Superman – Red Son : le Superman soviétique imaginé par Mark Millar mérite-t-il vraiment sa réputation de classique ?

superman red son
(image © DC Comics)

Et si Superman était soviétique ? C’est le postulat de départ de Mark Millar dans Superman : Red Son. Ce comic-book est rapidement devenu un classique pour de nombreux amateurs de l’Homme d’acier. Mais tout compte fait, Red Son est-il aussi réussi que ça ?
■ par Yannick Desroches

 

Toute personne ayant, un jour où l’autre, ouvert un comic-book mettant Superman en vedette sait à quel point ce super-héros est l’image même de l’idée que les États-Unis sont une terre où tout est possible, même pour un « émigré » issu d’une autre planète. Telles sont, en tout cas, les bases du personnage tel que ses créateurs Jerry Siegel et Joe Shuster l’ont imaginé. Que se passerait-il si, au lieu de s’écraser à Smallville, la navette contenant le « dernier fils de Krypton » avait terminé sa course dans un kolkhoze soviétique ? C’est ce que le scénariste Mark Millar, accompagné des dessinateurs Dave Johnson et William Plunkett, se propose de nous raconter dans Superman : Red Son. Ce titre, devenu un classique du personnage dés sa 1re parution en 2003, est-il aussi réussi que sa grande réputation le dit ? C’est ce que nous allons voir !

 

superman red son
(image © DC Comics, Urban comics)

 

Un Superman soviétique ? Une bonne idée qui montre vite ses limites

Fin janvier 2021, j’ai fait quelques achats, dont Superman : Red Son, que je cherchais depuis plus de 10 ans. J’ai choisi l’édition de la collection « Black Label » d’Urban Comics, que TopComics a chroniqué dans un article. Je ne suis pas déçu du titre, loin de là, mais… J’ai tout de même noté une grave erreur historique ! J’explique: à la 2e page, Ike Eisenhower, le président des États-Unis quand se déroule l’histoire, s’exclame : « Imaginez un peu que cette fusée ait atterri 12 heures plus tôt, agent Olsen, il serait alors citoyen Américain ! ». Belle allusion à la 1re apparition de Superman. Sauf que, dans les dernières pages de la première partie de Superman : Red Son, nous assistons à la mort de Joseph Staline. Cet événement établit un repère temporel très clair quant à l’année durant laquelle se déroule Red Son, puisque Staline est décédé en 1953. Et c’est là qu’est le problème. Car, si l’on part du principe que la fusée contenant Superman bébé apparaît sur Terre en 1938 (année de sa 1re apparition dans les pages d’Action Comics), alors, en 1953, il n’est âgé que de 15 ans et n’est alors que Superboy (toujours dans la 1re partie de Red Son, il nous est rappelé que la super-ouïe de Superman, son 1er pouvoir, s’est activée quelques semaines après son 12e anniversaire). Alors je me doute que vous allez dire que je chipote. Mais le fait de faire référence à la mort de Staline fait que, au moins pendant un temps, le titre perd de sa force. Ce marqueur temporel précis fait que le lecteur perd la suspension de crédulité nécessaire à son immersion totale dans le titre. Heureusement, la 2e partie du titre va vite nous faire oublier ce « calage » au démarrage »…

 

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(image © DC Comics, Urban comics)

 

Des personnages connus mais réinventés

Si, dans la 1re partie de Superman : Red Son, nous avons laissés de côté les personnages secondaires que sont Lana, Loïs Luthor, son mari Lex, Bizarro, Wonder Woman, Batman, Brainiac ou encore Green Lantern, c’est pour mieux les retrouver dans la 2e partie. Quelle portée a sur eux un Superman soviétique et en quoi ce changement de valeurs de l’Homme D’acier modifie-t-il ou non leurs caractérisations ? C’est ce que tend à nous montrer principalement le scénario de Mark Millar dans cette 2e partie, tout en offrant à ses lecteurs et lectrices de belles allusions aux principaux récits ayant jalonnée l’histoire éditoriale du personnage de Superman. Au cours de la partie 1, le lectorat de Superman : Red Son a pu découvrir que, dans ce récit dystopique, Superman n’est pas le seul à voir sa destinée modifiée. Ainsi aura-t-il appris que Lois est la toute récente épouse de Lex Luthor, l’homme le plus intelligent de la planète, et, accessoirement, créateur du Bizarro de cette réalité pour les USA. Il découvre de plus que James Olsen est un agent du gouvernement américain ou encore que Lana est originaire du même kolkhoze que Superman. Et qu’en est-il des « piliers » de la « trinité » DC que sont Wonder Woman et Batman ?

 

superman red son
(image © DC Comics, Urban comics)

 

Wonder Woman et Batman dans une dystopie sous influence, mais pas répétitive

Eh bien, pour Wonder Woman, peu de changements si ce n’est que, suite à sa rencontre avec Superman lors d’une soirée qui a lieu en son honneur et où elle est présente en tant qu’ambassadrice de Themyscira, elle en tombe amoureuse, se convertit au communisme et quitte son île pour diriger l’URSS à ses côtés. Et Batman ? Eh bien, tout comme Superman, lui aussi se voit naître dans un kolkhoze soviétique plutôt qu’à Gotham City et ses parents, opposants au régime de Staline, se verront assassiner par l’un de ses fils. Ce que cela change pour lui ? Eh bien, c’est simple: Le Batman de Red Son vouera une grande haine au régime de Staline et à son successeur Superman. Ce qui nous vaudra quelques pages rendant joliment hommage au Dark Knight Returns de Frank Miller. (suite de l’article page suivante)

 

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Superman écrase le Klan
(image © DC Comics, Urban Comics)