Tout le monde sait que les espions britanniques aiment les belles voitures, les gadgets complètement fous, les Bloody Mary et surtout batifoler avec de jolies jeunes femmes. Mais qu’en est-il du fruit de ces amours multiples et frénétiques ? Que peuvent-ils bien attendre de leur papa en smoking ? La réponse dans Jimmy’s Batards !
■ par Dragnir
LA PISTE AUX ÉTOILES
Scénario : ★★★★☆
Dessin : ★★★☆☆
Feeling : ★★★★★
Au service de Sa Majesté et le reste…
Le très flegmatique Jimmy Regent est un agent du MI-6 , les services secrets britanniques, dont l’efficacité n’a d’égale que sa libido débordante. Encore une fois, il sauve Londres et son parlement des attaques de violents personnages tels que Theophilus Trigger l’hypnotiseur et de Bobo le bâtard clown chimpanzé dont les plans sont aussi diaboliques que saugrenus. Après s’être accordé un repos du guerrier en copulant avec sa pulpeuse collègue russe, Jimmy se rend au MI-6 pour s’y voir accorder de nouveaux gadgets et une nouvelle associée qui s’avère bien moins sensible aux charmes de l’espion. Qu’à cela ne tienne : notre héros à bien d’autres chattes à fouetter et d’autres conquêtes qui lui permettent d’entretenir sa réputation. Un homme heureux en somme. Pourtant, dans la cathédrale Saint-Paul, une étrange congrégation d’hommes et de femmes encapuchonnés œuvrent à la perte de notre héros en complotant contre lui et en scandant un très inquiétant : « on va s’faire Papa ».
Jimmy’s bastards ou déconstruire un mythe par le rire
Garth Ennis est un auteur connu dans le monde du comics pour son humour noir et même totalement trash par moments. Et son Jimmy’s bastards ne fait pas exception à la règle. C’est un concentré d’humour graveleux mais fait avec tellement de brio. Mieux que ça, avec utilité. En nous dépeignant un « James Bond » réactionnaire au possible et incroyablement macho, l’auteur établit une caricature grinçante et en profite pour le placer devant la responsabilité de son comportement sexuel. Le scénariste irlandais se paye donc une des icônes de la pop culture anglaise avec tout le talent qu’on lui connaît. Le résultat est une satire désopilante d’un bout à l’autre. Le brillant et très dysfonctionnel esprit de M. Ennis nous présente des situations parfaitement absurdes et le lecteur ne sortira pas réellement intact quand il apprendra ce qu’est le « gender fluide » . Croyez-moi vous n’êtes pas prêt !
Un choix d’édition judicieux
Graphiquement, Russ Braun nous sert un trait propre et presque caricatural qui convient parfaitement à ce récit. On se délecte des faciès des personnages et notamment de Regent dont les faux airs de Dean Martin et de Ronald Reagan lui donnent un aspect de crooner tout à fait débecquetable mais tellement dans le ton. Jimmy’s bastards nous vient de l’éditeur américain Aftershock dont Snorgleux comics a eu l’excellente idée d’acquérir les droits de diffusion en France. La maison marseillaise a eu le nez creux car les produits qu’elle nous propose jusque-là sont d’une redoutable efficacité et ce Jimmy’s bastards s’inscrit tout droit dans cette ligne. Alors bien sûr ce n’est pas à mettre entre toutes les mains et il sera de bon ton d’éloigner ce livre des yeux chastes de nos chères têtes blondes mais pour les autres c’est un titre proprement jouissif, au sens figuré du terme bien sûr. Jimmy’s bastards c’est comme flatuler dans son bain: ça sent fort le cul mais qu’est-ce que c’est drôle. ■
Jimmy’s bastards, tome 1 est un comics de 110 pages écrit par Garth Ennis et dessiné par Russ Braun. Cet album est publié en France par Snorgleux Comics au prix de 16,50 €. Les épisodes originaux (Jimmy’s bastards #1 à 5) sont parus aux USA chez Aftershock.