Marville : quand Marvel a touché le fond…

Il existe des comics qu’on n’oublie pas. Des chefs-d’œuvre ? Non. Des traumatismes. Et dans cette catégorie très spéciale, Marville trône fièrement, tel un troll de foire tout droit sorti des archives sombres de Marvel. Ce machin improbable, c’est pas une blague, c’est né d’un pari d’égo. Bill Jemas, alors big boss chez Marvel, lance une sorte de battle éditoriale contre Peter David, histoire de savoir qui pondra le meilleur titre. Trois séries sont en lice : Captain Marvel de David, Ultimate Adventures de Zimmerman, et donc Marville, pondu par Jemas lui-même. Une promo nommée “U-Decide” (subtilité niveau bulldozer), où le public devait voter pour garder son préféré.
Marville a tenu sept numéros. Sept. Et chaque couverture signée Greg Horn était un chef-d’œuvre de mauvais goût, un festival de ce qu’il ne faut jamais faire quand on dessine une femme (ou un être humain, en fait). Je vous mets la couv’ du numéro 6, mais le reste est du même tonneau. Tentative pathétique de satire pop, le comics a surtout déchaîné les critiques pour son côté racoleur et son humour de CM2 en pleine crise existentielle. Les persos féminins ? Des créatures sorties d’un rêve érotique sous Photoshop 4.0 : visages figés, poses absurdes, regard vide façon poupée possédée. C’était censé être sexy, c’était juste flippant. On ne sait pas si c’est une parodie ratée ou un accident industriel… mais dans tous les cas, Marville reste une légende. Une légende noire, certes, mais une légende quand même.
Zoe Thorogood vs Marvel : croquis volé, couverture volée, scandale validé

D’habitude, quand une maison d’édition commande une couv’ à un artiste, c’est simple comme bonjour : un brief, un chèque, un merci. Mais chez Marvel, parfois, on aime pimenter les choses… surtout quand il s’agit de flouer une artiste montante. Zoe Thorogood, étoile montante de la BD indé, connue notamment pour l’excellent It’s Lonely At The Center of the Earth, en a fait les frais de manière bien crado.
Marvel lui commande un concept art pour un nouveau perso de la série Edge of Spider-Verse : Spider-UK. Rien de plus. 100 dollars. Juste un croquis, une ébauche, pas une couverture. Sauf que Marvel, dans un moment d’inspiration façon “on va pas gaspiller”, décide de coller ce dessin brut de décoffrage en variant cover 1:10… sans prévenir Zoe Thorogood, et sans la payer comme une cover artist (ce qui coûte quelques centaines de dollars de plus, au passage). Résultat : le truc sort en rayon, les fans gueulent parce que “c’est moche”, “ça fait pas fini”, alors que la pauvre Zoe n’avait JAMAIS signé pour ça.
L’affaire sort sur les réseaux, Zoe Thorogood rétablit la vérité, et Marvel fait profil bas. Mais le mal est fait. L’épisode montre à quel point certaines pratiques de la Maison des Idées frôlent la mesquinerie pure. Parce que oui, voler un croquis pour en faire une couverture, c’est pas juste maladroit. C’est minable. Et franchement, pour une boîte qui imprime des super-héros à la chaîne, on s’attendrait à un minimum de super-éthique.
