Des changements crispants, dont Spider-Man détestable
Saban doit composer avec des miettes de la franchise Spider-Man, ce qui explique le besoin de faire des choix… mais ces choix ne sont pas bons. Le nouveau costume a du style, mais les personnages et intrigues sont loupés. La Résistance de John Jameson est une bande de pieds nickelés au charisme faible, les Chevaliers de Wundagore sont souvent crétins, alors que l’idée même de la Contre-Terre est difficilement explicable ou défendable. Surtout, c’est bien Spider-Man lui-même qui finit par gêner, au fil des 13 épisodes. Ce Peter Parker n’a aucun problème à abandonner May et Mary-Jane sur son monde, puis à rester « tranquillement » sur la Contre-Terre. Il envisage de flirter avec Naoko alors qu’il est avec M-J, et refuse de se positionner clairement sur la Résistance. Alors que les Humains sont abusés et maltraités, lui s’organise une petite vie et renâcle à lutter pour la liberté, cherchant plutôt à rentrer chez lui ! Spider-Man devient presque haïssable, et n’est jamais vraiment drôle. Décevant et choquant pour ce héros éternel, mais qui a tout de même sa part d’ombre.
Malgré tout quelques bonnes idées, mais mal utilisées
Spider-Man Unlimited est un anachronisme dans l’univers du Tisseur, mais tout n’est pas à jeter. Venom et Carnage n’ont rien des personnages de base, et viennent enclencher une invasion de symbiotes depuis les profondeurs. L’idée est intéressante, comme les thèmes de manipulation génétique, domination des espèces, avec ici l’Humanité « en dessous » des bêtes. Le principe même d’une lutte pour la liberté est original pour un superhéros, comme le fait de croiser d’autres versions de personnages connus. Spider-Man rencontre un Bouffon Vert superhéroïque, a priori mari disparu de Naoko. Il collabore aussi avec un Vautour héroïque, qui a vécu avec les bêtes humanoïdes mais prend le parti des Humains. Spider-Man lutte contre un Electro bestial, mais aussi le Chasseur, version afro-américaine de Kraven, Humain traquant les siens. On voit également une adaptation de Machine Man, le robot X-51 qui se rebelle contre le Maître de l’Evolution, et John James devient Man-Wolf. Le principe de ces rencontres « inattendues » est bon, et Marvel poursuit dans un comics dérivé, avec un Reed Richards transformé en Brute maléfique ou Wolverine. Mais Spider-Man Unlimited ne va jamais loin, se contente de passages éclairs ou anecdotiques. Pour montrer trop longtemps, encore et encore, les abus scientifiques de Sir Ram ou les nombreuses évasions abracadabrantesques de la Résistance…
Une jolie série bien animée, plombée par ses idées
Spider-Man Unlimited propose 13 épisodes aux scénarios souvent lourds, avec des rebondissements précipités pour des conclusions abruptes. C’est un gâchis, car la série est très jolie et bien animée. Peter Parker ressemble plus à Ben Reilly dans les années 90, couleur de cheveux exclue, mais les animations sont fluides et agréables. Les combats sont bien réalisés, les dessins sont de qualité, et l’ensemble est très correct. Quel dommage que les producteurs se soient perdus sur des idées bien trop éloignées de Spider-Man, et de ce que les spectateurs pouvaient attendre. Spider-Man Unlimited s’achève sur un cliffhanger qui ne sera jamais résolu, avec l’union de l’essentiel des superhéros dans une percée molle face au Maître de l’Evolution, tyran d’opérette. La série est annulée face à l’éclosion du phénomène Pokemon et disparaît dans un silence gêné. On revoit le costume dans le jeu-vidéo Spider-Man de 2000, et le comics Spider-Verse montre la mise à mort d’un Spider-Man vivant sur la Contre-Terre. Spider-Man Unlimited est une drôle de curiosité à découvrir sur Disney+, notamment pour s’en amuser ! ■
Spider-Man Unlimited est une série animée de 13 épisodes disponible en France sur Disney+.
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