
Quand Garth Ennis s’empare d’un récit de guerre, on sait d’avance qu’on ne va pas s’en sortir indemne. Avec Punisher – Get Fury, il livre une relecture brutale et sans concession du conflit vietnamien en mettant face à face deux figures mythiques de Marvel : Frank Castle, alias le Punisher, et Nick Fury. Ici, pas de super-héros, pas de costumes flamboyants. Juste la jungle, la sueur, le sang et une guerre qui ne fait pas de prisonniers !

Un cadre narratif original et immersif
Dès les premières pages de Punisher – Get Fury, Garth Ennis prend le lecteur à revers en nous plongeant dans le récit d’un vieil homme vietnamien, Letrong Giap, qui se souvient de sa rencontre avec Nick Fury et Frank Castle. Ce choix narratif donne un point de vue différent des habituelles histoires de guerre made in USA et ancre davantage le récit dans une réalité historique tangible. Voir ce conflit à travers les yeux d’un témoin vietnamien permet d’éviter une vision trop simpliste du bien contre le mal.
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Frank Castle et Nick Fury : Deux visions de la guerre
Si Punisher – Get Fury repose sur la rencontre explosive entre Nick Fury et Frank Castle, leur opposition n’est pas qu’une simple question de méthode. Castle est déjà cet homme brisé qui ne croit qu’en la violence, tandis que Fury, prisonnier derrière les lignes ennemies, incarne un soldat plus pragmatique mais toujours désillusionné. La tension monte progressivement, d’autant plus que l’on comprend vite que Castle est envoyé en mission pour éliminer Fury, sur ordre de la CIA. Complot, trahisons et jeux de pouvoir s’ajoutent à la boue et aux balles, rendant le tout aussi haletant que tragique.

Une mise en scène chirurgicale
Jacen Burrows et Guillermo Ortego livrent un travail visuel d’une précision redoutable. Contrairement à l’imagerie sombre et granuleuse que l’on pourrait attendre, les couleurs de Nolan Woodard offrent un rendu éclatant, presque clinique, qui contraste avec la violence crue du récit. Les gros plans sur les visages, à la Steve Dillon, accentuent l’intensité dramatique et permettent aux dialogues de Garth Ennis de résonner avec encore plus d’impact. Et quand l’action explose, c’est un véritable carnage graphique, à la limite du soutenable.
Un récit qui prend son temps… parfois trop
Si Punisher – Get Fury brille par son atmosphère tendue et son réalisme, il souffre néanmoins d’un rythme parfois trop lent. Certains dialogues s’étendent sur plusieurs pages pour transmettre une information qui aurait pu être plus concise. La lecture en recueil atténue cet effet, mais les lecteurs impatients pourraient trouver que l’histoire met du temps à vraiment décoller. Néanmoins, cette lenteur sert aussi l’ambiance pesante et la montée progressive de la tension.

Un polar de guerre sans concession
Garth Ennis n’écrit pas une histoire de guerre classique, il raconte comment la corruption, la survie et les choix impossibles façonnent les hommes sur le terrain. Punisher – Get Fury ne cherche jamais à glorifier l’action ou à édulcorer son propos. Entre son intrigue retorse, son casting impeccable et sa mise en scène froide et méthodique, ce récit s’impose comme un bel exemple du genre.
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Verdict : à lire absolument si vous aimez la guerre… mais pas celle des héros
Avec Punisher – Get Fury, Garth Ennis livre un récit aussi brutal que captivant, où le Vietnam n’est pas qu’un décor mais un enfer sans échappatoire. Si la lenteur du rythme peut rebuter certains, la puissance du propos et la qualité de la narration font de cet album un must-read pour tous les amateurs de comics de guerre et de récits noirs et violents.

Punisher – Get Fury est un comics de 136 pages publié en France par Panini Comics. Il contient : Punisher – Get Fury #1-5.