10 raisons pour lesquelles le Superman de James Gunn atomise Man of Steel

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Le Superman de James Gunn assume ses origines

À l’époque où Man of Steel est sorti, Hollywood avait décrété que les super-héros devaient être sérieux, torturés, et surtout très réalistes. Il fallait qu’on y croie, bordel ! Du coup, Zack Snyder nous a servi un Superman en mode gris anthracite, avec un logo “S” qui devait symboliser l’espoir, mais qui ressemblait surtout à une tentative désespérée de justifier l’injustifiable : pourquoi ce garçon en pyjama vole-t-il ? Pour faire sérieux, on te relookait Clark Kent, et on te déplaçait la mythologie kryptonienne dans un univers qui ressemblait à un mix entre Matrix et un documentaire sur la géopolitique de l’ère post-9/11. Sympa, mais un peu plombant, non ?

James Gunn, lui, a pris les comics sous le bras et les a claqués directement à l’écran, sans filtre ni prise de tête. Tu veux des monstres géants qui détruisent la ville sans qu’on t’explique pourquoi ? Tu les as. Des singes farceurs issus d’univers parallèles ? Bien sûr. Des couleurs, des idées dingues, des concepts à dormir debout ? Tu veux du comicbook ? T’en as pour ton argent. Et tu sais quoi ? Ça fait un bien fou. James Gunn ne s’excuse pas d’aimer les super-héros, il les célèbre. On est loin du pseudo-réalisme forcé des années 2010. Et franchement, dans un genre qui commençait à sentir le renfermé, ce retour assumé aux sources, ça a des airs de reboot salutaire.

Lex Luthor vs Superman : cette fois, le duel a vraiment lieu

Alors oui, on en a beaucoup dit sur le Lex Luthor de Jesse Eisenberg. Et rarement en bien. Ce n’était pas tant un super-vilain qu’un croisement entre Mark Zuckerberg sous acide et un stagiaire marketing qui aurait trop regardé Fight Club. Et surtout, Man of Steel l’oublie totalement. Nada. Lex n’est même pas dans le film. Quand il finit par débarquer dans Batman v Superman, c’est pour jouer les intrigants face à Bruce Wayne, pendant que Superman fait la gueule au fond de la salle. Leur rivalité ? Fantomatique. Zack Snyder avait visiblement autre chose en tête que de développer l’un des duels les plus emblématiques des comics.

Avec Superman version 2025, retour à l’envoyeur. Kal-El et Lex Luthor sont bien en opposition frontale, idéologique, presque philosophique : pile ce qu’il fallait. Le film ne cherche pas midi à quatorze heures : Superman croit en l’humanité, Lex y voit une ressource à dominer. Le tout porté par un Nicholas Hoult impeccable, qui réussit à jouer le type le plus intelligent de la pièce sans jamais te donner envie de lui coller des baffes (ou pas trop souvent). Arrogant, manipulateur, visionnaire dans le pire sens du terme : on tient enfin un Luthor digne de ce nom, et surtout digne de son adversaire. Juste un bon vieux duel d’intelligences et d’idéaux. Et ça, ça a un goût de « DC Comics ».




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Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.