Inhumans – La mort des Inhumains : une remise à zéro radicale [avis]

(image © Marvel Comics)

Avec Inhumans – La mort des Inhumains, les Inhumains entrent dans une nouvelle ère. Donny Cates vient solder une décennie d’histoire des Inhumains dans une histoire globalement bien écrite, pleine de suspense et d’action.
■ par Fletcher Arrowsmith

 

 

Inhumans : La mort des Inhumains raconte un génocide, celui du peuple des Inhumains. Dans les 5 numéros composant ce récit intergalactique et violent, la famille royale s’oppose à Vox, un émissaire de mort mandaté par les Krees, soucieux de se débarrasser de leurs créations devenues gênantes. Inhumans : La mort des Inhumains annonce d’entrée de jeu avec son titre la couleur et la teneur du récit. Autant vous rassurer : il n’y a point tromperie sur la marchandise. Réputé pour être un auteur assez radical, Donny Cates (Thanos) ne fait pas dans la dentelle même si un peu plus de nuance et de densité aurait été appréciés.

 

(image © Marvel Comics)

 

Retours aux origines

Inhumans : La mort des Inhumains ressemble plus à un travail de commande qu’à un récit original de Donny Cates. Le créateur de Cosmic Ghost Rider s’en sort néanmoins très bien en proposant du neuf avec du vieux. L’héritage génétique Kree des Inhumains a déjà été traité notamment dans la mini série de Carlos Pacheco et José Ladrönn et puis dans War of Kings. Par contre, reconnaissons à Donny Cates une écriture prenant en compte le passé des Inhumains et notamment les évènements récents. La synthèse qu’il en fait donne de la cohérence à des personnages trop souvent trimballés par des décisions éditoriales aberrantes ces dernières années. Donny Cates explore les terres de Stan Lee et Jack Kirby en mettant en évidence la famille royale de retour au 1er plan telle qu’apparue dans les pages désormais classiques des 4 Fantastiques. Surement pour en finir avec la période Inhumanity, les NuHumans de Charles Soule sont absents de cette histoire et Donny Cates semble peu intéressé à se raccrocher à The Royals de Al Ewing pour parler des récits les plus récents.

 

(image © Marvel Comics)

 

Un casting mal géré

Un comics d’équipe est toujours compliqué à écrire et la plus-value reste la gestion du casting. Dans Inhumans : La mort des Inhumains Donny Cates ne laisse personne sur le banc de touche. Néanmoins le traitement de Flèche Noire écrase le reste des autres personnages, leur laissant finalement des miettes, mais des miettes de luxe. Dans son ensemble la famille royale manque de consistance bien que chaque apparition reste bien dosée et correctement écrite. Autre grief, l’utilisation surprise d’un personnage, fort à propos dans ce récit cosmique. Apparition logique, respectueux du passé du personnage, son apport aurait dû avoir un impact plus puissant. Il sert à faire avancer l’histoire, mais on aurait aimé le voir davantage, endosser un nouveau rôle plus important ou stratégique. Par contre, Donny Cates éblouie dans la création de personnage fort tendance borderline à l’instar de son Comics Ghost Rider. Dans Inhumans : La mort des Inhumains, Vox vole la vedette aux Inhumains et surtout à Flèche Noire. Son l’apparence s’inspire clairement de celle du monarque des Inhumains pendant Earth X, l’extraordinaire saga de Jim Krueger, John Paul Leon et Alex Ross.

 

(image © Marvel Comics)

La résurrection d’Ariel Olivetti.

Dans les années 90, Ariel Olivetti apparait comme un dessinateur particulièrement doué. Depuis il n’a fait que décevoir en adoptant des logiciels informatiques. Le rendu est froid et surtout pas beau du tout, l’artiste s’occupant en plus de sa propre mise en couleur, toujours très fade. Dans Inhumans : La mort des Inhumains, Ariel Olivetti surprend en revenant à son style originel. La colorisation de ses planches a été confiée à l’expérimentée et valeur sûr actuelle, Jordie Bellaire. Néanmoins on peut regretter un manque de décors évident, Ariel Olivetti ayant semble-t-il décider d’assurer en priorité le dessin des personnages. Même si l’action se déroule dans l’espace, la composition des cases se résume bien souvent à des personnages sur des aplats sombres. Notez qu’à l’arrivée cela n’est pas si dérangeant, le trait et les compositions d’Ariel Olivetti se mariant très bien avec le récit. Peut-être un peu trop d’ailleurs, mes réserves sur la densité du récit se retrouvant finalement dans le dessin.

 

(image © Marvel Comics)

 

Une page de l’histoire des Inhumains définitivement tournée

Au fur et à mesure que Inhumans : La mort des Inhumains avance, Donny Cates retombe dans certains de ses travers. Passé la dureté de l’histoire et la mort choc de certains personnages historiques et iconiques, le scénariste en survole les conséquences. Partie pied au plancher, l’histoire se traine. Avec un titre pareil on était en droit d’attendre autre chose, une histoire qui nous aurait plus durablement marqué. Mais la narration reste finalement assez banale, atténuant même les bonnes idées, comme le personnage de Vox et les retournements de situations. Donny Cates a du mal à gérer ses effets, pourtant intéressants tels les origines de Vox. D’ailleurs, la conclusion est brutale et on reste clairement sur notre faim. Finalement, Inhumans : La mort des Inhumains est une histoire bien écrite, avec du suspense et de l’action. Elle vaut essentiellement pour le nouveau changement de statut quo et une remise à zéro du statut des Inhumains près à rentrer dans une nouvelle ère. Malgré une fin abrupte Donny Cates livre un récit mené tambour battant, sans temps mort et surtout qui solde une décennie d’histoires des Inhumains souvent gérées de façon controversées au sein de l’univers Marvel. ■

(image © Marvel Comics, Panini Comics)

Inhumains : la mort des Inhumains est un comics publié en France chez Panini Comics.