’acolyte démoniaque de Lucifer, qui prend au fil des saisons une importance et une profondeur plutôt bien vus, mais qui encore une fois humanisent un peu trop le personnage afin de le faire apprécier par les fans. On a parfois l’impression d’avoir une copie conforme de Kalinda dans The Good Wife. DB Woodside, le proviseur sexy de Buffy saison 3, vient compléter le casting dans le rôle d’Amenadiel, un ange dont la mission est de ramener Lucifer en enfer. Lui aussi va beaucoup évoluer et va passer du stade de l’ange qui se place au-dessus des humains à celui qui se rebelle contre les décisions de son père. Rien de bien surprenant non plus. À mon goût, le personnage qui sort un peu du lot est celui de Linda Martin (Rachael Harris, Suits), une psychologue qui sert d’exutoire à Lucifer et qui essaye de réconcilier sa partie démoniaque avec sa partie angélique. C’est en tout cas celle qui a les meilleures scènes et les meilleures répliques. Pour finir, l’acteur Kevin Alejandro campe Daniel Espinoza, l’ex-mari de Chloé qui travaille lui aussi dans la police. En dépit de tous les efforts déployés par les scénaristes, je n’ai jamais réussi à trouver ce personnage un peu attachant. C’est le point faible de la série.

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La suite ? Tout de suite !




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Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.