Superman écrase le Klan : un comics pas uniquement pour les enfants !

Superman écrase le Klan
(image © DC Comics, Urban Comics)

Dans ce (gros) comics, Superman affronte une menace encore inédite, en tout cas dans la bande dessinée : le Ku Klux Klan ! Écrit par Gene Luen Yang et dessiné par le tandem Guruhiru, on aurait pu craindre le pire avec un comics plein de bons sentiments ne poussant pas la réflexion assez loin. Eh bien ce n’est pas du tout le cas ici… et c’est même une très bonne surprise !
■ par Doop

 

Superman écrase le Klan
(image : © DC Comics)

 

Superman contre le Klan !

Rendons à César ce qui est à César : l’idée de faire s’affronter Superman et le Ku Klux Klan n’est pas si originale que ça. En effet, le scénariste Gene Luen Yang, déjà connu pour son travail sur le Superman New 52, s’est tout simplement inspiré d’un feuilleton radiophonique de 1946 qui racontait peu ou prou la même histoire. Ou qui tout du moins partait avec le même principe de départ. Le scénariste situe d’ailleurs son comicsjuste après la 2nde Guerre mondiale. Superman écrase le Klan est un comics racontant les péripéties de la famille Lee, qui vient de quitter Chinatown pour s’installer à Metropolis. Le papa, scientifique, ainsi que sa femme et ses 2 enfants, Tommy et Roberta, commencent à peine à prendre leurs marques qu’ils ont déjà affaire à une faction locale du Ku Klux Klan, à savoir le Klan de la Kroix ardente. Mais c’est oublier que Jimmy Olsen, le meilleur ami de Superman, habite lui aussi dans le quartier. De fait, notre héros va se retrouver au beau milieu d’une histoire de haine et de xénophobie, ce qui va aussi l’inciter à pousser une réflexion sur ses propres valeurs et son identité.

 

Superman écrase le Klan
(image : © DC Comics)

 

Un parallèle bien mené

En dehors de l’aspect lié au Ku Klux Klan, le scénariste Gene Luan Yeng nous livre une jolie réflexion sur Superman. Le fait de situer son action en 1946, période où tous ses superpouvoirs n’ont pas encore été inventés, permet à l’auteur de tracer un parallèle assez bien venu entre ces jeunes immigrés chinois et Superman. Car tout ce petit monde essaye finalement de cacher sa différence aux yeux des autres. Les 1ers en acceptant d’être moqués pour leur couleur de peau ou de ne pas répondre à la provocation ou à la haine, le 2e en ne voulant pas aller jusqu’au bout de sa condition extraterrestre et en refusant d’exploiter au maximum ses pouvoirs pour ne pas se monter trop différent. Si au départ Superman ne vole pas, ce n’est pas simplement un hommage aux débuts du personnage dans Action Comics, c’est aussi un point important de l’histoire. En effet, on apprend au fil des pages que Superman ne cherche pas à se montrer trop puissant, à voler, à lancer des rayons car il ne veut pas que l’humanité apprenne ses origines extraterrestres. C’est une différence notable avec le Superman historique des comics mais dans ce cas-là, bien évidemment cela fait sens. Les errements et le questionnement que se posent Tommy et Rebecca sont finalement les mêmes que ceux de notre héros. De fait, Superman écrase le Klan n’est pas qu’un récit centré autour des enfants. C’est aussi un comics qui va nous faire entrevoir un autre aspect de Superman.

 

Superman écrase le Klan
(image : © DC Comics)

 

Superman écrase le Klan : un titre pour les enfants ?… Vraiment ?

La couverture et les dessins assez cartoonesques de Guruhiru placent tout de suite Superman écrase le Klan dans la catégorie des comics pour enfants. D’ailleurs, le titre est publié dans la collection Urban Kids. Et si Gene Luan Yeng et Guruhiru proposent effectivement un comics destiné à un public très jeune, eh bien j’ai été largement surpris par la qualité et la finesse des personnages, beaucoup moins basiques et linéaires que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre. Avec un sujet aussi tranché, avec un traitement pour un public un peu jeune, je ne pensais pas trouver dans Superman écrase le Klan un comics aussi bien écrit et nuancé. Cela prouve d’ailleurs bien que Gene Luan Yeng est un véritable scénariste, qui maîtrise totalement les codes des comics et qu’il peut proposer un discours plus profond qu’attendu. Le sujet et la finesse de l’écriture se situent même à mon sens bien au-dessus de la plupart des comics classiques, qui se revendiquent de la diversité ou du féminisme et qui ne proposent souvent qu’un récit binaire, lourdingue et fait pour se donner bonne conscience. Ici nous avons une véritable histoire, qui réussit non seulement à proposer une aventure bien construite pour les lecteurs les plus jeunes, mais qui développe un 2nd degré de lecture réservé aux fans du personnage. Comme quoi, lorsqu’on donne les commandes d’une histoire à un véritable scénariste et non pas à d’obscurs écrivaillons ou producteurs de séries télévisées, ça marche. Et cela donne un discours renforcé. (suite de l’article page suivante)

 

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transformations superman
(image © DC Comics)
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A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.