Critiques doopiennes, le marathon comics : semaine 3 !

Alienated

(Si Spurrier/Chris Wildgoose)

Critiques Doopiennes semaine 3
(image : © Boom Studios)

Alienated : Ça raconte quoi ?

Les 3 Sam (Samuel, Samantha et Samir) sont des lycéens un peu mis à l’écart. Ils ne se connaissaient pas, sont plutôt solitaires mais doivent toutefois subir les humiliations d’un de leurs camarades de classe, Leon, une grosse brute. Alors que nos 3 Sam sont dans les bois et se découvrent la même passion pour Waxy, un youtubeur star qui fait des blagues sur internet, ils découvrent une étrange chose accrochée à un arbre. Il s’agit d’une créature extraterrestre qui va leur donner d’immenses pouvoirs.

A grands pouvoirs

Si Spurrier est certainement l’un des meilleurs scénaristes actuels. Il avait livré la splendide série Legion avec Tan eng Huat où il avait totalement poussé les limites du personnage. Très original, je le classe à mon sens dans la ligne des auteurs « Vertigo », même si cela n’existe plus. Avec Alienated, il nous propose de voir ce que ferait réellement un adolescent de notre époque s’il était muni de pouvoirs qui défiaient l’imagination. Et la réponse n’est pas terrible. Lorsque Peter Parker se proposait de combattre le crime, chacun de nos 3 héros va utiliser l’extraterrestre pour régler uniquement ses problèmes personnels. L’une cherchera à se venger de son ancien petit ami, l’autre ira faire du mal à un père qui l’a abandonné tandis qu’un 3e va vouloir s’en prendre au monde entier, ce monde qui ne veut pas reconnaître ses talents de vidéaste amateur. Alienated nous dresse véritablement le portrait des adolescents d’aujourd’hui : autocentrés, égoïstes, intéressés par leur nombril uniquement et souvent inconscients des conséquences de leurs actes. Après, la peinture est sévère mais Si Spurrier arrive toutefois à nous le rendre un peu attachants. Pas de grosse surprise, il utilise les soucis familiaux et psychologiques pour expliquer leurs actions. En fait, Alienated c’est un peu la version d’ET en 2020. Si le gentil extraterrestre avait débarqué à notre époque, nul doute que l’histoire aurait été totalement différente. On n’est plus à l’ère de la magie de Spielberg, maintenant, ce sont les réseaux sociaux et la gratification immédiate et instantanée, la quête de reconnaissance à tout prix.

Un cheminement spirituel

Après, et ce qui est totalement réussi avec Alienated, c’est que certains de nos héros vont évoluer. Le message se veut plutôt optimiste finalement, dans la mesure où certains des personnages, totalement effarés par leurs actions, vont tout simplement grandir. « Nous sommes jeunes, c’est la seule excuse que nous avons » est l’une des phrases qui clôt le livre, et c’est tout à fait ça. De fait, Alienated se lit plutôt comme un passage de l’adolescence vers la maturité, rapide pour certains, impossible pour d’autres mais toujours tragique. La galerie de personnage est bien vue, même si l’on ne se concentre globalement que sur nos 3 Sam et quelques-unes de leurs victimes potentielles. Si Spurrier a vraiment réussi à capter l’air du temps. Après, je n’ai pas retrouvé dans Alienated le cynisme et l’aspect un peu fou des récits précédents du scénariste, mais quand on y réfléchit, c’est justement ce traitement assez plat qui en fait toute sa subversivité.

Graphiquement au top

Aux dessins, un nouveau venu pour ma part, Chris Wildgoose, dont les planches m’ont vraiment enchanté. Les traits sont fins, clairs, et le design de l’extraterrestre est tout simplement génial. Son apparence protéiforme, mélange entre un poulpe et Xorn des X-Men représente parfaitement les nouvelles technologies, les bras tentaculaires de la créature pouvant faire référence aux liens et aux câbles d’ordinateurs. C’est d’ailleurs dommage que ce dernier ne soit pas autant développé que les protagonistes humains. Chris Wildgoose a, à mon sens, parfaitement réussi à croquer les adolescents d’aujourd’hui, un peu comme avait pu le faire June Brigman dans les années 80 avec Power Pack. Alienated est donc un comics parfaitement réussi, qui dresse un portrait fin et sensible des problèmes de maintenant avec tout un discours sur la place des médias et de la reconnaissance dans un monde hyper connecté. C’est un comics très conseillé, publié en France par la talentueuse maison d’édition Hi Comics, qui a toujours le nez creux pour nous dénicher de véritables petites pépites.

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Alienated  contient les 6 épisodes de la mini-série Alienated publiée aux Etats-Unis par Boom Studis et en France par Hi Comics.

Critiques Doopiennes semaine 3
(image : © Boom Studios)

 

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A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.