Death Of X est le court prologue à l’event Inhumans vs X-Men. Trop court pour permettre à Charles Soule et Jeff Lemire de développer correctement les nombreux personnages de Death of X. Heureusement, les dessins dynamiques d’Aaron Kuder et Javier Garron et les scènes d’action réussissent à faire oublier le scénario minimaliste.
■ par Christophe Colin
Pendant Infinity, Flèche Noire perd contre Thanos et fait exploser Attilan la cité des Inhumains. Les cristaux de brume tératogène explosent et se dissipent. Cette catastrophe fait apparaitre de nouveaux Inhumains chez la population terrestre. Peu de temps après, une petite équipe de X-Men se rend à l’Île de Muir. Tous les habitants, des scientifiques, sont morts. À l’agonie, Jamie Madrox apprend à Cyclope que la brume tératogène est fatale pour les mutants. Au Japon, après avoir vaincu les troupes d’Hydra, Crystal et sa troupe ont découvert un nouvel Inhumain prénommé Daisuke. Scott contacte alors Hank McCoy pour lui demander de l’aide. Tornade et Médusa s’allient pour contrer ce fléau mais Cyclope envoie un appel télépathique au monde entier désignant les Inhumains comme coupables. Un casus belli qui va plonger les 2 factions, X-Men et Inhumains, dans un conflit d’une violence sans précédent…
Les X-Men méconnaissables
Death of X est une saga courte. Trop courte. C’est probablement la raison pour laquelle les scénaristes Jeff Lemire et Charles Soule ne parviennent malheureusement pas à trouver l’ADN et le charme particulier des titres mutants de Marvel. En 4 petits épisodes, les auteurs abusent de nombreux personnages régulièrement out of character. À commencer par Cyclope, ou plus précisément Emma Frost si on veut être précis, décrit comme un va-t’en guerre simpliste et manichéen. L’ensemble de son équipe est présenté comme des suiveurs qui ne se posent pas de questions. À part Illyana, personne ne semble réfléchir ni s’opposer aux conséquences des actes de leur chef. Autre exemple : les mutants présents ne s’émeuvent pas de la mort de Jamie Madrox et encore moins de celle de Thomas Jones. Après une longue absence et quelques apparitions dans des titres estampillés X, le pauvre revient pour mourir en se sacrifiant pour des frères mutants qu’il ne connait pas. Dans le même ordre d’idée, Death of X fait interagir de nombreux personnages, mais peu ont l’occasion de réellement briller. Chez les X-Men, seuls Tornade, Magnéto, Emma Frost, l’Alchimiste et Cyclope ont un rôle à jouer. La mort de 3 mutants est expédiée bien trop vite. Félina et Guido, des collègues de Madrox au sein de « X-Factor Investigations », ne semblent même pas affectés par sa disparition. La mort de Cyclope a pour seul effet de faire sombrer Emma Frost dans la folie. On ne voit même pas ce que peut ressentir le jeune Scott Summers venu du passé.
Des Inhumains peu exploités
Death of X n’est pas plus tendre avec les Inhumains. À part Médusa, Crystal et Flèche Noire, les autres ne sont que des personnages fonctionnels, pas approfondis. Par exemple, le groupe de Crystal est composé d’adolescents transparents et sans saveur. L’Inhumain qui s’en tire le mieux dans toute cette histoire est Daisuke/Narco qui fait un rude apprentissage de ses nouveaux pouvoirs. À l’image d’Illyana, il doute aussi du bien fondé de sa mission. Les Inhumains ne sont donc pas mieux traité que les X-Men. Un manque de sensibilité de la part des scénaristes Jeff Lemire et Charles Soule qu’on a connu bien plu inspirés que sur ce Death of X. On l’a déjà dit, à part le trio de la famille royale, Médusa/Flèche Noire/Crystal et éventuellement Daisuke/Narco, les autres brillent par leur absence d’émotions.
Au cœur de l’action !
Heureusement, Death of X compense ce scénario indigent par le graphisme dynamique et enthousiasmant d’Aaron Kuder et Javier Garron. Les cadrages des cases sont astucieux. Les scènes de combat sont bien orchestrées et font une large place à l’action. Death of X nous donne l’impression d’être acteur et pas seulement spectateur, de plonger au cœur des combats. Le trait d’Aaron Kuder ressemble beaucoup à celui d’Arthur Adams, et ce n’est as la moindre des références ! La courte apparition de l’Alchimiste, seul mutant à ne pas porter de costume de superhéros, accentue la parenté entre ces 2 artistes. Il est dommage que le personnage de Thomas Jones soit tué aussi rapidement. En 4 numéros, la paire Aaron Kuder/ Javier Garron s’approprie facilement le grand casting de Death of X et parvient à créer de jolies dynamiques de groupes.
Une histoire à suivre dans d’autres titres
Si on y regarde de plus près, Death Of X pâtit surtout de n’être « que » le prologue d’Inhumans vs X-Men et d’être ainsi dépendant de nombreuses autres séries. Ainsi, la réaction du jeune Cyclope aux évènement est développée dans les pages de la 2e série All New X-Men de Dennis Hopeless et Mark Bagley. Dans l’ensemble et malgré son scénario minimaliste, Death Of X reste cependant une minisérie de bonne facture propulsée par le trait audacieux d’Aaron Kuder et de Javier Garron. ■
Death of X est un comics publié en France chez Panini Comics.