La Légende de Drizzt : le héros de Dungeons & Dragons est de retour en comics [avis]

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(image @ IDW)

La Légende de Drizzt réussit la transposition en comics de l’épopée du plus célèbre personnage de Dungeons & Dragons. Un comics qui respecte à la fois le personnage de Drizzt, un élégant guerrier elfe noir, et R.A. Salvatore, l’auteur des romans originaux.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

Curieusement, le jeu de rôle sur table Dungeons & Dragons (D&D) n’aura pas engendré beaucoup de personnages connus du public qui ne connait pas les joies du dé à 20 faces. À la réflexion, Éric, Hank, Sheila, Bobby, Diana et Presto, les héros du Sourire du Dragon, sont peut-être ceux qui ont connus le plus grand succès. Car ce dessin animé adaptant D&D à la TV pour les plus jeunes a comblé les après-midis pluvieuses de pas mal de petits français dans les années 80. Mais il existe tout de même un personnage qui a réussi à se tailler une belle popularité auprès des amateurs de jeu de rôle et de fantasy. Son nom est Drizzt Do’Urden.

 

Drizzt Do’Urden, l’Elfe noir mélancolique de la saga de R.A. Salvatore

 

Drizzt Do’Urden, l’elfe noir en héros de romans et de jeux vidéo

Drizzt Do’Urden est le héros d’une série de romans de fantasy imaginés par l’écrivain américain R.A. Salvatore. Drizzt apparait dans le roman L’Éclat de cristal, se déroulant dans les Royaumes Oubliés (Forgotten Realms, en vo), un univers d’heroic fantasy conçu pour le jeu de rôle D&D. L’elfe noir sombre et torturé attire l’attention des lecteurs et R.A. Salvatore va développer Drizzt à travers une série de romans à succès, La Légende de l’Elfe Noir. Drizzt est à ce point populaire qu’on le retrouve dans d’autres médias, toujours dans l’univers des Royaumes Oubliés. L’Elfe Noir se retrouve ainsi invité dans la plupart 2 grosses licences de Bioware, l’éditeur de jeux vidéo. Les amateurs de RPG ont ainsi pu le croiser dans Baldur’s Gate (Baldur’s Gate 1, sa suite et Dark Alliance) ou Neverwinter Nights. Et le voici dorénavant de retour en bande dessinée avec cette réédition de la Légende de Drizzt contenant les 3 premiers arcs de la série.

 

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(image @ IDW)

 

Un Drow pas comme les autres

Dans les Royaumes Oubliés existe un monde mystérieux : L’Outreterre. Ce domaine souterrain est la terre natale de Drizzt Do’Urden, prince des cruels des Elfes noirs, les Drows, adorateurs de la terrible déesse araignée. La cité des Drows, Menzoberranzan, se dressent dans les entrailles de l’Outreterre. Sauf que le prince Drizzt n’est pas tout à fait comme ses congénères : il possède un sens de l’honneur tout à fait hors du commun. Drizzt n’adhère pas à la cruauté des Drows, et encore moins à leurs machinations sanglantes. Sa seule lumière dans l’existence reste Zaknafein, son père qui l’entraine au maniement des épées. Une relation qui ne suffit pas à retenir Drizzt qui s’enfuit de ce monde si étranger à ses yeux. Hélas, sa famille drow et surtout sa mère ne comptent pas le laisser s’échapper d’Outreterre. La traque commence…

 

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(image @ IDW)

 

Une transposition réussie

Évidemment, pour le scénariste Andrew Dabb, adapter en comics un roman à succès n’a rien de simple. Il lui a donc fallu faire des coupes dans l’intrigue. Et dans cet exercice, Andrew Dabb s’en tire bien, respectant l’esprit du romancier R.A. Salvatore. Dans l’introduction du comics La Légende de Drizzt, l’écrivain avoue n’avoir pas été très emballé à l’idée de voir son héros adapté en bande dessinée. Mais comme il le dit lui-même, le travail a été bien fait et respecte le personnage. Andrew Dabb a conservé les questionnements du guerrier elfe Noir, ses doutes sur sa condition et le sens de sa quête. Ses éléments psychologiques font tout le sel de cette histoire assez classique, par ailleurs, si on met de côté le contexte atypique et séduisant d’Outreterre.

 

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(image @ IDW)

 

Des dessins efficaces mais qui manquent de caractère

S’il y a bémol à chercher dans La Légende de Drizzt, il faut lorgner du côté des dessins. Non pas que la prestation de Tim Seeley soit déplorable, loin de là. Hélas pour lui, son style est quelque peu passe-partout. Le point positif, c’est que Tim Seeley semble aussi à l’aise sur les scènes de combat (nombreuses) que les scènes plus introspectives. Mais je trouve que cela pêche par manque de style, de personnalité. Depuis des dizaines d’années, les jeux de rôle et leurs suppléments profitent généralement de très belles couvertures et illustrations d’artistes de renom comme Larry Elmore, Brom ou Steve Prescott. Des illustrations fabuleuses, qui installaient un univers en un dessin, travail resté dans la mémoire de tout roliste. Et donc, à comparer, le travail de Tim Seeley paraitra bien fade. Dommage : un peu plus de caractère aurait tiré encore plus haut cet ouvrage par ailleurs totalement accessible au public profane des Royaumes Oubliés. Nul doute que certains lecteurs se tourneront bientôt vers les romans de R.A. Salvatore. Et ils auront bien raison ! ■

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(image @ IDW, Hi Comics)




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.