10 raisons pour lesquelles le Superman de James Gunn atomise Man of Steel

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Un vrai Jonathan Kent, cette fois (et sans tornade débile)

On ne va pas refaire le procès de Man of Steel, mais soyons honnêtes deux secondes : ce pauvre Jonathan Kent méritait mieux. Kevin Costner ou pas, son personnage passait plus de temps à flipper qu’à élever un héros. Son grand message à Clark ? “Cache-toi. Ne sauve personne. Laisse les gens crever, au cas où.” Classe. Et quand vient le moment fatidique, au lieu de dire à son gamin de faire ce qu’il sait faire (voler, sauver, incarner l’espoir, tu te souviens ?), il lui fait signe de rester à l’écart… et se fait emporter par une tornade. Volontairement. Non, vraiment. C’était écrit comme ça. Même les fans de Zack Snyder ont eu du mal à digérer la scène.

Dans Superman (2025), Jonathan Kent parle moins… mais il parle bien. Pruitt Taylor Vince l’incarne avec douceur, pudeur, et une bienveillance palpable. C’est pas le genre à sortir des grandes phrases à graver dans le marbre. Lui, il plante des idées. Il encourage son fils à être un modèle, pas une arme. Et mine de rien, ça change tout. Sa relation avec Clark donne au film un cœur battant, humain, chaleureux.

Plus humain que kryptonien : et c’est ça qui change tout

Techniquement, Clark Kent vient de Krypton. Biologiquement, OK. Mais humainement parlant ? Il a grandi dans une ferme, pas dans une capsule spatiale. Il a appris à faire du vélo avant de voler. Et surtout, il a été élevé par Jonathan et Martha Kent, pas par un hologramme de Jor-El. Dans Superman (2025), c’est cette tension-là qui est au cœur du récit : Clark tente de faire le bien dans un monde qui doute de lui, et les choses s’effondrent quand le public apprend qu’il a été envoyé sur Terre non pas pour la protéger, mais potentiellement pour la conquérir. Pourtant, au lieu de fuir ses origines, Clark choisit ce qu’il veut être. Et ce qu’il choisit d’être, c’est humain. Profondément. Définitivement. Et c’est beau.

Chez Zack Snyder, la bascule est inverse. Clark passe son temps à s’interroger sur ce qu’il est, à se méfier de ceux qu’il veut protéger. Il est un extraterrestre avant d’être un homme. L’idée n’est pas inintéressante, mais elle tient tout son arc à distance : on a plus l’impression d’assister à un dilemme métaphysique qu’à l’éveil d’un héros. À l’inverse, David Corenswet nous offre un Superman qui doute, oui, mais qui aime aussi. Qui s’engage. Qui reste malgré tout. Et en faisant de son humanité sa force, et non son handicap, Superman version 2025 retrouve ce qui fait battre le cœur du personnage. Le symbole sur sa poitrine n’est plus un logo extraterrestre, mais un miroir tendu à l’humanité. Et là, on dit bravo.

Pour finir

James Gunn ne réinvente pas Superman. Il le remet à sa juste place. Au centre. Lumineux, humain, inspirant. Là où Man of Steel s’égarait dans les tourments de l’âme kryptonienne, Superman (2025) rappelle que ce héros, ce n’est pas un dieu tombé du ciel, mais un homme qui choisit d’en devenir un. En moins de deux heures trente, James Gunn coche toutes les cases du film de super-héros réussi… et raye au passage pas mal des mauvaises habitudes du DCEU. Il reste encore beaucoup à bâtir pour son nouveau DC Universe, mais avec ce Superman-là pour poser la première pierre, on a envie d’y croire. Et ça faisait longtemps qu’on n’avait pas dit ça.




A propos Stéphane 764 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.