Old Man Logan réédité à petit prix : l’occasion parfaite de plonger dans ce Marvel culte

Temps de lecture estimée : 4 min.

Profitons de la réédition d’Old Man Logan dans la collection à petit prix de Panini pour nous replonger dans un monde où les super-héros ont perdu. Pas une défaite temporaire, pas une baston à la Civil War avec des séquelles émotionnelles et un syndrome post-traumatique de compétition. Non, ici, les gentils sont morts. Éradiqués. Bienvenue dans Old Man Logan, un futur dystopique façon Mad Max signé Mark Millar (le gars de Kick-Ass) et Steve McNiven, soit les 2 gars derrière Civil War. Ici, Wolverine s’est rangé des griffes. Il vit désormais pépère avec femme et enfants dans un coin paumé des États-Unis, devenu le Far West de Marvel. Sauf que la paix, ça dure rarement dans les comics. Vous le savez si vous avez vu Impitoyable avec le grand Clint Eastwood.

Quand le gang de Hulk (oui, la famille dégénérée de Bruce Banner, je ne plaisante pas) vient lui réclamer un loyer en coups de poing, Logan accepte un job étrange : accompagner un Hawkeye aveugle (mais toujours aussi grande gueule) à travers le pays. La balade vire rapidement au bain de sang nostalgique, blindé de références et d’échos d’un monde héroïque désormais en ruines. Et comme souvent avec Mark Millar, ça tranche, ça charcle, et ça ne fait pas dans la dentelle.

Old Man Logan : un western crépusculaire à la sauce Marvel

Il faut le dire : Old Man Logan n’est pas une histoire de super-héros au sens classique du terme. C’est un western, un vrai, un dur, sec. Logan joue les cow-boys désabusés, hanté par un drame passé (qu’on vous spoilera pas ici, mais c’est du lourd, genre trauma à vie). Le genre d’erreur qu’on ne se pardonne pas, même avec un facteur auto-guérisseur. Mark Millar pousse Wolverine dans ses retranchements, non pas pour le voir triompher, mais pour le voir souffrir, résister, et (éventuellement) redevenir lui-même.

L’ambiance est poisseuse, violente, désespérée. Steve McNiven illustre tout ça avec un luxe de détails qui frôle parfois le malsain : organes éviscérés, cadavres à la chaîne, bref, c’est pas pour tout le monde. Mais c’est justement cette ambiance pesante qui rend Old Man Logan aussi marquant. Parce que même quand tout semble foutu, y’a ce petit éclat d’espoir au fond du regard de Logan. Un éclat qui dit : “Je suis peut-être cassé, mais je peux encore faire mal.”

Old Man Logan : blessures du corps et blessures de l’âme

Soyons clair : ce comics n’est pas pour les âmes sensibles. Wolverine se fait broyer, découper, humilier, avant de rendre la pareille puissance 1000. Certaines scènes flirtent carrément avec le torture porn, d’autant que Millar s’en donne à cœur joie pour imaginer mille et une façons de désosser un corps humain. Et pourtant, ce qui fait le plus mal dans Old Man Logan, ce n’est pas la chair ouverte ou les têtes qui roulent. C’est ce qu’il y a derrière : la culpabilité, le silence, la honte.

Logan n’est pas juste un tueur repenti. C’est un homme qui vit chaque jour avec une blessure qu’aucun pouvoir mutant ne peut refermer. Ce n’est pas le sang des autres qui salit ses mains, c’est celui de ses proches. C’est là que Millar fait mouche : sous l’amas de viscères, il y a une tragédie humaine, une vraie. Et ça, mine de rien, ça vous reste un moment dans le ventre.

Un bestiaire de fan fiction ? Peut-être. Mais sublimé.

Sur le papier, Old Man Logan, c’est aussi, avouons-le, un peu le rêve fiévreux d’un ado surexcité. Un T-Rex infecté par Venom, un Hank Pym géant qui pourrit dans un champ, des crânes de super-héros transformés en déco… On pourrait presque croire à une fan fiction un peu crado écrite à 3 h du matin sur un forum Marvel. Mais voilà : Mark Millar et Steve McNiven ont le talent nécessaire pour que tout ça fonctionne.

Parce qu’en dépit de ses excès, le récit tient debout. L’univers est cohérent, les références bien digérées, et les scènes de baston placées au bon moment. Et surtout, l’absurde devient crédible. On ne rit pas devant ce Venomosaure : on flipperait presque. On ne se moque pas de Logan qui chevauche la Spider-Mobile : on le suit, pris par la tension. Bref, Old Man Logan prouve qu’entre de bonnes mains, même les idées les plus barrées peuvent devenir du bon comics.

Faut-il acheter Old Man Logan dans cette réédition à petit prix ?

Oui. Trois fois oui. Parce que Old Man Logan, même dans ses excès, reste un récit marquant. Une œuvre qui ne plaira pas à tout le monde, certes, mais qui a le mérite d’aller au bout de sa logique. On est loin des récits calibrés et consensuels auquel Marvel nous a un peu trop habitué ces dernières années. Ici, l’univers Marvel est une terre brûlée où la morale n’est plus qu’un souvenir. Mais dans cette poussière, ce sang et cette douleur, subsiste un fragment d’humanité. Une étincelle. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin.

Alors si vous ne l’avez jamais lu, ou si vous voulez le redécouvrir sans vendre un rein, cette réédition à 7,99 € est une excellente occasion. Et puis franchement, avoir Hulk en version redneck incestueux qui fait des enfants avec sa cousine, ça mérite au moins qu’on jette un œil, non ?

Old Man Logan est un comics publié en France par Panini Comics. Il contient : Wolverine (2003) 66-72
Wolverine: Old Man Logan Giant Size (2009) 1




A propos Stéphane 735 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.