Panique chez les distributeurs de comics après le divorce entre DC Comics et Diamond ! [En Vert Et Contre Tous n°43]

(image © DC Comics)

La guerre des distributeurs, partie 2 : la course à l’exclusivité

Les autres maisons d’édition de comics ont peur de se faire éjecter du réseau de distribution directe. Il leur faut réagir !  Comprenant bien que seule l’exclusivité leur promet encore de la visibilité, DC Comics décide de choisir Diamond (déjà le plus important distributeur de l’époque) comme partenaire exclusif en avril 1995. C’est assez ironique d’ailleurs lorsque l’on repense aux évènements actuels ! La décision est assez maligne puisque cela permet à DC Comics de s’assurer une présence dans les comic shops avec de grosses ristournes et sans avoir à acheter une compagnie de distribution. DC est rapidement suivie par Dark Horse, Image et la quasi-totalité des éditeurs qui signent eux aussi un contrat d’exclusivité avec Diamond. Cela signe instantanément la mort de Capital City Distribution, le 2e plus gros distributeur du pays, racheté par Diamond en 1996. Il n’y a désormais plus que 2 distributeurs dans le pays ! Malheureusement, les problèmes de distribution et l’éclatement de la bulle spéculative autour des comics ainsi que les mauvaises décisions stratégiques de Marvel conduisent à sa banqueroute en décembre 1996. Une des conséquences : la fermeture en février 1997 de Heroes World Distribution et le passage des comics Marvel chez Diamond, qui devient de facto le seul distributeur de singles aux Etats-Unis !

 

(image © DC Comics)

Et la situation en France alors ?

En ce qui concerne les comic shops américains, la situation va probablement beaucoup ressembler à celle des années 90. Il leur faudra désormais jongler avec au moins 2 distributeurs différents, ce qui aura forcément un impact sur leurs marges et qui va poser des problèmes de gestion. Bien évidemment, il est difficile de savoir ce que l’avenir nous réserve. On peut quand-même penser que le timing de cette décision n’est pas particulièrement judicieux au moment où le marché des comics est en totale recomposition. On espère aussi que Diamond aura les reins assez solides pour pouvoir gérer la perte d’une partie de son catalogue comics, surtout après 1 mois d’arrêt ! La situation en France sera aussi impactée. La très sympathique équipe de Pulp’s Comics explique que ce changement de distributeur va entraîner de nombreuses contraintes supplémentaires. Comme on l’imagine, il faudra créer un nouveau partenariat commercial avec l’une des 3 entreprises précitées, ce qui va impliquer de fait une augmentation des frais de ports pour le comic shop. En effet, les magasins français recevaient tous les mercredis leurs comics d’un seul distributeur (Diamond), avec forcément des frais de ports réduits. Désormais il faudra payer 2 livraisons au lieu d’une. Et ce n’est bien évidemment que l’un des 1ers problèmes. On imagine à peine la difficulté pour un magasin de devoir en quelques jours choisir un nouveau distributeur, lier un contrat avec celui-ci et avancer les fonds. Et sans parler du travail en plus puisque désormais les commandes se feront sur 2 catalogues au lieu d’un seul. Nul doute que ces magasins sauront bien évidemment s’adapter et faire face à cette nouvelle situation mais on peut légitimement s’inquiéter.

 

(image © DC Comics)

 

Pourquoi soutenir les libraires

Après 6 mois de grèves et de manifestations, la situation semblait déjà compliquée en décembre 2019. Alors on se doute bien que les conséquences du confinement n’ont pas dû arranger les choses pour les comic shops français. Autant dire que ce changement de distributeur est un nouveau coup de poignard porté à leur encontre. Il est d’autant plus important de continuer à les soutenir ! La plupart d’entre eux font en plus de la vente par correspondance. La plupart de ces magasins emploient de véritables passionnés, des gens qui sont toujours de bon conseil. Et même en ces temps compliqués, dans ce fameux « monde d’après », peut-être que commander chez eux plutôt que sur de grosses plateformes (pas particulièrement sympathiques) ou dans une chaîne de magasins qui pourrait bien faire travailler leurs employés 43 heures par semaine, est un choix judicieux, ou tout simplement humain. La qualité et l’humanité ont malheureusement et plus que jamais un prix !
Un grand merci à toute l’équipe de Pulp’s Comics pour leur accueil et leur gentillesse. ■

 

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