Dans cette nouvelle rubrique, je vous propose un défi totalement fou, un marathon de malade : une critique comics par jour ouvré ! Une seule contrainte : tenir le plus longtemps possible ! Et j’en suis à ma 3e semaine. Facile (pour le moment).
■ par Doop
Les comics au sommaire de cette semaine
Cette semaine, on aborde notre troisième étape avec une critique toute chaude d’un comics sorti la semaine dernière chez Delcourt : Undiscovered Country. On fera aussi une critique de 4 sorties très récentes. 3 en VF avec Alienated de Si Spurrier, La suite d’ Immortal Hulk dont les prochains volumes vont être en quelque sorte notre fil rougede ces critiques doopiennes pendant quelques semaines et Wonder Woman Dead Earth qui sont à des degrés divers des comics réussis. Mais on se fera quand même plaisir avec la nouvelle sortie VO de Steve Skoce, Post Americana, qui en dépit d’un graphisme excellent nous prouve une fois de plus que l’auteur n’a rien à dire. Ça sent peut-être le chamois !
- Undiscovered Country vol 1
- Alienated
- Post americana 1
- Immortal Hulk vol. 3
- Wonder Woman Dead Earth
Avant propos
Les Critiques Doopiennes, le marathon comics est un défi assez fou : faire le plus longtemps possible une critique comics par jour ouvré, les 5 étant regroupées dans une chronique hebdomadaire. Elles sont le reflet de mes lectures « à chaud » et assurément trop passionnées. Je vous promets toutefois de rester le plus impartial possible, de ne pas mettre de spoilers et de toujours développer mon avis. Une règle immuable : « Lorsqu’on lit une critique, le meilleur moyen de se faire un avis, c’est toujours de lire le comics en question » ! Ces critiques sont surtout là pour vous permettre de découvrir des titres et pourquoi pas, échanger vos opinions sur notre page Facebook. Alors ? Brocoli (comics de qualité notés de 1 à 5) ou chamois (comics qui ne sent pas très bon) ? C’est parti !
Undiscovered Country
(Scott Snyder-Charles Soule/Giuseppe Camuncoli)
Undiscovered Country : ça raconte quoi ?
Nous voici autour des années 2060. 30 ans après la fermeture des États-Unis dans ce que l’on appelle « Le Scellage ». Depuis toutes ces années, plus personne n’est au courant de ce qui se passe dans ce pays. Il n’y a plus de communication, plus aucun échange. Impossible de voir derrière ces grands murs érigés autour du pays. Le monde est de plus ravagé par un virus meurtrier. C’est alors que les 2 grandes puissances au pouvoir, l’Alliance Euro-Africaine et la Prospérité Panasiatique reçoivent un message des USA : ils auraient découvert le vaccin ! Il va donc falloir qu’une équipe entre dans ce pays désormais inconnu et maudit ! Et il faudra vivre… ou mourir !
Un a priori défavorable
Sincèrement, j’ai hésité avant de prendre ce livre. Parce que Scott Snyder et Charles Soule ne sont pas vraiment des auteurs que j’apprécie énormément. Ils ont connu de réelles réussites, mais concrètement, les traitement du Batman par S.Snyder et celui de Daredevil par C.Soule m’ont éloigné de ces personnages, qui font pourtant partie de mes préférés. Donc autant dire que je n’étais pas intéressé au premier abord. Mais j’ai quand-même décidé de donner une chance à ce comics, dans la mesure où quand il s’agit de leurs propres projets, ces 2 auteurs se débrouillent plutôt pas mal. J’avais découvert Charles Soule avec le très réussi Letter 44 et les quelques projets Image Comics de Scott Snyder (Wytches) m’avaient plu0. Quant au dessinateur, il s’agit de Giuseppe Camuncoli, qui a le vent en poupe depuis quelques années et son run sur Spider-Man, même si j’ai tendance à préférer son travail un peu plus antérieur, notamment sur Hellblazer version Peter Milligan. Et quand j’ai vu ce comics dans les rayons, eh bien il m’a tout simplement fait de l’œil ! Peut-être par son format un peu plus grand que d’habitude, peut-être parce qu’il semblait y avoir quelques bonus. En tout cas je l’ai acheté, et globalement c’est plutôt pas mal !
Un trip à la Mad Max… mais pas que
Lorsqu’on commence à lire Undiscovered Country, les références à Mad Max viennent immédiatement à l’esprit ! Notre équipe de sauveteurs, envoyés dans ces Etats-Unis sauvages, désertiques et dirigés par des gangs difformes et sans pitié, va devoir affronter toute sorte de créatures hybrides et repoussantes, génétiquement modifiées. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus interpellé au départ : comment en 30 ans le système a-t-il pu s’effondrer ainsi et faire qu’il ne reste quasiment rien debout ? Mais les auteurs, malins, nous donnent l’explication au fil du comics. Mais réduire Undiscovered Country a uniquement un comics de survie apocalyptique est un peu réducteur. Car l’équipe formée des 7 personnes envoyée là-bas est vraiment bien définie au fil des pages. On y trouve un mercenaire qui a déjà franchi le fameux mur, sa sœur qui est virologiste, deux représentants des conglomérats, une journaliste, un spécialiste des USA et un militaire. Si le focus s’effectue plutôt sur les 2 frangins, chacun des intervenants aura droit à son petit moment de gloire ou d’exposition dans des flashbacks qui certes, plombent un peu le récit, mais qui apportent cette fois-ci véritablement quelque chose. Vous connaissez ma détestation pour les flashbacks, la plaie de l’écriture moderne, souvent inutile. Les relations entre les personnages prennent une tournure agréable, intéressante et on commence à se prendre au jeu. D’ailleurs, j’ai l’impression que le comics lorgne plus vers un Letter 44 que vers The Batman Who laughs. Et c’est tant mieux ! Si je reconnais immédiatement Charles Soule dans l’écriture, j’ai un peu plus de mal à y retrouver du Scott Snyder. Après, il y a quand-même quelques zones d’ombre dans ce Undiscovered Country.
Un comics pas trop politisé… au début
J’adore les comics qui font de la politique, qui ont une thèse à défendre. En revanche, je déteste ça lorsque cela devient lourd, évident ou sans aucune nuance. Et c’est aussi ce qui m’avait fait un peu peur au départ. Parce que des Etats-Unis enfermés derrière un mur, comment dire ? La charge est déjà évidente. Et à ma grande surprise, les 2 scénaristes n’en font pas des caisses. Les références et les points de vue sont placés avec parcimonie et renforcent, à mon sens, leur discours. Il y a des images poignantes de prisonniers cherchant à monter un mur sanglant et quelques références par-ci par-là qui fonctionnent sans que cela vienne surcharger l’histoire. Après, l’ensemble reste quand-même assez mystérieux et souvent un peu embourbé dans du texte pas toujours très clair. Pour l’instant, je dois vous avouer que je ne comprends rien à l’organisation du pays et à ce que représente cette fameuse spirale, si importante. Alors certes, on pourra arguer qu’il faudra lire la suite, mais bon, disons que pour le moment c’est tellement mal détaillé que cela ne rassure pas. On ne peut pas savoir si les auteurs ont déjà une histoire définie dans leur tête ou s’ils ont délibérément laissé des pistes pour pouvoir improviser. Je n’ai pas vraiment aimé le dernier épisode. Après une scène épique où l’un des prisonniers arrive à franchir le mur, j’ai trouvé que Undiscovered Country commence à se prendre les pieds dans le tapis. Réactions un peu bizarres des personnages pour justifier la suite de l’histoire, discours un peu trop pompeux sur les forces des Etats-Unis, cela m’a gâché un peu la lecture.
Et c’est dommage, parce que le dessin de Giuseppe Camuncoli est un des points forts de la série. Alors certes, ses passages chez Marvel et DC ont un peu gommé ses spécificités, son dessin est devenu un peu plus mainstream qu’auparavant, mais il reste un excellent artisan et surtout, un concepteur hors pair. L’univers de Undiscovered Country est superbement rendu et lui doit énormément ! Un bon comics assurément, mais dont les qualités sont, à mon sens en tout cas, un peu gâchées par une fin trop rapide et un peu convenue. A suivre toutefois, je serai présent pour le 2e volume.
Undiscovered Country T1 contient les épisodes n°1 à 6 de Undiscovered Country, une série publiée par Image Comics. La publication française est assurée ici par Delcourt.
La suite ? Alienated !