La Mort de la Puissante Thor : la fin d’une saga digne d’une déesse [avis]

(image © Marvel Comics)

Avec La Mort de la Puissante Thor, Jason Aaron met un terme aux aventures de Jane Foster avec des combats épiques autant pour les puissants que pour les petits.
■ par Mad Monkey

 

(image © Marvel Comics)

 

La saga de Jane Foster de Midgard

L’Elfe noir Malekith continue son œuvre de guerre totale contre les royaumes. Mais Odin, le père de tout et souverain des dieux, préfère rester au chevet de son épouse plutôt que de se lancer dans le conflit pour y mettre un terme. Pour autant les manigances du roi des elfes sont le moindre souci des Asgardiens. En effet le jugement ultime a été réveillé suite au défi lancé par Sharra et K’Ythri, les dieux de l’empire Shi’ar, contre la Puissante Thor (à lire dans All-New Thor, tome 3). Le terrible Mangog marche donc vers Asgard et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pas même Volstagg transformé en Thor le Guerrier par la magie du marteau Mjölnir du défunt univers Ultimate (voir All-New Thor, tome 4). Quant à la digne porteuse du Mjölnir de l’univers classique, elle doit cesser de faire tomber la foudre. En effet la chimiothérapie de Jane Foster est inefficace à cause de ses transformations en Thor. Et si elle reprend son marteau encore une fois ce sera sans retour possible, car son corps mortel mourra…

 

(image © Marvel Comics)

 

La divinité questionnée

La Mort de la Puissante Thor est donc la fin du run de Jason Aaron. Et le scénariste continue d’y explorer les thématiques posées depuis le début, bien avant que Jane Foster ne devienne la déesse du tonnerre. Mais aussi au travers de « récits connectés » comme Secret Wars : Thors ou encore Thor — La guerre de l’Indigne, voir même dans une certaine mesure Original Sin. En effet dès l’instant où il prit en main de destin de Thor Odinson lors de la période Marvel Now, le scénariste s’est penché sur la nature de la divinité. Et en particulier son rapport à la dignité en retournant le problème posé habituellement aux croyants. Car Jason Aaron ne cherche pas à savoir comment être digne des dieux, mais si les dieux sont vraiment dignes de nous. Pour cela il n’a pas hésité à utiliser à fond les motifs mythologiques. De ce point de vue l’affrontement en la puissante Thor et les dieux des Sh’iars était intéressant avec ses épreuves d’inspiration biblique où les divinités semblaient cruelles, capricieuses et arrogantes. À l’inverse, Jane Foster sortait au contraire grandie de ses épreuves, non grâce à ses pouvoirs divins, mais en raison de son humanité. Avec La mort de la Puissante Thor, Aaron continue sur sa lancée en utilisant comme antagoniste Mangog, une création du génial Jack Kirby. Mangog est l’incarnation de la colère d’un peuple face aux abus de pouvoir de la divinité, un peu comme Gorr était la réponse d’un dévot face au silence des dieux. Et dès lors il est intéressant de noter que le meilleur espoir des dieux se révèle être une humaine se définissant elle-même comme athée. Pour changer, il est donc demandé aux dieux de prouver qu’ils méritent notre vénération. Et dans cette négation du sacré Jane va jusqu’à refuser « la bénédiction » des dieux qui pourraient pourtant la guérir et choisit d’affronter son cancer comme une simple humaine.

 

(image © Marvel Comics)

 

La dignité de l’humanité

Avec La mort de la Puissante Thor, Jason Aaron amène donc l’histoire de Jane Foster jusqu’à sa conclusion logique. Après tout, on ne peut pas dire qu’on n’avait pas été prévenu dès le départ de l’état de Jane Forster. Pour autant ce n’est pas parce que certains aspects d’une histoire sont connus qu’elle est dénuée de surprise ou d’émotion. Jason Aaron traitant en effet la dimension humaine de son histoire avec le même sérieux que sa dimension divine. Que ce soit dans le « présent » ou au travers de flashback, la maladie et le deuil sont abordés dans leur complexité. Que ce soit dans la façon dont ça peut impacter les malades, mais aussi leur entourage. La difficulté qu’il y a à convaincre les patients de rester à l’hôpital quand ils ne cherchent, et c’est bien normal, qu’à s’en évader. On voit au travers de divers personnages une large palette de réactions : le déni, la volonté de se battre ou au contraire l’acceptation, etc. Mais la force qu’il faut puiser en soit même pour affronter ce genre de maladies. Bien entendu on est dans un récit de superhéros mâtiné de fantasy. (ou de fantasy mâtinée de superhéros ?). Donc même ces passages ont parfois un peu de surréalisme, mais de façon suffisamment discrète pour ne pas être hors de propos. Petit bémol très personnel malgré tout, j’aurai aimé voir Dario Agger et la Roxxxon. Ça aurait été approprié vu qu’ils constituaient les 1ers adversaires de Jane une fois qu’elle ait soulevé Mjölnir, en plus de constituer une menace particulièrement en phase avec les problématiques de notre époque. Mais à ce stade c’est vraiment du chipotage et La Mort De La Puissante Thor offre digne fin au run de Jason Aaron où confronte une dernière fois la puissance éternelle des dieux à la faiblesse des mortels. ■

(image © Marvel Comics, Panini Comics)

La Mort de la Puissante Thor est un comics publié en France chez Panini Comics.