Les 10 meilleurs dessinateurs de Daredevil : notre classement

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4. Chris Samnee : l’élégance du rétro au service de Daredevil

Parfois, un artiste débarque et réussit à capturer l’essence du comics classique, tout en lui donnant un twist résolument moderne. On pense à Darwyn Cooke ou Michael Cho, mais parmi ceux qui perpétuent cet héritage aujourd’hui, Chris Samnee s’impose sans discussion. Son trait, à la fois simple et ultra-efficace, respire cette esthétique rétro, tout en restant totalement ancré dans le présent.

Et s’il y a bien un projet qui résume l’alchimie parfaite entre Samnee et un personnage, c’est Daredevil sous l’ère Mark Waid. Les deux auteurs ont souvent bossé ensemble, mais c’est sur cette série que leur collaboration a atteint son sommet. Le style lumineux et fluide de Samnee colle à merveille à cette version bondissante et aventureuse de Matt Murdock, tout en laissant de la place aux moments plus sombres, notamment autour de sa santé mentale. Un équilibre subtil et rare, qui a fait de ce run un des plus aimés du personnage.

3. John Romita Jr : un style brut et immédiatement reconnaissable

John Romita Jr, c’est un artiste qui divise. Son trait anguleux, massif, presque rugueux, a ses détracteurs, surtout ces dernières années où ses collaborations avec certains coloristes n’ont pas toujours été heureuses. Mais quoi qu’on en pense, son style est unique, immédiatement identifiable et même définitif pour certains personnages – Daredevil en tête.

JRJR a marqué le justicier aveugle à deux reprises : sur le run culte d’Ann Nocenti et sur The Man Without Fear, la mini-série incontournable de Frank Miller. Dans les deux cas, il a su sublimer des scripts déjà excellents, injectant une intensité brute à chaque page. Son style, à mi-chemin entre le réalisme et l’exagération, était parfait pour l’atmosphère étrange du run de Nocenti, avec ses affrontements contre Mephisto et Typhoid Mary, tout autant que pour la violence urbaine crue de Man Without Fear.

Son Daredevil a une présence physique impressionnante, un poids, une densité qui rendent chaque combat viscéral. Que l’on aime ou pas, on ne peut pas l’ignorer – et c’est bien là la marque des artistes qui comptent.

2. Frank Miller : l’homme qui a redéfini Daredevil

Dire que Frank Miller a réinventé Daredevil, c’est presque un euphémisme. Son arrivée marque un tournant radical, plongeant le justicier de Hell’s Kitchen dans une esthétique noire, violente, désabusée. Fini les intrigues classiques de super-héros : place au crime urbain, aux dilemmes moraux et aux influences du polar.

Si cette transition a été aussi fluide, c’est en grande partie parce que Miller faisait tout ou presque : scénario, dessin, avec le trop sous-estimé Klaus Janson aux encres et aux finitions (clairement, le DD de Miller n’aurait pas eu la même hype sans lui). Cette maîtrise totale lui permet d’expérimenter, de pousser son style graphique vers quelque chose de plus brut, de plus nerveux, qui allait bientôt devenir sa signature.

Son Daredevil n’est plus seulement un acrobate en costume rouge : il devient une silhouette découpée dans l’ombre, un symbole de rage et de justice. L’impact visuel est immense, à tel point que l’image du héros moderne qu’on connaît aujourd’hui vient directement de là. Miller ne s’est pas contenté d’écrire un grand run, il a figé Daredevil dans une imagerie inoubliable.

1. David Mazzucchelli : un passage éclair, une empreinte éternelle

Certains artistes marquent un personnage sur des décennies, d’autres n’ont besoin que de quelques numéros pour entrer dans la légende. David Mazzucchelli appartient à cette deuxième catégorie. Son portfolio n’est pas le plus long, mais il est intouchable : Batman: Year One, Asterios Polyp… et surtout Daredevil.

David Mazzucchelli débarque juste après le run de Frank Miller, quasiment à la sortie de l’université. Autant dire qu’il a été jeté dans le grand bain très vite. Les premières histoires qu’il illustre ne sont pas des chefs-d’œuvre scénaristiques, mais son art, lui, explose tout. Il capte les ombres, les expressions, l’ambiance poisseuse de Hell’s Kitchen avec une finesse rare. Il apporte à Daredevil une dimension encore plus noire, plus cinématographique, parfaite pour le polar urbain qui définit désormais la série.

Cette alchimie naturelle avec Miller explique pourquoi les deux ont fini par collaborer sur Daredevil : Renaissance, un chef-d’œuvre absolu qui a redéfini le personnage et reste, à ce jour, l’un des arcs les plus cultes de Marvel. Son passage fut court, mais David Mazzucchelli a laissé une empreinte indélébile sur le Diable de Hell’s Kitchen.




A propos Stéphane 762 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.