Les critiques doopiennes, le « marathon comics » est un défi totalement fou : une review de comic-book par jour ouvré ! Avec pour objectif de tenir le plus longtemps possible ! Pour l’instant ca va, je tiens encore le choc, mais je sens quelques raideurs dans les jambes. Ce qui ne va pas m’empêcher de vous proposer du très lourd cette semaine!
■ par Doop
Les comics au sommaire de cette semaine
Cette semaine je vous propose du très bon. Tout d’abord avec la nouvelle mini-série Goodnight Paradise de Joshua Dysart et Alberto Ponticelli, le duo gagnant du Soldat Inconnu. On analysera ensuite les 6 premiers épisodes de la relance des X-Men par Jonathan Hickman pour se rendre compte que ce n’est pas si mal que ça. Pour faire écho aux sorties récentes, on verra si Injustice Année 2 est aussi bonne que la 1ère (la réponse est oui). On présentera aussi les numéros 1 à 3 de Crossover, la nouvelle série de Donny Cates et Geoff Shaw qui envoie du lourd pour finalement faire un tour dans le Londres des années 60 avec le fantastique David Bowie de Mike Allred ! Des nouveautés VF et VO, des titres hyper-mainstream ou plus confidentiels, de l’inédit, c’est ça les Critiques Doopiennes ! Et c’est reparti pour une nouvelle fournée !
- Goodnight Paradise
- X-Men n°1 à 6
- Injustice Année 2
- Crossover n°1 à 3
- Bowie
Avant propos
Les Critiques Doopiennes, le marathon comics sont le reflet de mes lectures « à chaud » et assurément trop passionnées. Je vous promets toutefois de rester le plus impartial possible, de ne pas mettre de spoilers et de toujours développer mon avis. Une règle immuable : « Lorsqu’on lit une critique, le meilleur moyen de se faire un avis, c’est toujours de lire le comics en question » ! Ces critiques sont surtout là pour vous permettre de découvrir des titres et pourquoi pas, échanger vos opinions sur notre page Facebook. Alors ? Brocoli (comics de qualité notés de 1 à 5) ou Chamois (comics qui ne sent pas très bon) ?
Goodnight Paradise
(Joshua Dysart / Alberto Ponticelli)
Goodnight Paradise : ça raconte quoi ?
Eddie est un sans-abri, alcoolique et sujet à hallucinations, vivant à Venice Beach en Floride. Eddie est un type gentil, sensible et toujours attentifs aux autres. C’est pour cela que lorsqu’il va découvrir le cadavre d’une jeune fille dans une poubelle, il va tout faire pour découvrir la vérité, même si pour y arriver il doit tout brûler sur son passage.
La vérité est dans les détails
Joshua Dysart est connu pour proposer des récits très réalistes et ultra-documentés. Il avait d’ailleurs livré un pur chef d’œuvre avec la série Le Soldat Inconnu, publiée chez Urban Comics dans laquelle il décrivait l’histoire récente de l’Ouganda. Et il était déjà accompagné par Alberto Ponticelli aux dessins. Non seulement Le Soldat Inconnu reste l’une de mes bandes dessinées de référence de ces dernières années, mais ce n’est pas tout. Joshua Dysart a aussi produit de splendides récits pour la maison d’édition Valiant, avec sa trilogie Harbingers, Imperium et Toyo Harada qui font encore une fois partie de ce qui s’est fait de mieux en comics de super-héros récents. Vous l’avez compris, je suis un grand admirateur du travail de ce scénariste qui mériterait d’être beaucoup plus reconnu. Et force est de reconnaître que cette fois-ci encore, le duo composé de J.Dysart et A.Ponticelli nous livre avec Goodnight Paradise un véritable petit bijou. Clairement, on ne trouvera pas plus référencé et plus « vrai » que ce récit sur les personnes sans-abri et leurs terribles conditions de vie. Avec Goodnight Paradise nous voici au plus profond de la misère humaine et chaque personnage qui intervient dans ce récit nous propose un aspect différent et tragique de la condition des sans abri aux Etats-Unis. La noirceur de cette existence est bien évidemment mise en contraste avec la chaleur moite, le soleil et la plage de la ville, tout comme ces feux qui brûlent à l’horizon. Tout semble vrai, pour le plus grand malheur de ceux qui doivent survivre. Il suffit d’un dialogue, d’une image, d’une action pour qu’on réalise à quel point la détresse de ces hommes et femmes se situe au-delà de tout ce que l’on peut imaginer.
L’humanité comme seule échappatoire
Ce que j’aime beaucoup chez le scénariste, c’est surtout qu’en dépit de tous ses défauts, Eddie, le héros de la série est rendu humain par une caractérisation sans failles et honnête. Eddie ne fait pas tout comme il devrait le faire, il n’arrive pas à surmonter ses addictions mais il a un cœur en or. Et c’est ce qui fait toute la différence. Même les personnes qui l’entourent, ces clochards qu’on ne remarque jamais et devant lesquels personne ne s’arrête possèdent une lumière intérieure. C’est ce qui est parfaitement rendu ici avec les caractérisations impeccables du scénariste dans Goodnight Paradise. Mais attention, Goodnight Paradise n’est pas qu’un récit sur les sans-abris, c’est avant tout une histoire policière.
Vous en voulez en noir ?
Derrière cette toile de fond, les deux artistes nous proposent en effet un récit haletant, qui alterne les révélations et les rebondissements. L’intrigue peut sembler classique, on a déjà vu ça mais clairement, dès que l’on est un peu rentré dans l’histoire (et cela ne prend pas longtemps avec Goodnight Paradise), on ne peut plus lâcher ce comics. On pourrait comparer un peu Goodnight Paradise à un titre du tandem Ed Brubaker/Sean Phillips ou à 100 Bullets pour son côté violent et sans concession sur la lâcheté et la vanité humaine. L’enquête, ses tenants et ses aboutissants ne sont certes pas originaux mais le traitement et la qualité d’écriture rend Goodnight Paradise assez différent de ce que l’on a pu lire là-dessus.
Des dessins parfaitement adaptés
Et il faut dire aussi qu’Alberto Ponticelli assure. Ses dessins (il utilise en réalité 2 palettes de couleur et 2 styles différents, un pour les flashbacks et un pour le présent) sont juste impeccables. Il retranscrit parfaitement tout le côté sordide des conditions de vie et donne à ses personnages un design rapidement reconnaissable. Je le trouve peut-être un tout petit peu moins précis que dans Le Soldat Inconnu mais c’est d’une très grande qualité. Alberto Ponticelli n’hésite pas à nous montrer toute la violence de ce monde et il nous la fait subir de plein fouet, sans aucun filtre. Goodnight Paradise n’est donc vraiment pas conseillé pour un public sensible. En dehors de la violence inhérente à l’histoire, certaines scènes sont vraiment très dures. Mais c’est nécessaire, même si on peut remercier les 2 auteurs pour ne jamais tomber dans le sordide. Ils nous montrent simplement la réalité telle qu’elle est et ne cherchent jamais à nous choquer, simplement à nous en faire prendre conscience.
Vous l’aurez compris, Goodnight Paradise est un superbe comics. Encore une réussite estampillée TKO, un nouvel éditeur qui pour l’instant nous a proposé de très bons récits (Sara, Sentient). Je continue à préférer Le Soldat Inconnu, mais en tout cas, la lecture de Goodnight Paradise est plus que recommandée et ne pourra pas vous laisser de marbre.
Goodnight Paradise est une série en 6 épisodes publiée par TKO Studios et disponible bientôt en France chez Panini Comics.
La suite ? C'est maintenant avec les X-Men de Jonathan Hickman
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