Les 10 meilleurs dessinateurs de Daredevil : notre classement

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Comme tout super-héros iconique, Daredevil doit autant sa légende aux scénaristes qu’aux artistes qui l’ont façonné. Parce qu’au bout du compte, ce sont eux qui donnent une gueule, une identité, une ambiance à chaque époque du personnage. Et Daredevil, niveau artistes de talent, a été sacrément gâté.

C’est bien simple : depuis que Frank Miller a pris les rênes du titre, il circule une blague parmi les fans, et pas totalement infondée, selon laquelle Daredevil n’a jamais connu de mauvaise période (bon, allez, il y a bien eu quelques ratés, surtout ces derniers temps, mais rien de dramatique). Et ce n’est pas pour rien. Chaque grand dessinateur passé sur la série a laissé sa patte, son atmosphère, son énergie. À tel point que le justicier aveugle n’a jamais vraiment cessé d’évoluer, restant l’un des héros Marvel les plus fascinants à suivre.

10. Wallace Wood : le génie qui a redéfini Daredevil à jamais

Wallace Wood, c’était un monstre sacré du comics. Un artiste de génie, un maître du trait, un type dont le talent explosait à chaque page. Ceux qui connaissent ses années chez EC Comics savent de quoi il est capable : une maîtrise absolue de la composition, une énergie folle dans chaque case, et un style en apparence classique… mais truffé de détails et de nuances qui en faisaient quelque chose d’unique. Wally Wood, c’était l’élite, tout simplement.

Et sur Daredevil, même si son passage fut bref, il a changé la donne. Il débarque au numéro 7 et met le jaune à la poubelle. Fini le costume d’acrobate bariolé, place au rouge intégral, celui qui colle enfin au côté “diabolique” du personnage. Un changement simple, mais fondamental : le Daredevil qu’on connaît aujourd’hui, c’est à Wallace Wood qu’on le doit. Malheureusement, son histoire avec Marvel s’est mal terminée : mauvaise reconnaissance, mauvais salaire, Stan Lee qui l’oublie un peu trop vite. Mais l’héritage qu’il a laissé sur Daredevil, lui, reste inaltérable. Un jalon dans l’histoire du justicier aveugle.

9. Ron Garney : l’âme sombre du Daredevil de Charles Soule

Passer après Mark Waid, c’était un vrai casse-tête. Son Daredevil version cape et épée, insouciant et bondissant sous les crayons de Chris Samnee, tranchait radicalement avec les heures sombres du personnage. Et forcément, après une période aussi lumineuse, Charles Soule a fait ce que tout bon scénariste sur Daredevil finit par faire : replonger Matt Murdock dans la crasse et le désespoir. Un run poisseux, nihiliste, OK, mais pas forcément gâté par son scénariste, Charles Soule. L’histoire avait donc d’autant plus besoin d’un artiste capable de retranscrire cette noirceur à la perfection. Ron Garney était l’homme de la situation.

Ron Garney, c’est un vétéran du comics. Passé par Moon Knight, Captain America (déjà sous Waid), Amazing Spider-Man époque Retour au noir, il n’a cessé d’évoluer. Mais c’est avec Daredevil #1 en 2015 qu’il trouve son style définitif : un encrage ultra-lourd, des noirs omniprésents, une gestion du vide et du négatif parfaite. La réintroduction du costume noir et rouge va de pair avec son approche graphique : minimaliste, tranchante, aussi brutale que les épreuves que traverse Matt. Ron Garney, c’est aussi lui qui imagine Blindspot, l’apprenti de Daredevil, et Muse, serial killer déglingué au talent artistique macabre (qui, au passage, sera bientôt dans Daredevil : Born Again sur Disney+). Au total, une trentaine d’épisodes et un impact indélébile sur la série. Son trait dense et rugueux a défini toute une ère, une parenthèse sombre et graphique dans la longue histoire du Diable de Hell’s Kitchen.

8. Marco Checchetto : le style d’une rockstar

Si Marvel devait avoir son propre Dan Mora, ce serait sans doute Marco Checchetto. Un artiste au talent monstrueux, dont chaque planche transpire la classe et le sens du spectacle. Son trait est affûté, détaillé, ultra-dynamique ; et oui, ça prend du temps. À tel point que ses runs sont parfois entrecoupés par des remplaçants. Mais quand Checchetto est aux commandes, ça vaut chaque seconde d’attente.

Ce qui fait sa force ? Un sens du détail hallucinant, une fluidité impeccable et une patte résolument cinématographique. Chaque page a une intensité dramatique folle, portée par un travail minutieux sur les arrière-plans, la texture des cheveux, les mouvements. Son trait est précis, net, sans surcharge, avec une gestion des ombres et des lignes parfaite. Sans parler de ses collaborations avec des coloristes de haut vol, qui subliment encore plus son travail.

Pas étonnant que son passage sur Daredevil ait marqué les esprits. Une esthétique léchée, nerveuse, spectaculaire : le parfait mélange entre blockbuster et bande dessinée haut de gamme. Un style de superstar, tout simplement. [ENVIE DE LIRE LA SUITE ? CLIQUEZ SUR LA PAGE SUIVANTE ! ]




A propos Stéphane 722 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.