Vers la Suicide Squad, le Peacemaker et Watchmen : une histoire des comics Charlton !

Une prospérité qui conduit à l’apparition de personnages plus connus

Peu impactée par les effets du Comics Code et de la disparition du lectorat, elle prospère tout au long des années 60 et crée de très nombreux personnages beaucoup plus significatifs, rivalisant un moment avec les futures Marvel ou DC. Pat Masulli est promu manager général. A ses côtés, on retrouve Dick Giordano et Ed Konick qui gèrent plus principalement la partie comics de la compagnie. Deux super-héros sont lancés en 1964 : Blue Beetle et Son of Vulcan. Le premier personnage n’est pas un inconnu puisqu’il appartient à Charlton depuis de nombreuses années. Il s’agit pourtant d’une nouvelle version de Blue Beetle. En effet, de ses origines il ne reste que le nom Dan Garrett.

 

(Image : ©Charlton Comics/DC Comics)

 

Blue Beetle (II)

Dan Garrett est un archéologue qui découvre un étrange artéfact lors d’une fouille en Égypte : un scarabée magique, qui sert à emprisonner une créature maléfique. Lorsque Garrett prononce les mots « Kaji Dha », le scarabée transforme alors Garrett en super-héros, Blue Beetle, capable de projeter de l’énergie, de voler à travers les cieux et aussi doté d’une force herculéenne ! Le titre ne fonctionne pas beaucoup et le personnage ne connaît pas de réel succès puisqu’il sera remplacé par une troisième incarnation en 1966.

 

LIRE AUSSI : Les débuts de Steve Ditko sur Spider-Man et sa collaboration avec Stan Lee

 

Son of Vulcan

Son of Vulcan est quant à lui apparu pour la première fois en mai 1965 dans le magazine Mysteries of the Unexplained Worlds 46 avant que celui-ci ne soit rebaptisé Son of Vulcan à partir du numéro 49. Le personnage ne fait pas long feu puisque le titre est annulé au numéro… 50. Fait intéressant, le scenario est signé Roy Thomas (dont c’est le premier travail professionnel avant d’aller chez Marvel) et le nouveau costume du héros a été réalisé par Dave Cockrum, un dessinateur phare des années 70 et 80. En dépit de ces échecs, Giordano a l’idée de produire une nouvelle ligne de super-héros en embauchant de jeunes talents prometteurs. Avec des bureaux toujours situés à Derby, Giordano doit donc faire des allers-retours incessants entre le siège de la compagnie et New York, où se trouvent la plupart des artistes travaillant en freelance et qui n’ont pas les moyens de faire les trajets. C’est lors d’une de ses visites que Giordano fait ainsi la connaissance de Steve Skeates et de Denny O’Neil (deux scénaristes travaillant chez Marvel et recommandés par Thomas) à qui il offre rapidement du travail. L’Action Line de Charlton est prête à voir le jour.

 

(Image : ©TwoMorrows Publishing/DC Comics)

 

L’action Line de Charlton

En 1965, Pat Masulli laisse la place à Dick Giordano en tant qu’éditeur de la branche comics. Et ce dernier lance une nouvelle ligne de super-héros. Il faut dire que la relance des vieux super-héros des années 40 de DC Comics fonctionne à merveille, que Marvel commence à faire parler et donc Charlton se lance dans la bataille. Le but n’est pas de faire aussi bien. Dick Giordano sait qu’il ne peut pas compter sur l’argent offert à ses artistes, puisque la compagnie est l’une de celles qui paye le moins. Il laisse donc à ses créateurs une totale liberté de ton. Il n’intervient que très peu dans les histoires, et comme l’ambiance est toujours aussi détendue, les artistes créent entre 2 autres boulots. Il y a en tout 34 comics Charlton à cette époque, tous bimestriels et Giordano est tout seul pour tout gérer, de la création à la production. À Blue Beetle et Son of Vulcan viennent alors s’ajouter Judomaster par Franck McLaughlin, Peter Cannon-Thunderbolt par Pete Morisi, Sarge Steel par Pat Masulli et Dick Giordano et en tout dernier le Peacemaker par Joe Gill et Pat Boyette.

 

(Image : ©Charlton Comics/DC Comics)

 

Le Peacemaker

Peacemaker apparaît en novembre 1966 dans les pages de Fightin’ 5. Il obtient ensuite son propre magazine nommé Peacemaker. Comme une grande quantité de super-héros de Charlton, c’est Joe Gill qui préside à sa destinée scénaristique. Les dessins sont confiés à Pat Boyette, un artiste encore trop méconnu en dépit de la grande qualité de son travail. Ses dessins sont très propres, très structurés et un cran au-dessus de beaucoup d’autres dessinateurs de l’époque. Mais comme beaucoup de séries, Peacemaker ne dure que 5 numéros. Pour les avoir lues, les histoires sont très classiques. Christopher Smith est un diplomate qui se déguise en super-héros pour faire tomber les dictateurs et libérer les peuples. Rapidement, le Peacemaker disparaît dans les limbes des comics, même si ses histoires sont rééditées au fil des décennies. Vous pourrez même trouver une histoire du Peacemaker dans les revues françaises en noir et blanc  Eclispo publiées dans les années 70 par Aredit-Artima. Nous sommes désormais dans les années 80 et DC vient de racheter une grande partie des personnages de Charlton. Un auteur anglais à la mode, qui vient de connaître le succès avec le personnage de Swamp Thing, j’ai nommé Alan Moore, propose alors aux éditeurs DC de créer une histoire autour de ces personnages. Mais DC refuse, il a d’autres projets concernant Blue Beetle ou Peacemaker. Alan Moore revoit donc sa copie et transforme légèrement les protagonistes de l’histoire. Vous l’aurez compris, il s’agit bien évidemment de Watchmen. Eh oui !  Le Comédien devait à l’origine être le Peacemaker !

 

Charlton Comics
(image © DC Comics, Charlton Comics)

 

Peacemaker chez DC

C’est en 1986 que l’on voit pour la 1ère fois le Peacemaker chez DC Comics, dans les pages de … Crisis on Infinite Earths ! Comme les auteurs de la saga voulaient inclure tous les personnages DC, ils ont donc introduit subrepticement les personnages de Charlton dans l’œuvre, même si le Blue Beetle a une part plus importante dans l’histoire. La présence de Peacemaker n’est réduite qu’à quelques vignettes. Mais les plans pour faire revenir le personnage sont en cours de réalisation. Et ce sont 2 auteurs confirmés qui vont s’occuper du destin de Christopher Smith : Paul Kupperberg et Tod Smith. Paul Kupperberg (à ne pas confondre avec son frère Alan lui aussi scénariste et dessinateur) est un ami de Paul Levitz, un des cadres de DC Comics de l’époque. Il commence son travail sur les titres Superman puis Supergirl, Green Lantern et des dizaines d’autres. S’il n’a jamais été reconnu comme un scénariste majeur, il a quand même écrit la quasi totalité des personnages de DC. C’était un peu le « scénariste à tout faire » de la compagnie. Ses histoires se comptent presque par milliers. Son plus grand fait d’armes : la création du personnage d’Arion avec alors la toute jeune Jan Duursema ! Mais on peut aussi parler de son run sur Checkmate ou la création d’une nouvelle version de la Doom Patrol que va reprendre au bout de 18 numéros le scénariste Grant Morrison ! Tod Smith quant à lui est un dessinateur issu de la prestigieuse école de dessin de Joe Kubert. Il a au début énormément travaillé pour DC Comics avec des titres comme Omega Men ou Vigilante. On a pu le croiser chez Marvel sur quelques épisodes du Silver Surfer. Peacemaker est d’abord introduit dans les pages du comics Vigilante avant d’obtenir sa propre mini-série. Ce sont ces épisodes qu’Urban Comics nous propose dans son titre Suicide Squad présente : Peacemaker ! ■

 

LIRE AUSSI : Le talent de Steve Ditko au service de tous les genres (la période Charlton-Atlas)
Le talent Steve Ditko au service de tous les genres (la période Charlton-Atlas)




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*