Les Brumes d’Arcadia : une BD française écolo avec des robots [Avis]

(image © Éditions H2T)

Michaël Bettinelli et Yvan Postel nous livrent Les Brumes d’Arcadia, un roman graphique écolo à destination des plus jeunes ponctué de références geeks 80’s-90’s pour faire plaisir au plus grands !
■ par Mad Monkey

 

Les Brumes d’Arcadia (image © Éditions H2T)

 

Les Haut-Conseils n’écoutent jamais

Les Brumes d’Arcadia se passe sur une planète peuplée uniquement de robots rassemblés dans une unique ville. Cette cité, dénuée de toute forme de vie biologique, est entourée par un épais nuage toxique détraquant toute machine y pénétrant empêchant les machines de savoir ce qu’il y a au-delà de la métropole. Ce qui pourrait passer si, comme le craint le docteur Data, ce mur de brume ne se rapprochait pas de l’agglomération. Mais quand un scientifique prévient un haut conseil d’un danger planétaire, il n’est jamais cru. (C’est classique, demandez à Jor-El de Krypton.). Les dirigeants de la planète sont en effet plus préoccupés par un fait divers. En effet un robot, probablement rendu fou par les brumes, s’est mis à en détruire d’autres laissant pour seuls indices quelque chose de jamais vu : des fleurs. Le docteur Data va alors chercher à résoudre ce mystère avec l’aide de son ami le détective Pixel et de son assistant Buggy. Et par là même découvrir l’origine des robots d’Arcadia.

 

Les Brumes d’Arcadia (image © Éditions H2T)

 

Un univers… étrange

Disons-le tout de go, je suis assez partagé par Les Brumes d’Arcadia. Si le récit peut se révéler agréable, j’ai tiqué sur beaucoup de choses qui ont nui à mon plaisir de lecture. Pour commencer on n’a pas toujours affaire à de la bonne exposition. Les auteurs ne s’appuient que trop peu sur la règle du « show don’t tell ». Du coup, on se retrouve parfois avec des récitatifs ou des dialogues explicatifs sur des points de scénarios peu utiles. Il aurait été peut-être plus fluide et impactant de faire passer ces informations grâce à une scène. De plus, ce roman graphique utilise beaucoup de références geek. C’est rigolo 5 minutes, mais comme elles ne sont très très très visibles on a surtout le sentiment d’un étalement effectué par quelqu’un qui voudrait nous rappeler en permanence qu’il a mis dans son œuvre des trucs qu’on est sensé apprécier. Ces références peuvent même finir par engendrer des incohérences. Par exemple, les plantes n’existent pas dans la ville, c’est même un des points de départ du scénario. Mais dans une scène, on voit sortir d’un tuyau une plante Piranha tirée de Super Mario sans que ce soit mentionné plus tard. Je veux en finir avec les aspects négatifs en abordant un point des Brumes d’Arcadia ayant une place particulière dans mon cœur. À un moment les robots découvrent un livre, un seul et unique livre. Une bible ! Attention, je n’ai rien contre les références religieuses, encore faut-il en user à bon escient. Or vu l’explication donnée à l’origine de la ville et des robots, la présence d’un livre a déjà de quoi surprendre. Bon en fait on en voit d’autres dans certains arrière-plans, mais ils ne sont pas mentionnés donc passons… Mais pourquoi une Bible ? La présence d’un autre ouvrage, contenant par exemple les 3 lois de la robotique ou un manuel technique, n’aurait-il pas été plus facilement justifiable dans le scénario ?

 

Les Brumes d’Arcadia (image © Éditions H2T)

 

Un roman graphique pour la jeunesse

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Après je suis peut-être un peu dur. Il faut dire que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en ouvrant cette BD. Et à sa lecture il m’a semblé clair que je ne faisais pas partie du public visé. En effet Michaël Bettinelli, accompagné d’Yvan Postel pour la partie graphique, nous livre Les brumes d’Arcadia un récit à destination du jeune public. Et lu sous cet angle ce roman graphique peut se révéler tout à fait plaisant. Ainsi malgré la prémisse quelque peu apocalyptique et l’enquête policière, l’histoire progresse sur un ton assez léger. Les enjeux sont certes sérieux, mais ils sont désamorcés par les dessins qui mettent en scènes des personnages ronds et colorés, mais au trait assez lâché, loin du dessin académique. Du reste, le récit est centré sur le personnage du détective Pixel, qui est un personnage assez pro actif au caractère bien forgé, et non sur le Docteur Data. Du coup, on est loin d’une SF hard-science qui se concentrerait sur des méthodes très techniques pour éviter le désastre écologique à venir. On est plus dans une histoire d’aventure ponctuée de références geeks nostalgiques qui constituent souvent des épreuves adaptées à un bagarreur héros. Au final on se retrouve quand même avec une petite histoire sympathique cherchant à sensibiliser les plus jeunes aux problématiques écologiques. ■

 

Couverture des Brumes d’Arcadia (image © Éditions H2T)

 

Les Brumes d’Arcadia est publié aux Éditions H2T dans la collection Graphic Novel. Ce one-shot de 208 pages est scénarisé par Michaël Bettinelli  avec Yvan Postel au dessin. Cette bande dessinée française a été prépubliée sur weeklycomics.fr et il est toujours possible d’y lire le 1er chapitre gratuitement.