Et si la fin du monde était causée par une simple photo partagée sur les réseaux sociaux ? Voici le point de départ de Memetic de James Tynion IV, le scénariste qui vient de prendre en main le destin de la série Detective Comics. Et on ne comprend toujours pas pourquoi Memetic n’a pas eu d’écho en France. Messieurs les éditeurs, c’est quand vous voulez !
■par Doop
« Quoi de plus beau qu’un paresseux qui lève le pouce ? »
Vous ne comprenez pas cette phrase d’introduction ? Il s’agit pourtant bien de l’accroche de départ de Memetic. Explication : la photo dudit animal devient en quelques heures un nouveau phénomène internet. C’est le meme du moment, que tout le monde poste et reposte sur son réseau social. Mais (car il y toujours un mais quelque part, sinon il n’y aurait pas d’histoire) cette photo semble cacher pas mal de choses. Qui l’a postée en 1er ? Pourquoi regarder cette image provoque des dégâts irréversibles chez les internautes ? Aaron, un jeune garçon atteint de surdité et d’un défaut de la vision et insensible à la photo, va essayer de trouver la réponse. En parallèle, on suit les aventures de quelques militaires qui eux aussi espèrent bien trouver des réponses à leurs questions…
Une fin du monde en 3 jours ?
Ce qui est vraiment intéressant dans Memetic, c’est de voir à quel point le meme est à l’origine ni plus ni moins d’une fin du monde rapide et soudaine. Tout le monde se fait piéger et tout le monde en subit volontairement ou pas les effets. James Tynion IV nous propose ainsi une histoire cohérente, bien construite et bien dirigée. On ne perd pas une seconde et rien n’est en trop. Je trouve d’ailleurs que c’est une bonne idée d’avoir voulu condenser cette histoire en 3 épisodes. Le scénariste nous dresse en moins de 100 pages une escalade irréversible dans le chaos et la destruction, dont le point d’orgue se trouve en toute dernière page. Cette fin semble tout à fait logique au vu des évènements qui se sont déroulés dans le récit. Les auteurs n’auraient pas pu finir le récit autrement de toute façon. C’est un très joli récit de fin du monde, mis en images par un illustre inconnu, Eryk Donovan, qui propose un style de dessin qu’on voit régulièrement dans les comics indépendants du moment. Ce n’est pas très détaillé, c’est assez rapidement exécuté mais les compositions sont bonnes. Après, il reste au dessinateur à progresser dans le domaine de l’action. Mais s’ils ne sont pas le point le plus fort de Memetic, les dessins sont tout de même largement au niveau de la plupart des publications actuelles.
Un héros différent mais enfin bien traité
Le point fort de Memetic reste toutefois son héros principal, Aaron, atteint de handicap et qui va tout faire pour retrouver son petit ami. Et là je sens que certains sourcils se froncent derrière les écrans. Encore un personnage gay ? Pour quoi faire ? Quel est l’intérêt ? Parce que c’est à la mode ? Non ! Ce que j’ai trouvé particulièrement bien dans le récit de James Tynion IV c’est que justement, personne ne met l’accent sur son côté gay. Le scénariste ne cherche pas à nous apitoyer, à nous donner une leçon sur l’homosexualité. Aaron est juste gay et cherche simplement à retrouver son amour. C’aurait été une fille que cela aurait eu exactement le même impact. L’auteur n’appuie jamais sur ce thème-là et de fait, il réussit parfaitement ce que peu de scénaristes arrivent à faire actuellement, à savoir intégrer des personnages issus de minorités de manière tout à fait naturelle. Pas étonnant que Memetic ait été nommé pour les GLAAD Awards, des prix qui récompensent des œuvres ou des personnalités pour leur rôle dans la représentation de la communauté LGBT. Même si, encore une fois, on est très très loin de ce sujet. Au vu du sujet et de son point de départ, Memetic reste une bande dessinée sur laquelle les éditeurs français devraient jeter un coup d’œil. James Tynion IV continuera ses histoires de fin du monde avec Eryk Donovan dans 2 nouveaux opus, Eugenic et Cognetic. ■