
D’un concept un peu bourrin, des vampires contre des gros robots, Donny Cates et Dylan Burnett imaginent un récit de SF rythmé et original. Surprenant.
■ par Stéphane Le Troëdec

Donny Cates. Depuis quelques mois, le nom de ce scénariste surgit sur les couvertures de nombreux éditeurs : Cosmic Ghost Rider, Doctor Strange Legacy, Babyteeth, Thanos Legacy, Ghost Fleet, Venom, etc. Pas de doute, Donny Cates est bien l’étoile montante des scénaristes US actuels ! Pas étonnant, donc, que les éditeurs français aillent chercher dans ses titres peut-être moins connus. Alors voyons un peu ce cet Interceptor a dans le moteur…
La race humaine s’enfuie dans l’espace pour échapper aux vampires
Le futur. Une épidémie de vampirisme s’est répandue sur Terre, transformant les humains en suceurs de sang. Les Guerres vampiriques ont ravagé la Terre. Au cours du Grand Exode, la race humaine s’est enfuie loin dans le cosmos à travers des portails téléporteurs pour enfin s’installer sur une nouvelle planète, Palus. Son dernier geste avant de quitter la Terre a été de déverser plusieurs bombes atomiques pour s’assurer d’être définitivement débarrassée des vampires. Depuis, les humains vivent en paix sur Palus. Une paix qui vient d’être brisée : on a retrouvé 2 vampires infiltrés ! Le gouvernement lance alors le vaisseau hi-tech « Interceptor », chargé de retrouver la Terre et d’éradiquer définitivement la menace vampirique. À son bord, Poli, une soldate d’élite équipée d’une armure de combat hyperpuissante. Mais Poli va rapidement découvrir que la situation sur Terre est loin d’être celle que la race humaine avait pu imaginer…

Gros robots contre suceurs de sang
Interceptor part d’un concept a priori un peu farfelu, celui de mélanger 2 genres bien distincts. Ici, le robot mecha et les vampires. Pour un comics, avouez que ce n’est pas banal. Je dois vous confesser que j’ai ouvert Interceptor avec quelques doutes sur la viabilité du projet, mais pourquoi pas ? Une fois ce 1er tome terminé, il faut dire que Donny Cates réussit son coup sans renier son habitudes d’écriture. Interceptor est donc à la fois fun, loufoque et barré. Et il donne ce qu’on attend de son concept : du gros robot et des vampires. Mais pas uniquement cela, et c’est justement ce qui fait l’intérêt d’Interceptor.

Un setting SF intéressant
Interceptor fonce à toute allure et laisse au lecteur peu de temps morts. Comme si Donny Cates avait hâte d’avancer dans son intrigue. Passées les 1res pages qui installent l’environnement SF de l’histoire, le scénariste ne perd pas de temps. La situation de la Terre et les forces en présence sont intéressantes. Interceptor m’a rappelé un classique de la SF Je suis une légende, ou même Mad Max. Notamment par certains aspects post-apocalyptiques puisque la Terre a été bombardée et donc salement amochée. Sans spoiler, oui, les vampires ont survécu, mais sont aussi devenus autre chose, certains ont muté et ils doivent faire avec une autre faction. Poli en super-armure hi-tech de combat débarquant sur Terre, c’est donc un peu un chien dans un jeu de quille. La présence de cette soldate va permettre à Donny Cates de rebattre les cartes. Mais surtout les révélations de certains secrets bien cachés vont profondément transformer Poli, qui du coup gagne en profondeur.
Des idées abandonnées en cours de route
Par moment, Interceptor donne l’impression d’un trop plein d’idées. Alors Donny Cates choisit manifestement de les écarter en cours de route. Certains personnages auraient mérité d’être un peu plus fouillés, pour ne pas les restreindre à une astuce scénaristique. Rien que dans la faction vampirique, il y avait de quoi faire. Ici, on a le sentiment qu’il faut foncer jusqu’à la conclusion. Autre exemple : le président de la race humaine, particulièrement loufoque et du coup mystérieux et intéressant. Mais Donny Cates l’utilise peu dans les 5 premiers épisodes de cet album. Le verra-t-on par la suite ? On l’ignore puisque malheureusement aucun nouvel épisode n’est sorti depuis la fin de ce cycle. Dommage, parce dans Interceptor qu’il y avait un joli potentiel. ■

Interceptor, tome 1 est un comics publié en France chez Casterman.