Sentry – Fresh start : Jeff Lemire parvient-il à renouveler le personnage ? [avis]

(image © Marvel Comics)

Comment écrire quelque chose de nouveau avec Sentry après Paul Jenkins et Jae Lee ? Jeff Lemire, Kim Jacinto et Joshua Cassara relèvent le défi. Une ambition peut-être contrariée par des contraintes éditoriales…
■ par Fletcher Arrowsmith

 

Depuis sa création par Paul Jenkins, le superhéros Sentry reste une énigme dans le paysage Marvel. Partant d’une farce jouant avec la réalité, le Superman de Marvel devait rester le personnage d’un seul récit. Depuis, toutes les tentatives de réhabiliter le personnage dans l’univers Marvel n’ont convaincu. Avec Sentry – Fresh start Jeff Lemire s’essaie à une nouvelle tentative tout en restant dans le domaine de la perception. Le scénariste arrive presque à nous convaincre mais l’aspect graphique et le lourd passé éditorial du personnage plombent son récit qui ne manque pas pourtant pas d’atouts.

 

(image © Marvel Comics)

 

Le retour de Sentry

Bob Reynolds cuisine désormais des hamburgers. Alors qu’on le croyait mort, Sentry, sauve toujours la veuve et l’orphelin. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes et pourtant les ennemis de Sentry sont plus proches que l’on ne le croit. Peut-être que rien ne sera désormais la même chose pour un des super héros les plus puissants de l’univers Marvel

 

(image © Marvel Comics)

 

Une nouvelle approche dans le pur style super héroïque.

Une série Sentry, écrit par Jeff Lemire, un des scénaristes les plus intéressants et prolifiques de ces dernières années. Voilà qui avait de quoi attirer mon regard. Surtout que Sentry ne m’a jamais semblé intéressant, sauf dans le cadre de sa création par Paul Jenkins et Jae Lee. Jeff Lemire plante le décor immédiatement dans un 1er épisode dense et prometteur. Bob Reynolds d’un côté, Sentry de l’autre, une vie privée pour Bob, un super héros qui défend la veuve et l’orphelin dans un univers flirtant avec l’Âge d’or et une anomalie très biblique, voilà une entrée en matière qui change de son éternel combat contre Void. La suite directe l’est tout autant avec l’apparition de personnage Marvel comme Misty Knight et les relations de Bob Reynolds avec d’autres membres de la Sentry Family, à l’instar de la famille de Shazam. Jeff Lemire a t-il compris au milieu de son histoire qu’il ne pourrait finalement aller plus loin que cela ? En tout cas, une fois arrivé au milieu de Sentry – Fresh start, ce n’est plus désormais qu’une histoire lambda qui se dévoile à la narration décompressée, sans prise de risque ni réelle surprise dans son déroulement. De plus, Void fait son retour, encore une fois. Jeff Lemire laisse en héritage un nouveau statu quo et une histoire bien écrite mais qui sera surement une nouvelle fois rapidement oubliée.

 

(image © Marvel Comics)

 

Le passé de Sentry comme un boulet au pied gauche

La série Sentry initiale de Paul Jenkins et Jae Lee se suffisait à elle même. À l’époque les 2 créateurs sortaient de Inhumans succès public et critique. Ils remettent cela avec Sentry – Fresh start en dévoilant qu’ils ont mis la main sur des archives perdues et l’ébauche d’un personnage qui n’est jamais allée plus loin qu’un projet. Canular repris dans la mini série même, puisque que l’univers Marvel a oublié l’existence de Sentry et de son conflit avec Void, son double maléfique. Mise en abyme subtile, Sentry m’avait enchanté à l’époque par le côté novateur et sa revisite des différentes décennies Marvel. Sauf que l’on aurait du en rester là. Quand Brian Michael Bendis décida de ressortir à nouveau du placard Sentry à l’occasion du lancement des New Avengers, ce fut déjà la fin pour ce personnage. Même Paul Jenkins associé à John Romita Jr, de retour sur sa création, n’arriva pas à proposer quelque chose d’intéressant. Sentry est un personnage trop puissant donc difficile à manipuler. De plus si j’ai envie de lire un personnage ressemblant à Superman, autant aller chez DC Comics. Enfin à chaque fois on a le droit au côté psychologique de Bob Reynold et sa guéguerre avec son double maléfique, Void. Sentry ne dépasse donc jamais son concept de base et Jeff Lemire, même s’il tente une approche légèrement différente n’arrive pas à se débarrasser de tout l’héritage encombrant d’un personnage qui aurait dû rester le super héros d’un récit unique.

 

(image © Marvel Comics)

 

Les dessins un boulet au pied droit

Kim Jacinto et Joshua Cassara se chargent de donner vie au script de Jeff Lemire. Et ce n’est pas fameux. Les 2 artistes possèdent un style assez passe partout et sans aucune finesse. On se croirait parfois revenir aux années 90, quand Rob Liefeld enfantait des dizaines de clones le plus souvent pour le pire. Je suis surement trop sévère mais j’aurais tant aimé admirer des planches plus raffinées, ce qui aurait permis de relever l’histoire de Jeff Lemire sur son côté super héroïque. C’est lisible mais cela lorgne vers trop de styles différents pour que l’on sente une réelle identité graphique derrière. Kim Jacinto a souvent été associé à Leinil Yu. Dans Sentry – Fresh start, c’est encore le cas mais il n’arrive toujours pas à dépasser le maitre. Au niveau des visages, les expressions restent figées et je n’aime pas les mâchoires serrées avec vue sur une dentition proéminente. ■

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(image © Marvel Comics, Panini Comics)

Sentry – Fresh start est un comics publié en France chez Panini Comics.