« Scott Snyder présente Batman, Tome 1 » : Pourquoi la Cour des Hiboux est-elle déjà un indispensable ?

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Le reboot de l’univers DC en 2011, c’était un pari risqué. Tout redémarrer, prendre des icônes ultra-établies et leur offrir un nouveau point de départ… Certains personnages s’en sont mieux sortis que d’autres. Batman ? Lui, il a carrément touché le jackpot. Scott Snyder, qui s’était déjà illustré sur Detective Comics, débarque sur le titre principal avec Greg Capullo et livre un thriller sombre et haletant, un cocktail explosif entre horreur, enquête et paranoïa urbaine. Ce premier tome jette les bases d’un run qui s’impose rapidement comme une référence.

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« La Cour des Hiboux », ou comment Gotham trahit son protecteur

Dès le premier épisode, Scott Snyder prend un malin plaisir à rappeler à Batman que Gotham ne lui appartient pas. Il pensait tout connaître de sa ville, la contrôler dans ses moindres recoins ? Erreur fatale. La Cour des Hiboux, organisation secrète qui manipule la ville depuis des siècles, vient lui rappeler qu’il n’est peut-être qu’un simple acteur de passage sur leur immense échiquier. Leur existence est une légende urbaine, et pourtant, ils sont bien réels. Pire : ils ont peut-être même un lien direct avec la famille Wayne.7

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Là où Snyder frappe fort, c’est dans l’humiliation progressive de Batman. Il se retrouve pris au piège, manipulé, dépassé par une menace qu’il n’a jamais anticipée. Le sommet de cette descente aux enfers ? Son enfermement dans un labyrinthe cauchemardesque où il tourne en rond, hallucine et perd toute notion du temps. C’est un Batman brisé que Greg Capullo illustre avec une virtuosité saisissante, jouant avec la lumière, les angles et la mise en page pour accentuer la perte de repères. Du rarement vu dans un comics mainstream.

Un Batman vulnérable, mais jamais faible

L’un des tours de force de cet album, c’est de nous montrer un Batman vulnérable sans jamais le ridiculiser. Trop souvent, certains scénaristes confondent fragilité et incompétence. Ici, Scott Snyder trouve l’équilibre parfait : Bruce Wayne est en difficulté, son ego est mis à mal, mais il reste une force brute, un esprit affûté, capable d’adaptation. Il doute, mais il ne renonce jamais.

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Ajoutez à cela un antagoniste redoutable, l’Ergot, assassin implacable des Hiboux qui surgit de nulle part et tient tête à Batman comme rarement un ennemi l’a fait. L’affrontement entre les deux est brutal, nerveux, et surtout, il laisse planer un vrai doute : pour une fois, le Chevalier Noir pourrait bien ne pas s’en sortir indemne.

« Night of the Owls » : montée en puissance et petite sortie de route

Arrivé à l’épisode 8, Night of the Owls prend le relais et transforme le récit en un véritable champ de bataille. Gotham est envahie, les Talons passent à l’attaque, Wayne Manor est assiégé… Alfred doit déclencher une alerte et tous les alliés de Batman sont appelés à la rescousse. Ça cogne de partout, et la tension atteint des sommets. Snyder orchestre une montée en pression parfaite, et on se demande comment Batman va s’en sortir face à cette armée de morts-vivants surentraînés.

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Et puis… la fin arrive. Et là, petite déception. Après tant de tension et de mystère, l’affrontement final s’oriente vers un duel plus classique et une révélation qui aurait mérité plus de finesse. L’introduction d’un personnage prétendant avoir un lien direct avec Bruce Wayne sent un peu le twist facile, et on se demande si cette intrigue tiendra sur le long terme ou tombera dans l’oubli. Scott Snyder rattrape le coup grâce à une narration impeccable et un Capullo toujours au sommet, mais on referme l’album avec une légère frustration. Pas de quoi gâcher l’expérience, mais suffisamment pour laisser un petit goût d’inachevé.

Verdict : un indispensable, malgré une fin qui divise

En dépit d’une conclusion un peu moins percutante, Scott Snyder présente Batman, tome 1 est un incontournable absolu. Scott Snyder et Greg Capullo livrent une fresque oppressante et immersive qui renouvelle brillamment le mythe du Chevalier Noir. Gotham devient un personnage à part entière, la Cour des Hiboux s’impose comme l’une des meilleures créations des cette période, et Batman traverse une épreuve qui le met réellement en danger.

Si la fin avait été aussi impactante que le reste, on tiendrait probablement un chef-d’œuvre. Mais même avec cette réserve, ce tome est une lecture essentielle. Vous aimez Batman ? Lisez-le. Vous découvrez Batman ? Lisez-le. Vous voulez voir un héros se faire malmener intelligemment par son scénarite ? Lisez-le. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.




A propos Stéphane 722 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.