[Avant-première] Maestros : le comics effréné et jouissif de Steve Skroce

Steve Skroce nous livre avec Maestros un récit complet, fun et outrancier avançant à cent à l’heure dans un nouvel univers de fantasy où tout semble permis
■ par Mad Monkey

Notre père qui est odieux

Meethra Kahzar, le Maestro, le sorcier le plus puissant de tous les univers a été assassiné assez salement et avec lui ses nombreuses épouses ainsi que sa descendance. Bref la lignée des Maestros, la plus puissante famille royale qui n’ai jamais été, n’est plus. Seule reste encore Margaret, l’ex-femme terrienne de Meethra, mais aussi William, un fils qu’il a banni dans notre monde et qui y gagne sa vie en transformant magiquement les micropénis de riches clients en vigoureux gourdins de 24 cm. Après avoir lui-même échappé à une tentative d’assassinat, voilà le jeune homme rappelé pour succéder son père. Car Will est désormais le seigneur légitime de… plus ou moins toute la création. Malheureusement pour lui son prédécesseur était une sacrée raclure imbue de lui-même, du coup en plus du pouvoir, le nouveau roi-sorcier hérite aussi des ennemis de son paternel. De plus, le jeune souverain entend apporter un certain nombre de réformes aux royaumes infinis. Aussi à peine est-il couronné qu’on commence déjà à comploter sa chute…

 

 

« Avec de grands pouvoirs vient une bonne grosse attitude de merde. »

Parce que, voyez-vous, Will vient d’un monde sans magie, et surtout sans mages. Un monde où on ne risque pas d’être foudroyé sur place pour avoir exprimé son désaccord. Et de cet univers il a rapporté quelques idées nouvelles comme… l’interdiction de l’esclavage, un impôt justement réparti, l’existence de droits inaliénables, etc. Bref, le respect de traditions moyenâgeuses n’est pas sa priorité. En plus, grâce aux méthodes d’éducation de son père il a acquis la certitude que le pouvoir corrompt. Or les mondes régis par les Maestros, bien que riches en possibilités, sont avant tout organisés autour de la loi du plus fort, les plus forts étant naturellement les mages les plus puissants. Aussi William va-t-il tenter d’utiliser sa position au sommet de la chaine alimentaire pour lancer un programme de « réformes Khaleesi » au bénéfice du bien commun. Mais le bien commun ça n’intéresse pas de surpuissants sorciers millénaires habitués à un certain « art de vivre » (franchement qui n’apprécie pas de prendre un petit bain de sang de temps à autre ?). Will devra donc faire face à une forte résistance, ses ennemis étant prêts à tout pour accéder au pouvoir absolu et imposer leurs visions à la réalité.

 

 

Ils créèrent le foutoir et virent que c’était bon

Ou plutôt aux réalités. En effet, Steve Skroce, qui officie sur Maestros aussi bien au scénario qu’au dessin, semble avoir lâché la bride à son imagination. Elfes, démons, sorciers zombis, abominations innommables, femmes poulpes et hommes cactus… tout semble possible dans les royaumes magiques. Et l’ensemble est très richement illustré. Que ce soit pour les personnages bien entendu, mais aussi pour les décors et les costumes où se mêlent différentes influences. L’artiste piochant allègrement dans les références antiques, les couvertures de pulps, l’Art nouveau et encore bien d’autres choses… Bref tout est fait pour nous dépayser, évoquer un univers onirique et over the top. D’ailleurs le contraste entre les royaumes magiques et notre terre est assez parlant. La vie ici-bas semble bien fade et tranquille en comparaison du rythme effréné et assez jouissif qu’offrent les péripéties de William dans les royaumes supérieurs, et ce bien que ce soit souvent mortel… ■

Maestros sort le 23 janvier 2019 chez Hi Comics au prix de 17,90 €. Ce volume de 128 pages scénarisé et dessiné par Steve Skroce, contient les épisodes 1 à 7 de la série, originellement publiée chez Images Comics à partir du 18 octobre 2017. La série a été nominée aux Eisner Awards « Best New Series ».