Spider-Man Noir : Peter Parker et les aventuriers du temple perdu

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

« Spider-Man Noir » délaisse les buildings du New York des années 30 pour combattre les nazis jusque dans les temples perdus. Une aventure « à la Indiana Jones » pour un Spider-Man alternatif qu’on prend plaisir à revoir.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

 

En 2009, Marvel Comics publie un ensemble de séries limitées qui transposent les héros de l’éditeur dans un univers inspiré du roman et film noirs. Le temps de 4 épisodes, le français Fabrice Sapolsky et David Hine imaginent le Spider-Man de la Terre-90214, mix hard boiled entre l’Araignée et le Punisher évoluant pendant la Grande Dépression. Carmine Di Giandomenico apporte une patte graphique unique et particulièrement adaptée au ton de l’histoire. Le trio enchaîne avec une 2nde mini-série, « Les Yeux sans visages », tout aussi remarquable. Mais, à partir de Edge of Spider-Verse, le Spider-Man Noir se retrouve embarqué dans des aventures inter-dimensionnelles délirantes assez éloignée de l’ambiance 30’s qu’on lui connaissait. Il croise ses alter ego les plus excentriques (Spider-Cochon, quand même !), se joint à un groupe de Spider-Men inter-dimensionnels, les Web Warriors, et finit par mourir dans Spider-Geddon. Point final ? Pas tout à fait, car entre-temps, c’est dans une version légèrement différente qu’il réapparaît dans le film d’animation Spider-Man : New Generation. Cette version « noire » trouve son public : impossible pour Marvel Comics de s’en séparer définitivement. le Spider-Man Noir revient à la vie, ressuscité par une entité divine de la Terre-90214, dans une version plus proche de celle du dessin animée. « Crépuscule à Babylone » marque le grand retour du Spider-Man Noir dans une série solo.

 

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

 

Détective et justicier

Dans une dimension identique à la nôtre, en 1939. Peter Parker a installé son agence de détective privé au cœur de Manhattan. Grâce à ses superpouvoirs et sous le masque de Spider-Man, il aide la police à résoudre les cas les difficiles : braquages, sabotages d’espions nazis ou meurtres. C’est d’ailleurs un assassinat qui l’amène au Chat Noir, le bar clandestin de son ami Félicia Hardy. En effet, une serveuse a été retrouvée morte, avec à la main, un étrange pendentif en forme de cigale. Rapidement, il apparaît que le bijou antique est d’origine byzantine. Son enquête le conduit au Metropolitan Museum of Art où il fait la rencontre de Huma Bergmann, une spécialiste de l’empire byzantin. La jeune femme révèle rapidement à Peter Parker qu’elle est la sœur de la serveuse du Chat Noir. Tous les deux vont s’embarquer dans une aventure qui va les conduire en Sicile, à Berlin puis au Moyen-Orient, dans les ruines de Babylone

 

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

 

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Un Spider-Man qui vire du Noir au pulp

Si les premières pages font encore mine de coller au genre polar noir, qu’on ne s’y trompe pas. « Crépuscule à Babylone » glisse vite dans un tout autre genre : le pulp. Au point que Marvel aurait pu renommer ce « Spider-Man Noir » en « Spider-Man Pulp » qu’on n’aurait rien trouvé à redire. Car Margaret Stohl délaisse très vite les rues sombres de Manhattan pour transporter son casting en Europe puis au Moyen-Orient. Et elle enfile les poncifs du genre pulp : trahison, affrontements débridés contre des nazis, temple perdu truffé de pièges, invocation finale… Margaret Stohl coche toutes les cases du genre. Et tant pis pour les lecteurs qui attendaient un retour du Spider-Man Noir originel. En passant du noir au pulp, cet univers perd tout de même une touche qui faisait son charme : la politique. Car les 2 premières mini-séries glissaient quelques éléments socio-politiques bien trouvés, qui collaient bien à l’ambiance. Rien de tout cela dans « Crépuscule à Babylone », hormis une scène avec Marie Jane et Tante May, bien vite évacuées de l’histoire. Margaret Stohl privilégie les scènes d’action (dont certaines tout droit tirées des aventures d’Indiana Jones), l’aventure et l’exotisme au détriment d’un ton plus sérieux et plus sombre.

 

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

 

De Tony Stark à Electro, une Terre-90214 bien habitée

Proposer des versions alternatives de personnages bien connus, c’est le jeu de ce genre d’histoire. C’est même un des plaisirs. Les 2 premières mini-séries n’échappaient pas à la règle, avec une Félicia Hardy en tenancière de cabaret, un Norman Osborn en caïd de la pègre difforme ou un Otto Octavius en savant fou eugéniste allié des nazis. Dans « Crépuscule à Babylone », Margaret Stohl poursuit dans la même veine. C’est un casting 3 étoiles avec évidemment des visages connus, mais aussi des nouveaux, qui, là encore, lorgnent encore plus vers le pulp. Electro se transforme en une brute épaisse forçant un peu trop sur la gégène. Tony Stark alias Ironside se présente comme un riche patron de bar berlinois, différent du héros de la mini-série Iron Man Noir. Pour rester du côté des espions, Natasha Romanoff reste une espionne tout ce qu’il y a de plus classique. Et pour porter une petite touche d’exotisme, une dora milaje du Wakanda achève de garnir le casting d’un album bien distribué. Et allez savoir si d’anciens ennemis historiques du Spider-Man Noir n’attendent pas Peter Parker au fin fond du désert irakien…

 

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

 

Comment redéfinir le Spider-Man Noir avec style ?

Avec « Crépuscule à Babylone », Juan Ferreyra se retrouve en charge de redéfinir le personnage du Spider-Man Noir. L’artiste fait un choix de couleurs particuliers en optant pour un quasi noir et blanc, relevé de quelques touches de couleurs. Un procédé peu fréquent dans les comics : cela donne évidemment du caractère à ses planches, une ambiance qui colle assez bien avec le ton recherché (un peu moins dans les scènes à la Indiana Jones). Inégal, Juan Ferreyra emporte tout de même l’adhésion grâce à sa manière de rythmer l’aventure et l’action. Et puis, avouons-le, son Spider-Man Noir a un design particulièrement réussi qui fait qu’on adhère vite. Oui, ce Spider-Man détective, chapeau feutre sur le crâne et pistolets aux poing, a de la gueule. On hâte de le revoir plonger dans des aventures plus urbaines, plus proches de ses origines. « Crépuscule à Babylone » serait alors un détour récréatif et agréable vers le pulp avant un « retour au Noir » ? Croisons les doigts : le personnage a toujours du potentiel ! ■

Spider-Man Noir Crépuscule à Babylone
(image © Marvel Comics, Panini Comics)

Spider-Man Noir : Crépuscule à Babylone est un comics publié en France chez Panini Comics. Il contient Spider-Man Noir 1-5.

 

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enfants spider-man
(image © Marvel Comics)




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.