Superman : les sales petits secrets de l’Homme d’acier !

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Superman, c’est un peu le gendre idéal des super-héros. Depuis 1938, il incarne la morale en collants bleus, le héros des héros, celui qui voit le bien en chacun, sauve le monde tous les matins avant son café, et refuse de tuer même Lex Luthor un jour de mauvaise humeur. Une icône de l’Amérique, un phare d’espoir dans un océan de cynisme. On pourrait presque l’encadrer sur le mur du salon, entre Gandhi et une photo de famille.

Mais voilà : tout ça, c’est la version vitrine. Parce que parfois, dans les coins sombres du mythe, Superman déraille. Pas souvent, mais suffisamment pour nous glacer le sang. Quand la situation devient extrême, son sens de la justice prend un virage un peu flippant. Et c’est là que ça devient intéressant. Parce que ce qu’on aime autant que sa bonté ? C’est l’idée qu’elle puisse se fissurer. Qu’est-ce qui se passe quand le plus puissant des héros perd le nord ? Spoiler : ça ne sent pas la kryptonite…

Superman rase un quartier… pour faire le bien ?

Avant de se fritter avec des dieux cosmiques ou des clones à moitié zinzins venus du futur, Superman s’attaquait à des problèmes bien terrestres. Dans Action Comics #8, signé Jerry Siegel et Joe Shuster, notre Boy Scout en slip rouge décide tout bonnement de détruire un quartier pauvre. Littéralement. Son raisonnement ? Si je casse tout, la ville va devoir reconstruire des logements modernes et décents. Alors une fois les habitants évacués (ouf…), il transforme les taudis en gravats, à coups de poings super-musclés.

Ce n’est pas nouveau : les bastons de Superman laissent souvent des murs (et des villes) en miettes. Mais là, on touche à autre chose. Ce n’est plus un dommage collatéral, c’est une vraie stratégie de démolition. Et franchement, voir Superman jouer au promoteur urbain version bulldozer, ça pique un peu. Parce que derrière ses grands idéaux de justice, il y a parfois des méthodes… disons, très discutables. Un Superman qui décide de ce qui est bon pour les autres à coups de poings ? On n’est pas loin du super-fascisme en cape.

Superman laisse un pilote mourir… la paix mais version musclée

Dans ses débuts, le Superman de Jerry Siegel et Joe Shuster avait un sens de la morale un peu… disons, rustique. Dans Action Comics #2, il oblige un fabricant d’armes à rejoindre l’armée d’un pays fictif en pleine guerre. Objectif : lui faire goûter à sa propre soupe, et comprendre à quoi servent vraiment ses gentilles petites bombes. Mais quand un avion ennemi attaque, Superman saute dans les airs, percute l’appareil… qui s’écrase comme une crêpe. Le pilote ? Pas de parachute, pas de sauvetage. Merci, bonsoir.

Ce qui dérange, ce n’est pas juste l’action : c’est l’intention. Superman voulait montrer l’horreur de la guerre, mais il y participe activement. Un peu comme si Gandhi se mettait à distribuer des mandales. Aujourd’hui, on imagine mal Sup’ laisser un ennemi crever sans lever le petit doigt. Mais à l’époque, c’était un héros brut de décoffrage, prêt à laisser les gens assumer leurs conneries… quitte à les envoyer au cimetière. Peace and love, version super-cynique.




A propos Stéphane 742 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.