Absolute Flash : la meilleure réinvention de Wally West ?

Absolute Flash
Temps de lecture estimée : 5 min.

Il y a des relectures de super-héros qui ronronnent tranquille, façon « oui bon d’accord, c’est un univers alternatif ». Et puis il y a « Absolute Flash », où Jeff Lemire décide que Wally West mérite mieux qu’un reboot pépère : il lui colle un monde hostile, une adolescence traumatisée, un père militaire pas très « papa poule », des pouvoirs qui s’éveillent au pire moment… et les Lascars aux trousses avant même qu’il ait limite appris à courir. Dans cette critique, voyons comment Wally devient l’âme inattendue de l’Absolute Universe, pourquoi la série mixe habilement thriller, road-movie, drame familial et gros éclairs rouges, et ce que la nouvelle direction artistique change dans l’identité du héros. En clair : Absolute Flash, c’est quoi, pourquoi ça marche, pourquoi ça pique parfois, et ce que ça raconte vraiment derrière la Force Véloce.

Wally West réinventé : un Flash qui commence avec la peur, pas la lumière

Ce qui frappe dès les premières pages, c’est l’ambiance. Pas de mentor, pas de Barry Allen à admirer : Absolute Flash commence par le vide. Wally est seul, paumé, rongé par l’angoisse. Et tu sais quoi ? Ça marche. Jeff Lemire transforme le concept en gamin terrifié, écrasé par un monde qui ne lui fait aucun cadeau. Le rythme affolé du premier épisode reflète son état mental : c’est rapide, désorienté, presque suffocant. Et ça place d’entrée le ton de la série : la vitesse comme anxiété, pas comme triomphe.

La famille West : quand le drame remplace l’héritage héroïque

Le rapport père-fils est central. Rudy West ici n’est pas seulement sévère : c’est un homme brisé, ambigu, et l’un des moteurs secrets du récit. Jeff Lemire joue avec nos attentes de lecteurs vétérans. On se méfie instinctivement, on attend le coup de Trafalgar… et pourtant l’Absolute Universe renverse nos vieilles certitudes. La série ne parle pas seulement de super-pouvoirs qui émergent, mais de tout ce que Wally a perdu avant même de devenir un héros. Le personnage avance comme quelqu’un qui n’a jamais eu droit à un foyer stable. Alors quand il croise enfin un soutien inattendu… c’est presque émouvant.

Grodd, meilleur pote improbable : le buddy-movie dont personne ne voulait (et qui marche)

Oui, tu as bien lu. Gorilla Grodd. Sauf que non : pas le tyran télépathe bodybuildé. Ici, c’est un Grodd curieux, presque attendrissant, une sorte de « George le petit curieux » version singe à l’allure imposante.
Et tu sais quoi ? C’est génial. Le tandem Wally/Grodd donne à la série ce dont elle manquait : un cœur. Et dans l’épisode 3, la relation bascule subtilement de l’étrange au touchant. Pour la première fois, Wally arrête de courir pour… respirer. Grodd lui offre un contrepoint inattendu : de la douceur dans un monde brutal.

Les Lascars revisités : plus humains, plus dangereux, et surtout plus tragiques

Captain Cold, Golden Glider, Captain Boomerang, Trickster… dans l’univers classique, ils oscillent entre menace et comédie noire. Ici ? Ce sont des vétérans abîmés, hantés par une mission qui a mal tourné.
L’épisode 6 fonctionne presque comme un one-shot militaire, montrant comment chacun d’entre eux a glissé vers le crime. Pas de caricature : on parle de gens qui ont tout perdu. Résultat : quand ils poursuivent Wally, on n’y voit pas des super-vilains, mais des survivants devenus dangereux. Et ça change tout à l’impact émotionnel du récit.

Quand la vitesse devient langage visuel

Graphiquement, la série envoie du bois. Nick Robles fait de la vitesse une matière graphique : les éclairs deviennent des souvenirs, les silhouettes se tordent comme si l’espace lui-même paniquait. Adriano Lucas, lui, injecte une chaleur quasi permanente : oranges brûlants, rouges saturés, déserts écrasants… Quand A.L. Kaplan reprend le relais, le trait change, plus élastique, plus cartoon parfois, mais il apporte une fraîcheur bienvenue dans les épisodes plus posés. Même quand le style fluctue un peu trop, l’intention reste claire : faire de Flash une expérience sensorielle, pas juste une lecture.

Un héros sans secret : vers un Flash aux yeux de tous

Wally dévoile son identité à vitesse supersonique (haha). Les Lascars savent qui il est. Ses nouveaux amis aussi. Et là, Jeff Lemire avance un thème passionnant : un héros qui refuse de se cacher. Non pas par arrogance, mais parce que Wally place les autres avant sa propre sécurité. Une idée qui pourrait devenir la signature morale du personnage dans cet univers. Flash sans identité secrète ? Ça pourrait bien redéfinir toute la dynamique de l’Absolute Universe.

Les limites du titre : une série riche… voire parfois trop

Oui, soyons honnêtes, tout n’est pas parfait : certains changements artistiques cassent un peu la cohérence. La narration rapide du début peut perdre les lecteurs. Quelques cliffhangers se résolvent un poil trop vite. Mais franchement ? Face à l’ambition du projet, c’est du détail.

Conclusion : « Absolute Flash », la meilleure porte d’entrée de l’Absolute Universe ?

En six épisodes, Absolute Flash réussit à être :

  • une origin story,
  • un thriller militaire,
  • un buddy-movie étonnant,
  • un drame familial.

La promesse qu’un Flash différent (fragile, humain, aussi rapide que perdu) peut devenir la lumière inattendue d’un univers plus sombre que le nôtre. Si DC voulait un héros qui se relève toujours, même quand il n’y a aucune raison… Ils l’ont trouvé.

Absolute Flash

Absolute Flash, tome 1 est un comics publié par Urban Comics. Il contient : Absolute Flash 1-6 et FCBD 2025.




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