
Il est partout. Depuis Detective Comics #27 en 1939, Batman squatte les kiosques sans discontinuer. À peine un an après sa première apparition, le voilà qui obtient sa propre série (Batman, sobrement intitulée), et depuis, les deux titres tournent comme une horloge suisse bien huilée. Presque un siècle plus tard, ils sont toujours là. Imperturbables. Intouchables. Il faut dire que le public n’a jamais cessé de répondre présent. Les relaunchs ? Les reboots ? Très peu pour lui. Pendant longtemps, l’idée même de relancer Batman paraissait aussi absurde que de repeindre la Joconde. Pourquoi toucher à ce qui fonctionne ? Les fans en redemandent, les chiffres suivent, et l’éditeur se frotte les mains.
Mais voilà : DC Comics adore les grands bouleversements. Les événements cosmiques qui détricotent tout pour mieux tout recoudre. Et parfois, même Batman n’y échappe pas. Même le Chevalier Noir doit remettre sa cape à neuf quand l’univers décide de repartir à zéro. Aujourd’hui, c’est simple : le justicier de Gotham est partout. Pas une, pas deux, mais quatre séries principales lui sont consacrées. De ses premiers pas maladroits de justicier débutant (Absolute Batman) à ses dilemmes de père dans Batman and Robin, en passant par les éternels tourments de la double vie… Le Chevalier Noir est devenu un empire éditorial à lui tout seul. Et tu sais quoi ? On ne s’en lasse pas. Parce qu’il faut bien l’admettre : Batman, c’est un peu comme le chocolat noir – intense, complexe, parfois amer, mais… terriblement addictif !
Batman & Robin Vol. 1 (2009) : Deux nouveaux justiciers pour le prix d’un

L’un des lancements les plus audacieux de l’histoire de Batman… ne mettait même pas Bruce Wayne à l’affiche. Après Final Crisis, Bruce est officiellement porté disparu (traduire : probablement mort, mais pas trop, c’est DC quand même). Et c’est donc Dick Grayson, ex-Robin historique, qui enfile la cape du Chevalier Noir, pendant que Damian Wayne, le fils biologique de Bruce (oui, celui au sale caractère), endosse pour la première fois le costume de Robin version officielle. Et surprise : ça fonctionne. Batman & Robin devient alors la série phare, celle qu’il fallait lire pour suivre les nouvelles aventures du duo le plus explosif de Gotham.
Et autant dire que le numéro #1 ne fait pas dans la dentelle. Tout démarre en fanfare ; littéralement en pleine poursuite dans une Batmobile volante (oui oui) pour attraper Mister Toad, un vilain aussi louche que son nom l’indique. Dick s’interroge sur le sens profond du vol en question (lisez, vous comprendrez), pendant que Damian découvre que faire équipe, c’est parfois écouter l’autre (spoiler : il déteste ça). Pendant ce temps, un certain Professeur Pyg fait une entrée fracassante en torturant l’un des hommes de Toad, sous les yeux de sa propre fille. Ambiance malsaine garantie. Et tout ça dans un seul premier numéro ? Oui, monsieur. Voilà un démarrage qui annonce la couleur : noir, sanglant… et passionnant.
Batman Vol. 2 (2011) : Les hiboux entrent en scène

C’est là que tout bascule. Avec le lancement du New 52, DC Comics appuie sur le gros bouton rouge : reboot gé-né-ral. Et Batman, pour la première fois depuis 1940, repart au numéro 1. Un vrai de vrai. Aux commandes : Scott Snyder à l’écriture, Greg Capullo aux crayons. Autant dire que c’est du lourd. Les deux vont rester 51 numéros sur 52 (record d’endurance, respect), et livrer La Cour des Hiboux, l’un des runs les plus marquants de l’histoire moderne du Chevalier Noir. Ambiance tendue, visuels qui claquent, bastons mémorables… Le cocktail parfait.
Dès le #1, Scott Snyder pose ses pions avec un sens du rythme diabolique. Batman et Dick Grayson (grimé en Joker, rien que ça) empêchent une évasion massive à l’Asile d’Arkham ; une journée presque banale, donc. Mais rapidement, Bruce Wayne revient à la surface pour jouer les architectes de Gotham, avec de grandes ambitions pour rénover la ville. Spoiler : ça ne va pas se passer comme prévu. Une série de meurtres l’amène sur la piste d’une société secrète aussi ancienne que Gotham elle-même : la Cour des Hiboux. Et leur prochain contrat n’est autre que… Bruce Wayne. L’effet est immédiat : intrigue urbaine, paranoïa latente et menace invisible. Gotham City vient de se trouver un nouveau cauchemar !
