Lee Bermejo Inside : un artbook exclusif pour une plongée intime dans la carrière d’un auteur sombre et torturé

lee bermejo inside
(image © DC Comics)

En parallèle à Batman : Damned et Joker, Urban Comics met Lee Bermejo à l’honneur avec un beau livre de qualité : Lee Bermejo Inside. L’éditeur réalise lui-même cet artbook, complètement inédit ailleurs. Découvrons cette exclusivité française qui plonge dans la riche carrière d’un auteur atypique, avec autant de belles images que d’entretiens pertinents.
■ par Ben Wawe

 

lee bermejo inside
(image © DC Comics)

 

Un artiste intense

Le trait de Lee Bermejo se reconnait au 1er coup d’œil. Son dessin est propre, unique. Intense. Il y a plus de 20 ans, le dessinateur américain commence sa carrière dans les studios WildStorm, acquiert rapidement une réputation et une aura qui dépassent cet homme doux et discret. Beau paradoxe, car le style de Lee Bermejo est, lui, direct, sombre, brutal. Sale, poisseux, réaliste. Ses superhéros ont des costumes crédibles, ses supervilains terrifient parce qu’ils font humain. On « croit » à ses pages, à la brutalité des coups, à la réalité de ses villes et mouvements. Lee Bermejo s’inspire de peintres, mais ses planches sont également proches de photographies stylisées. Qu’on n’adhère ou pas, il faut reconnaitre que Lee Bermejo est un artiste atypique, autodidacte et surtout passionnant. Lee Bermejo Inside l’illustre très bien.

 

lee bermejo inside
(image © DC Comics)

 

(Re)découvrir une riche carrière

Au-delà du plaisir de parcourir un beau livre, Lee Bermejo Inside conteste l’idée répandue que Lee Bermejo produit peu. L’auteur commence en 1998 dans les studios WildStorm, où les collaborateurs travaillent et vivent dans le même bâtiment. Une ambiance familiale qui accompagne un auteur rapidement autonome. Les 13 chapitres de Lee Bermejo Inside illustrent les 22 ans d’une carrière constante, active. Superman/Gen13 et Batman/Deathblow actent la transition vers DC Comics, avant l’explosion Lex Luthor : Man of Steel en 2005 avec Brian Azzarello. Le scénariste devient partenaire régulier de Lee Bermejo, duo efficace et complémentaire alors que l’artiste poursuit son histoire d’amour avec DC Comics (Wednesday Comics, Before Watchmen : Rorschach, etc.). Lee Bermejo Inside souligne également son passage progressif vers le statut d’auteur complet, avec Batman : Noël dessiné et écrit seul ; puis We Are Robin, qu’il scénarise uniquement. En parallèle, il lance sa saga indépendante Suiciders, où il alterne les postes. Et enfin Batman : Damned, évènement de cette fin 2019.

 

lee bermejo inside
(image © DC Comics)

 

Des entretiens précis et pertinents

L’éditrice Sarah Chantepie mène les entretiens qui rythment Lee Bermejo Inside. La présentation chronologique de sa carrière, avec encarts de discussions avec l’auteur, permet de mieux comprendre l’avancée du style artistique et son approche du médium. On sait Lee Bermejo capable de jeter ses crayons lors d’un différend sur la manière d’illustrer une ville fictive. Mais l’artiste s’apaise pour réfléchir son rapport aux comics. Chaque chapitre s’achève sur le témoignage d’un proche, qui conclue la période illustrée avec quelques anecdotes. Carlos d’Anda, Adam Hughes, Dustin Nguyen, John Arcudi et d’autres complimentent évidemment Lee Bermejo, mais livrent aussi des portraits pertinents de l’artiste.

 

lee bermejo inside
(image © DC Comics)

 

Batman au centre

Lee Bermejo est centré sur le réalisme, la violence crue du quotidien. Son lien avec Batman est évident. Dès 2002 il le croque dans le crossover avec Deathblow, mais c’est dès Lex Luthor : Man of Steel puis Joker en 2008 qu’ils deviennent inséparables. Brian Azzarello et Lee Bermejo deviennent « partenaires de crime », et ne se quitteront quasiment plus, signant encore ensemble Batman : Damned. La présence de Brian Azzarello rythme la lecture de Lee Bermejo Inside, car il signe l’introduction mais aussi 2 témoignages pertinents. L’on comprend l’ampleur de leurs liens amicaux, mais aussi leur fascination pour Batman. Qui semble littéralement hanter Lee Bermejo, au point que plusieurs aspects de son œuvre Suiciders raisonnent avec le Chevalier Noir.

 

lee bermejo inside
(image © DC Comics)

 

Un artbook d’exception

Lee Bermejo Inside est un beau livre, un grand format avec une édition soignée et magnifique. Urban Comics édite ici son 1er artbook original, et c’est une réussite. Les entretiens sont pertinents, et la reproduction des planches et illustrations à cette taille fonctionne complètement. Le lecteur a un panorama complet et passionnant de la carrière de Lee Bermejo, avec même la reproduction complète de son segment Batman : Black & White ! Urban Comics prend aussi la peine de présenter ses autres projets, couvertures autant que piges dans d’autres séries. Le passage important sur son œuvre Suiciders, plus confidentielle que ses grands hits, est aussi apprécié pour mieux connaitre l’auteur. Lee Bermejo Inside apparait clairement comme un passage obligé pour les fans du dessinateur, mais aussi les lecteurs de comics curieux de belles planches et d’entretiens intéressants. Bravo à Urban Comics pour ce qui se retrouvera surement sous plusieurs sapins à Noël !

lee bermejo inside
‘image © DC Comics, Urban Comics)

Lee Bermejo Inside – En terrain obscur est un artbook publié en France chez Urban Comics.

 

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(image © DC Comics)