
Marvel frappe fort avec One World Under Doom #1, et autant vous prévenir tout de suite : ce premier épisode ne fait pas dans la demi-mesure. Fatalis a pris le contrôle du monde. Pas par la force brute, non, ce serait trop simple. Il l’a fait en manipulant l’opinion publique et en forçant les dirigeants mondiaux à se ranger volontairement sous sa coupe. Comment empêcher un homme de gouverner quand tout le monde pense qu’il est légitime ? Voilà la question qui hante ce récit, écrit avec une certaine finesse par Ryan North, dont on peut lire ses débuts sur les 4 Fantastiques ce mois-ci en France.
Loin d’un simple affrontement héroïque entre les Avengers et un dictateur mégalo, ce premier numéro installe une guerre plus insidieuse : celle de l’image et de la propagande. Et c’est bien là que réside son intérêt.

Un événement Marvel qui mérite son statut
Soyons clairs : One World Under Doom n’est pas un mini-event anecdotique. C’est un tremblement de terre qui secoue l’univers Marvel. Cela faisait longtemps qu’aucun événement n’avait eu une telle ampleur. Cette fois, chaque titre Marvel est concerné. On retrouve des dizaines de héros, certains en première ligne, d’autres tentant de s’adapter à ce nouvel ordre mondial. Si vous aimez les sagas où tout est remis en question, vous allez être servis.
Et en termes de mise en scène, R.B. Silva livre un très beau travail. Chaque case regorge d’action, chaque combat transpire la tension. Les pages où les héros tentent d’infiltrer le système de Fatalis sont spectaculaires et suffocantes à la fois.

Dr Fatalis, tyran ou sauveur ?
Fatalis ne se contente pas d’être un simple bad guy à abattre. Il agit en leader stratégique, et c’est là toute la force de ce récit. Ce n’est pas un énième affrontement entre super-héros et super-vilains. C’est une bataille idéologique. Si tous les chefs d’État du monde l’ont accepté comme souverain, alors est-il réellement un dictateur ?
Là où Ryan North se distingue, c’est en laissant planer cette ambiguïté. Et si Fatalis n’avait pas complètement tort ? Les héros se retrouvent dans une position inconfortable : combattre Fatalis revient à lutter contre une structure en place qui fonctionne… du moins en apparence. C’est intelligent, c’est provocant et ça pousse à la réflexion quant à l’état de notre monde depuis le 5 novembre 2024.

Action, tension et un twist renversant
Si vous craignez un numéro trop intellectuel, rassurez-vous : il y a du combat, et du gros combat. Les héros refusent de rester spectateurs et cherchent une faille dans l’armure du souverain auto-proclamé. Mais chaque confrontation est plus brutale que la précédente.
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Mention spéciale au twist impliquant Baron Zemo, dont je tairai les détails, qui redistribue complètement les cartes. Un retournement de situation qui prouve que Fatalis a toujours plusieurs coups d’avance sur ses adversaires. Et puis, il y a cette image inoubliable : Fatalis, debout sur un Tyrannosaurus Rex en armure de Fatalis ! A priori l’idée passerait pour ridicule. Et pourtant : si ce n’est pas l’une des cases les plus folles de l’année, alors je ne sais pas ce qu’il vous faut.

Un seul vrai défaut ? Un Fatalis trop distant
Si ce premier épisode s’en tire très bien, il y a tout de même un bémol : Fatalis est là, omniprésent… mais on ne rentre pas vraiment dans sa tête. Pas d’introspection, pas de monologue interne. Tout ce qu’on sait de lui passe par ses actes et son discours public.
Un choix délibéré de Ryan North pour garder un certain mystère ? Peut-être. Mais pour un event centré sur Fatalis, on aimerait ressentir davantage sa présence psychologique et comprendre sa vision du monde de l’intérieur.
Verdict : un lancement puissant, et une série à suivre
One World Under Doom #1 est un démarrage réussi. Entre action haletante, enjeux politiques intéressants et une mise en scène soignée, cet event s’annonce comme un des plus ambitieux de ces dernières années. Ryan North et R.B. Silva livrent un travail très propre, et si la suite est à la hauteur de ce premier numéro, on pourrait tenir là un futur classique du genre. Docteur Fatalis a gagné. La question est : que vont faire les héros maintenant ?