Selina Kyle – Catwoman, tome 1 : Joëlle Jones en manque d’inspiration [avis]

(image © DC Comics)

On aurait adoré aimer le travail de Joëlle Jones sur Selina Kyle : Catwoman. Malheureusement, si la partie graphique est agréable, la scénariste et dessinatrice semble esquiver ses bonnes idées Explications.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

La couverture de ce 1er tome de Selina Kyle : Catwoman annonce clairement la couleur : ça promet d’être joli ! Car l’illustration de Stanley « Artgem » Lau est superbe. Or vous savez ce qu’on dit : « on ne juge pas un livre à sa couverture ». Et une fois encore, c’est un bon conseil. Car si Joëlle Jones assure la partie graphique correctement, elle semble avoir bien du mal à développer ses idées, pourtant intéressantes…

 

(image © DC Comics)

 

Selina Kyle : Catwoman démarre après le mariage avorté entre Batman et la belle cambrioleuse. Selina Kyle se remet de sa rupture : les nuits sont courtes, le sommeil difficile à trouver. Aussi, pour se changer les idées, Catwoman choisit de retourner à Villa Hermosa, sa ville natale. Mais il y a une autre raison à sa venue : une jeune femme a pris son costume et commet des cambriolages en son nom ! Hors de question pour Selina de laisser passer ça. Seulement voilà : elle attire l’attention non seulement de la police locale mais aussi d’une nouvelle adversaire inattendue…

 

(image © DC Comics)

 

Un mariage annulé sans conséquences

De Selina Kyle : Catwoman, j’attendais un prolongement de l’intrigue de Tom King. Après le mariage annulé entre Catwoman et Batman, Tom King scrutait les réactions de Bruce Wayne dans la série régulière de Batman. Joëlle Jones ayant travaillé avec Tom King, je pensais qu’en débarquant sur ce nouveau titre, on allait suivre les conséquences de la rupture du côté de Selina. Hélas, passées les toutes 1res pages de Selina Kyle : Catwoman, Joëlle Jones, promue scénariste, embarque son histoire dans une autre direction. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça fonctionne globalement en stand alone, et que cette intrigue s’avère au final relativement passepartout.

 

(image © DC Comics)

 

Des idées graphiques jamais bien exploitées

En déménageant Selina Kyle : Catwoman à Villa Hermosa, la ville natale de l’héroïne, on s’attend donc à un retour aux sources. Joëlle Jones installe au moins 2 idées prometteuses. La 1re, c’est cette histoire de copycat de la cambriole, de double de Catwoman. Voilà un stéréotype classique, le double inversé, mais qui, sous les crayons de Joëlle Jones, avait du potentiel. Surtout que l’artiste y ajoute un élément inattendu. Hélas, elle pousse le bouchon trop loin, comme dans cette scène où Catwoman se retrouve face à des dizaines de doubles. Malheureusement, passé le choc graphique, le passage ne sert finalement rien et même cette histoire de double n’aboutit jamais sur quelque chose d’intéressant, pas même une rencontre un peu musclée. Autre bonne idée mal exploitée : l’ennemi de Catwoman est Raina, la Première Dame de Villa Hermosa, soit la femme du maire. Opposition establishment/fille des bas quartiers promettait là encore. Graphiquement, Raina est intéressante : elle recourt à tous les stratagèmes pour cacher son vieillissement, même les plus extrêmes. Joëlle Jones la dépeint véritablement comme une espèce de sorcière maléfique. Graphiquement, encore une fois, ça marche ; mais passé ses 1res scènes, Raina ne parvient jamais à être autre chose qu’une adversaire de pacotille. Dommage, il y avait du potentiel, mais que Joëlle Jones n’arrive pas à exploiter.

 

(image © DC Comics)

 

Une superbe Joëlle Jones, mais rapidement secondée

Les dessins de Joëlle Jones sont à la fois la force et la faiblesse de Selina Kyle : Catwoman. La force parce que la dessinatrice s’approprie assez bien le personnage de Catwoman. Disons que la rencontre entre les 2 femmes semblait couler un peu de source. Joëlle Jones semble chercher son inspiration du côté de la Catwoman version Michelle Pfeiffer de Batman Le Défi, tout en cuir luisant. Encore que ce n’est pas tant sa Catwoman qui m’a plu mais bien sa Selina, tout en élégance et en grâce. Faiblesse, comme je le disais, car Joëlle Jones ne tient pas sur la durée. Rapidement, dès l’épisode 3 de Selina Kyle : Catwoman, on appelle Fernando Blanco pour seconder l’artiste. Et là, la rupture de style est franchement gênante. ■

(image © DC Comics, Urban Comics)

Selina Kyle : Catwoman tome 1 est un comics publié en France chez Urban Comics.

 




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Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.