Matar a Dios : Apocalypse et humour macabre ! [avis]

matar a dios
(image © Alhena Production, New Morning Films)
Temps de lecture estimée : 4 min.

L’humanité sera exterminée à l’aube ! Et vous ne pouvez sauver que 2 personnes ! Qui choisirez-vous ? Voici le principe de Matar a Dios, film espagnol de 2018 disponible sur la chaine de streaming Outbuster.
■ par JB

 

matar a dios
(image © Alhena Production, New Morning Films)

 

Film de Caye Casas et Albert Pintó, Matar a Dios est un huis-clos absurde, drôle et dramatique. L’intrigue se concentre autour d’une famille en pleine décomposition. Carlos est un macho hypocrite qui soupçonne sa femme Ana de le tromper. Santi, le frère de Carlos, est en pleine dépression car son ex est en train de refaire sa vie avec un homme plus jeune. Le père de Carlos et Santi mène une vie dissolue depuis la mort de sa femme. Tout ce beau monde se retrouve autour d’un repas du nouvel an dans un endroit isolé. Comme cela arrive régulièrement dans ce genre d’histoire, les secrets de chacun sont exposés au grand jour. Ce qui est moins habituel, c’est que la famille découvre dans les toilettes de la maison un homme de petite taille qui prétend être Dieu. Celui-ci leur donne un ultimatum : lui livrer le nom de 2 personnes dans les heures à venir. Celles-ci seront les seules survivantes de l’humanité, qui sera anéantie dès l’aube.

 

matar a dios
(image © Alhena Production, New Morning Films)

 

Une galerie de personnages bien barrés

Chapeau bas aux acteurs, tout d’abord. Eduardo Antuña incarne bien Carlos, ce monsieur Bidochon médiocre et mesquin qui aime cependant son frère, et parvient à rendre attachant ce mari pathétique. Ana, l’épouse soupçonnée d’adultère, est également bien campée et son interprète, Itziar Castro, parvient à convaincre le spectateur de l’évolution de son personnage. David Pareja et Boris Ruiz sont un peu plus effacés, mais c’est Emilio Gavira qui impressionne le plus dans le rôle de Dieu. Grandiloquent, menaçant, sarcastique, comique, il domine les autres acteurs. « Dieu » prend un malin plaisir à « troller » ses quasi-otages, en passant la Sarabande d’Haendel lors d’un choix critique ou en partant dans une envolée lyrique où il démonte le concept du paradis !

 

matar a dios
(image © Alhena Production, New Morning Films)

 

Une réalisation impeccable

Malgré un tournage très court et un budget limité, la réalisation de Matar a Dios parvient à éviter le piège du huis-clos ressemblant à un théâtre filmé. Le prologue en extérieur en est un bon exemple : l’apparition de Dieu derrière un crucifix suspendu au rétroviseur d’une voiture, le petit jeu de blocage de ladite voiture, l’échange entre le conducteur et Dieu : chaque plan où Emilio Gavira apparait place son personnage en position dominante. Les réalisateurs jouent sur la taille de l’acteur en plaçant la caméra pour une vue de plongée, à hauteur de vitre ou en utilisant les distances. De même, l’apparition de Dieu à la famille après 30 minutes de drame intimiste vaut son pesant d’or. La réalisation s’amuse également sur la décoration de la maison, que ce soit l’accumulation des crucifix sur les murs ou un tableau représentant Judith portant la tête d’Holopherne. Dans la dernière partie de Matar a Dios, les réalisateurs inversent les rôles par l’image en rendant « Dieu » pathétique et les personnages menaçant, toujours avec les placements de caméra et des jeux de lumières, et parviennent à faire douter les spectateurs de la nature fantastique du « méchant ».

 

 

Un scénario construit autour de scénettes

S’il y a un point à reprocher à Matar a Dios, ce sont quelques temps morts qui séparent des scènes fortes : le prologue, le dîner, la rencontre avec Dieu, la discussion sur le Paradis, le vote, la tentative de meurtre contre « Dieu » (non, ce n’est pas un spoiler, c’est le titre !) et la scène finale. Entre chacune, le scénario propose des scènes à 2 ou 3 parfois insolites ou burlesques (Carlos manipulant le contenu du sac de Santi), parfois tendres (l’échange entre Ana et le père de son mari) mais la réalisation ne parvient pas à les rendre mémorable. Bien qu’imparfait, Matar a Dios est une gemme à découvrir, digne héritière des œuvres d’Alex de la Iglesia. Mélange de film intime, de vaudeville, de thriller, voire de film fantastique, Matar a Dios aura au moins une facette qui vous parlera. ■

matar a dios
(image © Alhena Production, New Morning Films)

Matar a Dios est disponible sur la plateforme de VOD française Outbuster.




A propos JB 198 Articles
Lecteur de comics depuis 30 ans, pinailleur Marvel, râleur DC et nostalgique des séries Valiant des années 90.