
Encore un nouveau Superman, direz-vous ? Eh oui, l’Homme d’Acier repart pour un tour, cette fois sous la houlette de James Gunn qui inaugure son tout nouveau DC Universe avec un long-métrage qui sent bon le renouveau et le soleil qui brille. David Corenswet enfile la cape et les collants pour la première fois, dans la peau d’un Superman plus jeune, plus naïf, plus lumineux aussi : bref, un type qui croit encore que le monde peut être sauvé à coups de sourires et de bienveillance. Face à lui : un monde dur, cynique et post-Snyder. Ça promet des étincelles. Et spoiler : ça fonctionne.
Évidemment, les comparaisons avec le Man of Steel de Zack Snyder n’ont pas attendu la sortie du film pour inonder Internet. Depuis l’annonce du projet de Gunn, c’est à qui fera le meilleur tweet entre les pro-Gunn et les nostalgiques du Superman bourrin façon « Dieu parmi les hommes qui fait la gueule ». Maintenant que le film est en salles, chacun peut se faire son idée. Mais soyons honnêtes : le film de James Gunn aligne quand même plusieurs points où il fait mieux. Vraiment mieux.
Fini le Superman dépressif sous filtre gris

On a beaucoup reproché à Zack Snyder son amour immodéré pour les ombres, les orages, et les héros qui froncent les sourcils plus qu’ils ne sauvent des gens. Man of Steel n’était pas aussi plombant que Batman v Superman, mais on était quand même à mille lieues du Superman de Christopher Reeve. Adieu couleurs primaires, bonjour palettes désaturées. On nous promettait un symbole d’espoir, et on a eu un extraterrestre tourmenté qui passe son temps à se demander s’il a le droit d’exister. Ambiance. À tel point que Warner a fini par se dire qu’il fallait peut-être arrêter de tout filmer comme une pub pour parfum triste.
Et Superman (2025), c’est l’antidote. Couleurs éclatantes, soleil au zénith, envolées héroïques à contre-jour : visuellement, c’est un retour aux grandes heures des comics des années 50 et 60. Mais surtout, c’est dans l’attitude que ça change : David Corenswet incarne un Superman qui sourit. Qui tend la main. Qui croit vraiment que l’humanité mérite d’être sauvée, même quand elle fait n’importe quoi. Pas de cynisme, pas de pose christique sur fond de désespoir : juste un type bien, dans un monde compliqué. Et mine de rien, ça fait un bien fou. Ce n’est pas juste un Superman lumineux, c’est un Superman qui éclaire.
Clark & Lois : cette fois, on y croit (et on y tient)

Rien contre Henry Cavill ni Amy Adams, hein. Ce sont de bons acteurs. Très bons, même. Mais leur romance dans le DCEU ? Un peu comme si on avait lancé une pub pour parfum en plein milieu d’un blockbuster. Rencontre express, coup de foudre express, et paf : couple officiel. À peine avaient-ils échangé trois phrases qu’on voulait déjà nous faire pleurer sur leur amour impossible. Le souci, c’est qu’on ne ressent jamais vraiment ce qui les lie, ni pourquoi leur relation devrait nous émouvoir. Résultat : le drame qui s’en suit dans les films suivants tombe à plat. C’est beau sur le papier, mais à l’écran, c’est un peu tiède.
Et là débarquent David Corenswet et Rachel Brosnahan. Et tout à coup, on comprend pourquoi Clark aime Lois, et pourquoi elle pourrait tomber (lentement) amoureuse d’un gars venu de l’espace. La vraie bonne idée du film, c’est de raconter leur relation à travers les yeux de Lois : journaliste chevronnée, lucide, et pas du tout impressionnée par les biscotos. Leur duo fonctionne parce qu’il ne devrait pas fonctionner. Ils se cherchent, se frottent, s’opposent… et finissent par se comprendre. Et franchement, ce genre de tension émotionnelle, ça vaut tous les ralentis de Zack Snyder. En un seul film, cette version de Clark et Lois réussit à faire ce que l’autre n’a jamais su faire : nous donner envie de les suivre.

Superman en costume… et pas seulement pour le dernier quart d’heure

C’est un drame récurrent des films Superman : il passe la moitié du métrage à se chercher, à hésiter, à philosopher avec ses parents (vivants, morts ou fantômes), à regarder l’horizon, puis à enfiler son costume… juste avant le générique de fin. Man of Steel n’échappe pas à la règle : entre les flashbacks, les crises existentielles et le manuel de survie kryptonien niveau terminale S, on se retrouve avec un Superman qui passe plus de temps à errer qu’à sauver le monde. Résultat : peu de scènes d’action iconiques, et un Superman qui semble presque étranger à sa propre légende.
Avec James Gunn, pas de blabla inutile : on zappe l’origin story (merci !) et on balance direct Superman dans le feu de l’action. Et là, on en prend plein les mirettes. David Corenswet joue un Superman qui vole, cogne, sauve des civils, retient des immeubles, sauve des enfants, et même… un écureuil. Oui, un écureuil. Parce qu’un vrai Superman ne choisit pas qui mérite d’être sauvé. Le film regorge de séquences héroïques, parfois spectaculaires, parfois simplement touchantes. Et mine de rien, ça change tout. En un film, ce Superman devient plus concret, plus humain, plus… super, que dans les trois derniers réunis. C’est dire.
Une histoire plus fluide (enfin !)
Soyons francs : Man of Steel, niveau narration, on avait parfois l’impression de lire un comics dans le désordre. Les flashbacks tombaient toutes les cinq minutes, comme des pubs mal calées. À croire que Zack Snyder n’avait pas vraiment confiance dans la linéarité. Résultat : on passe une bonne partie du film à revenir dans le passé, encore et encore, jusqu’à ne plus trop savoir où on en est dans le présent. Oui, c’est censé construire le personnage. Mais à force, ça casse le rythme. Et un film qui rame au bout de vingt minutes, ça fait désordre pour un type censé voler plus vite qu’une balle.
Chez James Gunn, c’est l’inverse : ça trace. L’histoire file droit, avec un tempo bien maîtrisé, des scènes qui s’enchaînent sans flou artistique ni pause nostalgique mal placée. Chaque séquence sert l’intrigue, chaque rebondissement te pousse vers le suivant, et le film ne te laisse jamais sur le bord de la route en te demandant « Mais au fait, on en est où là ? » À la place, tu profites d’une montée en puissance bien gérée, avec un final qui te laisse le sourire aux lèvres. Comme quoi, raconter une histoire claire et efficace, ça reste un superpouvoir.
