Si vous lisez ça, je suis déjà morte… un plongeon brutal et fascinant sur une planète infernale

Delcourt retrouve le scénariste Matt Kindt (Cosmic Detective) avec un titre intriguant piloté par Dan McDaid aux dessins : Si vous lisez ça, je suis déjà morte…. À mi-chemin entre la science-fiction militaire et l’horreur cosmique, ce comics nous catapulte sur Terminus, un monde extraterrestre franchement pas accueillant. Mais est-ce que ça vaut vraiment la peine de s’y plonger ? Suivez-moi, je vous raconte tout ça.

Bienvenue en enfer, Robin

On embarque avec Robin Reed, une journaliste expérimentée, intégrée à une unité d’élite envoyée explorer Terminus via une porte quantique. À peine débarquée, c’est déjà la catastrophe : toute son équipe se fait littéralement massacrer en quelques minutes par une faune locale particulièrement féroce. Robin, complètement larguée, se retrouve à devoir survivre seule dans ce cauchemar, avec pour seule mission d’essayer de raconter l’histoire. Autant dire que l’action démarre fort, sans concessions, avec une violence graphique qui vous saute à la gorge dès les premières pages.

Une ambiance graphique à couper le souffle

La grande réussite de ce comics, c’est son ambiance visuelle complètement immersive. Dan McDaid fait un boulot monstrueux en créant un univers sombre, dense, presque palpable. Chaque case transpire l’angoisse, l’urgence et la menace constante de Terminus. Les couleurs de Bill Crabtree ne font qu’accentuer ce malaise permanent. Ajoutez à cela une touche rétro rappelant les classiques du pulp comme Flash Gordon ou John Carter of Mars, et vous obtenez un style unique, à mi-chemin entre nostalgie et modernité. L’ensemble est relevé par le choix de Delcourt de publier Si vous lisez ça, je suis déjà morte… en grand format, identique au récent Cosmic Detective (sur lequel j’ai enregistré un podcast). Ce grand format permet de profiter encore mieux des talents graphiques.

Une intrigue pleine de surprises et d’intensité

Côté histoire, Matt Kindt ne fait pas dans la dentelle, mais c’est justement ça qu’on adore. Il évite soigneusement les clichés tout en jouant avec des références assumées comme Stargate ou Starship Troopers. L’intrigue est bien ficelée, avec des rebondissements bien pensés et des cliffhangers qui ne vous lâchent plus. Le deuxième épisode pousse encore plus loin ce suspense, avec Robin confrontée à un culte morbide et à une rébellion d’esclaves extraterrestres. Ça bouge vite, on ne s’ennuie jamais, même si on aurait apprécié un peu plus de profondeur dans le traitement du personnage principal dès le départ. Robin reste mystérieuse et aurait mérité davantage de développement.

Heureusement, Matt Kindt compense par une construction efficace de l’univers : le bestiaire extra-terrestre est varié, la politique de Terminus est inquiétante et fasciste à souhait. Bref, ça donne envie d’en savoir plus.

Un regard original sur la guerre et l’oppression

Ce qui est particulièrement malin dans ce comics, c’est de placer une journaliste au cœur de l’intrigue. Ce choix permet de jeter un œil différent sur les mécanismes de la guerre et les systèmes d’oppression. On sent toute l’importance de comprendre son adversaire, ce qui donne une dimension presque philosophique à un récit pourtant très brutal et sanglant. Dimension qui vrille presque au mysticisme dans les dernières pages.

Alors, faut-il lire Si vous lisez ça, je suis déjà morte… ?

Clairement, oui ! Surtout si vous aimez la SF sombre et les récits qui vous tiennent en haleine. Malgré quelques réserves sur le manque initial de caractérisation, on se laisse complètement embarquer par l’ambiance oppressante, l’univers captivant et une narration explosive. Un titre réussi, brutal mais intelligent, qui ne vous laissera pas indifférent. Si vous aimez les comics de SF qui secouent un peu, n’hésitez pas une seconde !

Si vous lisez ça, je suis déjà morte… est un comics de 96 pages publié en France par Delcourt. Il contient : If You Find This, I’m Already Dead #1 à 3.